Mon soldat [Terminée]

Épilogue

Le soleil est haut dans le ciel lorsqu'elle passe le seuil de la porte d'entrée, les bras chargés de guirlandes colorés. Cramponnée à sa jupe en soie, une petite fille la suit de près. Cette dernière balaye le jardin de ses grands yeux noirs, s'attardant sur les branches des arbres où sont accrochés des carillons, des oiseaux en origamis, et des banderoles colorées avec écrit "bon retour à la maison !".

- Sofia, tu vas faire tomber tous tes pétales de fleurs si tu regardes pas où tu mets les pieds.

La concernée lève ses yeux en raffermissant sa prise sur l'anse de son panier en osier.

- Maman, c'est quand qu'il arrive papa ? répond la fillette de sa voix fluette.

- Très bientôt ma puce. Il est en chemin. En attendant qu'il arrive, il faut qu'on rende le jardin ma-gni-fique !

La mère soulève Sofia par les aisselles et vient la porter dans ses bras. La petite ne pèse que quinze kilos, un poids qui est normal pour un enfant de quatre ans. Lorsqu'elles sont au pied d'un arbre, la fillette redescend par terre. Dans l'ombre des feuillages, un petit garçon de six ans veille sur un bébé qui somnole dans un berceau rose.

- Julien ! s'exclame Sofia en brandissant son panier sous le nez du garçonnet qui est sagement assis sur une chaise de jardin. Regarde ! J'ai des fleurs et pas toi !

Le concerné fronce les sourcils en posant son index sur ses lèvres.

- Chut ! Tu vas réveiller Ayat.

Malheureusement, Ayat est réveillée par les cris des deux enfants, et elle se met aussitôt à pleurer bruyamment.

- Super ... soupire la femme en posant les guirlandes colorés à même la pelouse et en se dirigeant vers le nourrisson.

Elle la prend dans ses bras et vient doucement bercer sa fille, qui, au contact de sa mère, se calme rapidement.

- C'est à cause de Sofia, se défend Julien. Elle a fait trop de bruit.

- Même pas vrai ! s'énerve la petite fille en croisant les bras.

- Calmez-vous tous les deux, c'est pas un jour pour se disputer. Votre père pourrait arriver d'une minute à l'autre. Vous aimeriez qu'il vous voie en colère, après s'être absenté autant de mois ?

Face au regard dur de leur mère, les deux petits se taisent aussitôt. Mais la femme ne parvient pas à supporter leurs mines abattues plus longtemps, alors elle décide de reposer Ayat dans son berceau et d'aller ramasser les guirlandes en papier qu'elle avait laissé par terre.

- Bon ... C'est pas tout, mais on a du pain sur la planche. Qui veut m'aider à accrocher les guirlandes sur les branches ?

- Moi ! s'exclament en chœur les deux enfants.

Elle lâche un gloussement malgré elle. Vingt minutes plus tard, le jardin est entièrement décoré.

- Splendide ! Vous avez fait du bon boulot les enfants. Papa sera très content de voir le travail qu'on a fait.

- Il arrive quand papa ? demande derechef la petite fille de quatre ans.

Elle est tellement impatiente qu'elle a du mal à rester en place. Sa mère lui ébouriffe ses cheveux ondulés et lui dit :

- Je te l'ai déjà dit, bientôt. Il faut que tu attendes encore un peu Sofia.

- Mais je veux qu'il vienne maintenant ... répond-elle, attristée.