Mon soldat [Terminée]

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Il a la main posée sur un nouveau caillou lorsqu'une voix familière s'élève derrière lui.

- Je pensais que je ne te verrais plus jamais ici.

Il n'a pas besoin de se retourner pour savoir qu'il s'agit de Layla. Que fait-elle ici ? Était-il tellement perdu dans ses pensées qu'il n'a pas remarqué qu'elle était en train de le suivre ? Il entend le crissement des roues d'un vélo, ainsi que le bruit de feuilles mortes qu'on écrase sous la semelle.

Il est en colère. Tout ce qu'il espérait en venant ici, c'était de se retrouver seul avec la nature. Et voilà qu'on le dérange à nouveau ...

- Et moi, je ne pensais pas que tu m'aurais suivi, dit-il en lançant le caillou qu'il tenait dans sa main.

Layla le rejoint silencieusement, et viens s'agenouiller à ses côtés. Elle le regarde lancer encore et encore les cailloux, avant de dire :

- Désolée. Je voulais juste m'assurer que tu allais bien.

Il grince les dents.

- Je vais bien !

- Qu'est-ce que tu comptes faire ? lui demande-t-elle.

- De quoi tu parles ?

- D'Alicia. Tu comptes repartir à Avinnet demain ?

Le jeune homme tourne la tête en écarquillant les yeux.

- Attends ... Tu as entendu ma conversation avec Tiffany et Natacha ?

- Tout le quartier l'a entendue, répond-elle en étirant ses lèvres. Vous parliez si fort ...

- Je ne trouve pas ça très drôle. D'ailleurs, tu ferais mieux de t'en aller. Je n'ai pas besoin de toi pour être réconforté.

Le sourire de Layla s'évanouit. Noham réalise qu'il est allé un peu fort dans ses propos, et s'en veut immédiatement.

- Excuse-moi, je ... Je ne sais pas ce qui me prend aujourd'hui. Je suis exécrable avec tout le monde.

Elle hoche la tête.

- Ça ne fait rien.

Le vent ondoie la chevelure de jais de Layla, qui tourne la tête vers l'horizon. Ils regardent le soleil se coucher doucement, sans prononcer mot. Un oiseau au plumage brun strié se perche sur une branche au-dessus de leur tête, et vient piailler gaiement. Si Noham n'était pas sur les nerfs, il aurait probablement fait un effort pour être courtois. Malheureusement, il ne cesse de penser à cette fameuse jeune fille qui habite à Avinnet, et qui va fêter ses dix-huit ans demain.

Elle va devenir une adulte.

Mais à cause de son père, elle ne connaîtra jamais les joies de la liberté.

- J'ai l'impression de perdre pied, se confie Noham. Maintenant que je suis à Barault, je ne devrais plus me préoccuper d'Alicia. Mais je pense toujours à elle. Toujours.

Il s'empare d'un dernier caillou et vient le lancer hargneusement dans le lac. Celui-ci plonge dans l'eau sans ricocher. L'oiseau qui chantait sur la branche prend peur, et s'envole aussitôt en battant des ailes.

- Ça fait deux mois que je ne l'ai plus vue Layla, et elle est toujours là à me hanter jour et nuit ! dit-il avec des accents implorants. Ce n'est pas possible ... Je n'arriverai jamais à l'oublier !

- Pourquoi est-ce que tu devrais l'oublier Noham ? répond doucement Layla. Tu l'aimes, n'est-ce pas ? Je t'ai entendu dire que tu étais amoureux tout à l'heure.

Noham tourne la tête vers la jeune femme aux yeux sombres. La douceur de sa voix est telle qu'on pourrait penser qu'elle parle en chantant.

- Oui je l'aime, mais je n'ai pas le droit de l'aimer. En l'aimant, je lui brise le cœur. Il vaut mieux que je ne retourne pas à Avinnet ...

Layla hoche négativement la tête.

- Tu es trop dur avec toi-même Noham. Tu penses trop aux autres, et pas assez à toi.

Contre toute attente, la jeune femme lui prend les mains. Noham s'apprête à se libérer de son emprise lorsqu'elle se rapproche de lui. Il ne comprend pas.

- Layla ?

Son cœur bat à cent à l'heure.