96. Kenya x reader - Erased

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Demandé par moi ! Le thème est spécial, mais je pense tout ce qui est écrit ici (contrairement à d'habitude où je choisis une façon de penser pour la reader).

« Je couche mes souvenirs sur du papier, me méfiant de ma sournoise mémoire. Qui sait quelles bêtises elle pourrait inventer pour oublier les moments difficiles à se remémorer ? Je veux me souvenir de ce que j'ai vu, senti, entendu, touché, goûté. Je veux me souvenir de ce que j'ai aimé, détesté. Je veux me souvenir de ce qui m'a perturbée, choquée, déçue.

Je veux me souvenir.

Dans trente ans, quand mes cheveux blancs se perdront plus sur le parquet en bois de chêne que sur mon crâne, je veux pouvoir relire ces quelques pages et dire « ah oui c'est vrai ! Je me souviens très bien de cette fille, elle était adorable, je l'aimais vraiment beaucoup. Oh et ce petit gars là, c'était un ami lui aussi ! Il était hilarant, je m'en souviens. »

La mémoire est volatile, les souvenirs sont éphémères, du moins, c'est ce que l'on veut nous faire croire. Pourtant, derrière chaque fragment de joie, de peine, de colère, dont on se souvient, se cache une évolution de notre personne. Pourquoi vouloir en oublier l'origine ? Est-elle trop douloureuse ? Peut-être. On a tous des souvenirs qui peuvent nous briser en revenant simplement à la surface, un coeur brisé, un départ, une révélation tardive...

Mais la douleur est forgeronne de ce que l'on est, au même titre que la joie, le dégoût, la nostalgie, la mélancolie, la colère... une douleur passée fissure et le souvenir brise le tout mais le bonheur sait recoller les morceaux, pas vrai ?

Je veux graver mes joies sur ce papier. Mes douleurs aussi.

Le temps qui passe est dangereux, menaçant les images déjà peu nettes de notre esprit de disparaître. Rien ne résiste au temps, pas même la vie. Pas même l'univers. Pas même un nom gravé sur une roche. Personne n'est immortel. Pourtant, en écrivant, j'ai l'impression que l'on se souviendra de moi. C'est bien ce qui se passe lorsque l'on parle de Molière, Rimbaud, Mozart, non ? Ils sont morts scientifiquement parlant mais la vraie mort réside dans l'oubli.

La vraie mort réside dans l'oubli.

Cette phrase est si vraie. Elle semble si inoffensive et cache si bien son jeu. Derrière son air de citation niaise, elle dissimule une véritable question, un véritable débat, une véritable morale.

Qu'est-ce que la mort ?

Personnellement, je veux faire de grands travaux et qu'on m'acclame pour mes découvertes. Peut-être aurai-je ainsi toujours une personne pour se souvenir de moi ? Un simple nom de rue, ou d'école, une encyclopédie sur mon travail, quelques lignes d'une biographie sur ma vie. Je veux vivre et je veux qu'on se souvienne de moi.

J'ai peur de l'oubli. Peur d'oublier, peur que l'on m'oublie.

C'est l'anthazagoraphobie.

Anthazagoraphobe : adj., personne qui se met martel en tête pour une simple question de souvenirs. »

Sous les acclamations assourdissantes du public, la scientifique sourit, saluant d'un bref mouvement de main ceux qui l'avaient écouté parler pendant des heures sur les travaux qui l'avaient amenée à révolutionner une partie de la science.

Elle jeta un rapide coup d'œil vers les coulisses où son sac à main était tapi dans l'ombre, sous une machine technique. À l'intérieur était rangé le carnet mémoire de la jeune femme, celui-là même qu'elle allait compléter quelques minutes plus tard.

En effet, depuis son année de CM2, [T/P] notait les secondes, les minutes, les heures, les jours dont elle se souvenait, noircissant sans scrupule des dizaines et des dizaines de cahiers.

Doucement, les lumières de la scène et du projecteur s'éteignirent simultanément, laissant la scientifique rejoindre les coulisses engorgées de techniciens. Rapidement, elle attrapa son sac à main d'un geste puis se dirigea vers les loges où le calme l'attendait.

Dans les couloirs, la jeune femme sortit son carnet puis, grâce au petit marque-page, trouva la page sur laquelle elle allait pouvoir décrire sa journée. Elle relut doucement la dernière page tout en avançant jusqu'à sa loge personnelle puis, arrivée devant sa porte, l'ouvrit. À l'intérieur de la salle se trouvait le partenaire de [T/P], Kenya. Il l'accueillit à bras ouverts, fier de sa femme et de son parcours incroyablement impressionnant.

Après de longues minutes de discussion et de flatteries, Kenya dut sortir de la loge personnelle de sa femme, la laissant seule avec sa plume et son carnet. Le regard perdu dans le marron sombre du plafond, la scientifique cherchait comment raconter sa journée.

« Je pense avoir réussi. Mais ce n'est pas pour autant que tout est fini. Je me fais penser à Satoru en disant tout ça mais il faut toujours se battre jusqu'au bout, il a raison.

D'ailleurs, grâce à mes carnets, je me souviens de mon année de CM2. Cela remonte à quelques années tout de même, et pourtant... les images de mes souvenirs sont parfois un peu floues mais le fond et les sentiments sont toujours là dès que je relis mes quelques lignes maladroites de cette époque.

J'aimais déjà Kenya à ce moment-là. Il était si intelligent, si altruiste. Je me souviens parfaitement de ces jours où il m'amenait au musée, là où on restait pendant des heures, assis devant les vitrines, à discuter de ce qu'on ferait plus tard. Je lui avais déjà parlé de mes grandes ambitions pour ne pas être oubliée.

Si seulement le temps n'était pas l'ennemi de l'homme. Il nous fait oublier. Et oublier, c'est laisser mourir lentement, à petit feu.

Heureusement, j'ai lutté contre le temps, contre l'oubli, contre mon oubli. Mon nom est gravé dans les mémoires, et mes travaux sont recensés.

Quand je pense que je me suis donné tout ce mal à cause d'une simple phobie, une simple peur. L'esprit humain est parfois un peu trop complexe et réfléchi pour peu de choses.

Mais tout ce que je retiens, c'est qu'à partir d'aujourd'hui, je vais pouvoir vivre, vivre parce que je ne mourrai jamais dans l'esprit des autres. Vivre parce que maintenant, ma vie est figée à tout jamais. L'immortalité m'attend.

Anthazagoraphobe : adj., personne aux grandes ambitions mais qui se donne les moyens de réussir pour ne pas souffrir de sa phobie. »

~Fin~

1 018 mots. Je suis clairement fan !

J'espère qu'il vous a plu !

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Kiss kiss les gens !

❀ RECUEIL D'OS X READEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant