Chapitre 78 "Spaghetti"

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☆☆

- Je t'ai vu à la télé, est-ce que ça va ? Tu as été impressionnante tu n'as même pas perdu ton sang-froid !

- Je vais bien, maman, promis.

- Ça va mieux ta tête ? Ton ventre ? Tes pieds ? Tu as pris tes traitements correctement ?

- Oui maman, je suis guérie.

- Ça me rassure, j'ai vu des photos avec ta sœur, elle semblait pas très aimable.

- Comme à son habitude.

- Ça me fait plaisir que tu me laisses voir chez toi.

Wyatt entre dans l'appartement, il ne montre pas sa surprise de voir ma mère et la salue poliment.

- Mesdames.

- Oh, bonjour !

Elle se lève pour lui faire la bise.

- Je me souviens de toi, on s'était croisé à l'hôpital, c'est donc toi qui est jaloux que Joanna se fasse masser ?

- En personne.

Elle rigole gentiment, elle se rassoit en face de moi et touille son café qui a déjà refroidi à force de me parler.

- J'y pense, je sais pas si ça va te plaire mais j'ai un petit cadeau pour toi, j'ai jamais eu l'occasion de te le donner, je le gardais au chaud pour tes 18 ans.

Elle sort un cahier de son sac à main et me le tend, je l'attrape, mon cœur rate un battement en voyant le titre écrit de manière gracieuse en dorée sur un fond marron.

"Joanna et Spaghetti"

Les larmes me montent comme un ascenseur, Wyatt s'appuie sur le dossier de ma chaise, j'ouvre la cahier et regarde les photos une par une, laissant des larmes silencieuses couler sur mes joues.

Je touche les photos de mes doigts, voulant les traverser pour revivre tous ces moments, les photos retracent toute mon enfance, ma réaction la première fois que je l'ai vu, des photos de lui tout bébé qui dormait dans mes bras.

Au fur et à mesure des photos on nous voit grandir ensemble, ma préférée reste celle où j'ai le bras autour de lui, sa gueule pleine de sauce tomate, la langue pendante à côté de moi qui le regarde mi-dégoûté, mi-amusé.

On me voit adolescente en train de lui mettre mon casque sur les oreilles à écouter différentes musiques et à danser dessus, je le forçais à se dandiner de gauche à droite alors qu'il voulait juste rester allonger à côté de moi.

On me voit lui apprendre à faire le mort, moi désespéré, lui trop vivant pour faire le mort, une photo où on regarde tous les deux l'objectif de la caméra, lui sur mon dos à aboyer.

- C'était celle-là ton fond d'écran.

Je me retourne pour le regarder, essuyant mes larmes.

- Comment tu sais ?

- J'ai l'œil.

- Ça te plaît ? J'avais peur que tu trouves ça nulle avec le temps.

- J'adore, je savais pas qu'on était autant pris en photo.

Maman me sourit tristement, elle m'attrape la main pour la caresser.

- Il me manque beaucoup à moi aussi.

Je referme le cahier pour ne pas plus martyriser mon cœur.

- Tu ne vas pas jusqu'à la fin ?

Je fronce les sourcils et m'y rends, il n'y a que des pages blanches.

L.A.POù les histoires vivent. Découvrez maintenant