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.Azura.

J'arrêtai de fixer l'arbre et me rendis à l'intérieur. J'allai directement frapper la porte de Ricardo resté entrouverte. Il était allongé sur son lit, l'avant-bras posé sur son front.

- Coucou ! Lançai-je pour attirer son attention..

Il se retourna silencieusement et remit sa tête dans sa position initiale. Je m'assis près de lui et tentai de lui parler de l'arbre..

- Cet arbre que tu arroses, c'est ton passe temps? Tu le fais souvent..

-.....

Bien sûre qu'il n'allait pas me répondre, m'avouai-je intérieurement. J'essayai une autre tactique, peut-être au fur et à mesure, je pourrai lui cracher quelques mots, et satisfaire ma curiosité...

- Comme ça tu t'appelles vraiment Ludovic ?

- .......

- C'est un très joli prénom..

Il me fixa, puis replongea son regard hypnotisant au plafond, alors que le poid de ses cogitations aplatissaient son oreiller. Je poursuis.

- Et tu en fais quoi du prénom de Ricardo ?

-........

- Les Ricardo sont connus pour être très bon communiquant !

-........

- Bon si tu n'as pas envie de faire la conversation, ne le fais pas! Je crois que à force d'empiler mes frustrations, je deviens insupportable..je suis désolé..

Il me regarda un instant, mais ne sortit aucun mot. J'avais la gorge nouée, et involontairement je relâchai quelques mots qui m'allourdissait la poitrine...

- Rien ne va bien! Et à m'efforcer, j'ai l'impression de me voiler la face. Rien n'est jamais suffisant pour les Rossan. Mes cheveux, ma tenue, mes paroles , je ne suis pas assez bien pour Mikaël. Et lui il ne fait aucun effort pour que ça s'arrête, il préfère se pavaner au bras de Charlotte pour me montrer voici comment j'aurais dû être, voici ce que je manque ... Tout à tellement changé ..j'ai tellement peur que ça affecte ce qu'on est..ou peut-être c'est parceque ça l'a déjà affecté et que j'ai peur de l'admettre...

Mes yeux s'embuèrent de larmes, je reniflai légèrement. Le plus dure c'était de n'avoir aucune épaule sur qui on pourrait se poser, ma grand-mère ne comprendrait pas et m'ordonnerait rapidement de rentrer. Je soupirai, séchai mes larmes. Je me disposai à partir mais le contact d'une main, se posa en un léger signe de réconfort sur la mienne.. Il n'avait paq osé me regarder, il pressa ses doigts contre les miennes. Sa main était froide. Pourtant, ce contact était comme une baume sur mes plaies bénignes. je ressentis de l'apaisement, je lui regardai et lui souris faiblement..

- C'est gentil! Lui dis-je

Il ne réagit pas, et continua sa lourde réflexion. Instinctivement, je m'allongea près de lui, et posai ma tête sur son torse dénudé. Son corps était glacial, avait-il de la fièvre ? Pourtant, il m'avait l'air bien. J'abandonnai la résolution d'énumérer un diagnostic sur son état de santé, puis fermai les yeux. Il ne réagit pas,mais avait pour autant gardé nos mains entrelacées . Ce contact avec lui, fit mon cœur battre la chamade, me fit oublier le reste, ce qui me tracassait..je m'y plaisais..Nous y restâmes ainsi durant plus d'une heure, je finis par m'assoupir légèrement.

Deux heures plus tard, le son de la mort de plusieurs moteurs vibra l'atmosphère. J'ouvris les yeux et je me rendis près de sa fenêtre. C'était la venue de Mikaël et famille. Je retournai près de lui, et lui posai un bisou sur la joue.

- Merçi Ricardo..

- Ludovic murmura-t-il

Je lui touchai les mains qui avaient l'air de sortir d'une chambre froide, et répondis d'un ton complice ...

-Entendue. À plus tard Ludovic...

Il eut un renouvellement d'espoir dans ses yeux. À croire que cela faisait un bon nombre de temps, qu'il attendait qu'on le désigne par ce prénom. Je pris moi-même plaisir à aimer voir ce brin de soulagement dans ses iris. Sa compagnie me plaisait, et me distrayait en même temps ! Tout paraissait lointain à ses côtés, et certainement c'était bien ce qui me fallait pour ne pas déclencher une éruption volcanique !

Je me retirai et rapidement allai me rincer le visage afin que mes larmes restent inaperçues.

Il fit tourner le poignet de la porte, puis pénétra avec un large sourire d'extase. Il me prit dans ses bras en m'embrassant le cou

- Tu m'as horriblement manqué !

- À moi aussi...avouai-je légèrement sans intérêt

- Tu as l'air pâle, tu as pleuré ? Qu'est ce que tu as? Interrogea-t-il

- Non je ...je suis juste fatigué ! Tu as eu un bon week-end ?

- Azura on parle de toi là, et toi tu me parles de mon week-end! J'aimerai bien quand je suis à tes côtés que l'on arrête de parler boulot, ça m'extenue..

- Je suis désolée dans ce cas.. murmurai-je

- Ne le prends mal! J'aime profiter de mon temps avec toi !Je n'ai cesser de penser à toi tout le week-end si tu veux savoir..

- C'est bizarre..Tu n'en avais pas l'air!

Il eut un froncement de sourcil

- Qu'est-ce que tu veux dire par là?

Devrais-je me taire comme hier et avant-hier, où exprimer ce que je ressens. J'expirai lentement, sur le point d'abandonner puis changeai d'avis!

- Ce que je veux dire Mikaël, c'est que tout simplement, depuis que l'on est venue ici, je suis à l'ouest de ta vie! Comment veux tu que je réagisse, si sur ton status Whatsapp, tes photos explique le contraire de ce qui sort de tes lèvres ! Répliquai-je

- Azura..dit-il

- Tu as passé le week-end à m'engueuler, comme si j'étais juste une petite fille que tu avais puni, et que tu appelles pour prendre des nouvelles ! M'exclamai-je .

- Tu as raison..

- Je suis exténuée! Sincèrement je te le dis..

Il saisit mes lèvres en me poussant à me taire...

- Tu as raison, j'ai mal réagi envers toi..j'ai été un parfait enculé

- Tu dis cela simplement pour que je me taise Mikaël..

- Non mon cœur! Tu as raison sur toute la ligne. Je te promets que plus jamais tu auras à te plaindre ...Tu m'as tellement manqué...

- À moi aussi ! Répondis-je d'un ton peu enthousiaste

- Je veux t'inviter à dîner demain soir! Rien que toi et moi. Portes ce que tu veux, juste dîner avec la plus belle des Cayennes.

Étais-je trop contrariée? Ses mots ne me faisait aucun effet, j'étais irritée même par sa présence. Cette routine à laquelle il m'entraînait, où après chaque dispute, sans vraiment être en accord, il l'interrompais par une offre susceptible de sensibiliser la gente féminine, me dépitait.

- Allez acceptes fit-il. Et regarde ce que je t'ai rapporté.

Il brandit sous mon nez une petite boîte de bracelets coquillages..

- Tu adores ?

Je le saisis et finis par abandonner cette dispute dont j'étais la seule à envenimer, la seule à en être dérangée, la seule à en réclamer. Il les sortit de leur cocon confort et me les rattacha au bras, puis m'embrassa.

- Je vais prendre une douche! Après on se matte un film, t'en dis quoi? Proposa-t-il

- Comme tu voudras..

Il se dirigea vers la salle de bain, je m'exhalai bruyamment et sortis sur la terrasse relâchai cette bouffée suffocante qui alourdissait ma poitrine. Il n'avait même pas remarqué que j'étais presque à cran! Il fallait bien que je l'accepte, quelque chose était en train de se casser entre nous, il fallait que je redresse la barque avant, que j'envoie un mayday, sinon notre bateau fera naufrage... Mais en même temps, comment le redresser, si parfois l'envie de le laisser couler trottait dangereusement dans ma tête...



Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant