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Deux ans plus tard

.Maggy.

L'état et les usuriers de la banque, du jours au lendemain m'avait confisqué la propriété de façon inique ! Je n'avais plus rien, ne possédait plus rien, sinon mon diplôme en secrétariat et assistance administrative que j'avais obtenu depuis plus de trente ans ! L'utilité des études, étaient toujours à ne pas négliger. Ma mère me le rappelait souvent... J'avais donc misé sur sa valeur, et me suis faite embauchée en tant que superviseure d'échanges du dollar américain au Carribean super market ! Au moins, ici j'assurais mon poste tout en haut, accompagnée d'autres femmes de mon milieu et de mon apparence, occupant le même emploi que moi. Ensuite, je garantissais également la place de directrice administrative dans un grand spa qui avait à peine ouvert ses portes. Heureusement, que l'ancienne maison où je vivais avec Paul, lors de nos premières années de mariage était encore disponible. Elle était restée intact, exactement comme on l'avait laissé ! J'avais pris mon courage à deux mains afin d'astiquer toute la poussière et les toiles d'araignée amoncelés. Les meubles avaient vieilli, le petit jardin était revêche ; mais au moins mieux vaut cet évêché acrimonieux, que la rue !
Une chance qu'on ne l'eût pas fait vendre, et vu qu'il l'avait hérité de ses parents, le paiement de loyer m'était épargné. Car ces embauches minables, m'assuraient une modique somme de soixante milles gourdes mensuellement ! À peine suffisant pour combler toutes mes nécessités de femme. Je ne pouvais plus me payer une manu-pédicure tous les week-ends, un lavage au salon de coiffure, manger dans un restaurant de ma catégorie parce qu'il fallait que je me résigne à peine de bouffer des fast-food de l'épi-d'or.Mais je faisais toujours, en sorte de soigner  mon image en ayant l'air beaucoup plus d'une patrone, qu'une vulgaire employée, j'avais maigrie et vieillie, mais je restais toujours belle, les petites caissières me toisait même du regard, si seulement elle savait. Un calvers ma vie...

L'année dernière, ne pouvant plus supporter j'avais pu retracer l'appartement de Mikaëla ! Ma fille, elle, elle vivait dans un bel immeuble que Henry avait mit en son nom, il y avait plus de trois ans. Je l'avais guetté qui y sortait accompagnée d'un type plutôt costaud, et lorsque je l'avais abordé, elle avait préférer feindre ne pas me reconnaître, puis avait déclarer d'un ton déjanté :

- Écoutes arrêtes de m'harceler, tu me fous la honte ! Laisses moi tranquille maman. Je n'ai pas d'argent, je ne peux rien te donner ! Tu veux du fric ? Demande à ta milliardaire de pote qui se faisait papa..

Et ce fut la dernière fois que j'eus des nouvelles de ma fille! Surprise de sa réaction ? Étonnée qu'elle était au courant de la liaison de son père ? Non, pas le moindre du monde. C'était ma fille, mon sang, telle mère, telle fille! Heureuse encore, qu'elle m'ait reconnue comme sa mère. Je fis basculer cette mon mésaise dans un coin reculé de mon cortex, soupirai et ajustai ma blouse blanche dont le logo du spa était imprimé en lettres celestre. Je terminai de confirmer six rendez-vous pour la semaine prochaine et raccrochai. Tête baissée, je classai les reçus des factures acquittées par ordre de paiement, en m'empressant de rayer et de checker les produits livrés tôt ce matin, déjà qu'aujourd'hui j'étais arrivée exagérément en retard, vers onze heures! Si ma patronne l'apprenait, ça vaudrait une réduction sur mon mois de paiement, un luxe que je ne pouvais pas me permettre ! Mon stylo s'échappa de mes doigts, je me baissai d'un geste prompt pour le ramasser ; lorsque je me relevai, mon cœur se crispa ! Il était là, beau, impeccable et pointillé et offrait un dernier sourire à celle qu'il avait sans doute fourni un service à la hauteur de ses espérances ! Paul n'avait jamais aimé les spas, c'était un luxe qu'il ne s'accordait pratiquement pas. Alors qu'il marquait un autre pas, nos regards se croisèrent, et je crus revenir une trentaine d'années en arrière. Il m'aurait fait la cour, on aurait ri...J'aurais été timide ; pour ensuite me trahir ! je me ressaisis, afin de rester les pieds fermes dans l'instant présent ! Du coup, nous étions là à nous fixer comme deux étrangers. Je gardai un air glacial. Il s'approcha de mon bureau de réception...

- Maggy...Comment tu...

Sa phrase resta suspendue dans l'air, car les pas de Bianca arrivèrent, elle me remarqua et fit des simulacres en arrangeant le col de la chemise de Paul ! Ils avaient donc emménagé ensemble !

- Mon chéri, on y va...Fit-elle en me fixant

Il acquiesça, mais se retourna tout de même, une dernière fois....

- Prends soin de toi Maggy ....

Je demeurai silencieuse en continuant mon travail. Dans l'après-midi, bredouille, j'étais retournée dans mon taudis, car je n'avais nullement l'envie de me rendre à mon poste du Carribean. Je me préparai un café et du pain de mie. Paul me manquait, je sais qu'il aurait été là, on aurait fait face à cet orage ensemble...Ce silence aurait été remplacé par sa voix rauque, il m'aurait touché la main et...J'éclatai en sanglot, ma vie de luxe me manquait, mais lui, il me manquait beaucoup plus...Si je voudrais qu'il revienne ? Non, pas le moindre du monde...

Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant