Zombie en Fièvre...

93

Trois jours plus tard

.Charlotte.

Je n'avais ni sommeil, ni la force de socialiser, pourtant il le fallait ! J'avais besoin de sommeil pour mener à bien ma grossesse, d'avoir un état d'esprit reposé, bien que dans ma tête, c'était le foutoir. Je défilais ma situation sordide, en restant enfermé sur moi-même, j'étais beaucoup trop accablée par la honte et la colère; et c'était un courroux surtout contre moi-même, que contre lui . Petite, j'étais bonne en art dramatique, pourtant je n'avais pas envie de me servir de mes dons de comédienne, en portant un masque où j'aurais à feindre que tout allait bien; parceque rien allait.

Néanmoins, je ne souhaitais pas devenir la pire version de moi-même, j'avais peur de devenir une femme amère, acide et frustrée. Sous l'effet de l'aveuglement de mes sentiments, je me suis laissée emporter par les manipulations de Mikaël et voilà ou j'en étais. Mes journées, je les passais dans une autre chambre que j'avais apprivoisé en tant que mienne. Nous ne nous croisons presque jamais, si ce n'est au bureau. L'éviter du mieux que je pouvais, était pour l'instant ma seule arme. J'aurais voulu divorcer, j'avais essayé deux fois de suite de le lui demander, mais il m'avait signé un non catégorique de ses lèvres sèches...

- Tout ce que tu souhaites , c'est vouloir te venger de moi et à la fois du bébé ! Tu veux une revanche en punissant ma fille et en l'empêchant de me connaître, moi son père et d'avoir une vraie famille. M'avait-il accusé

- Je n'ai jamais croisé une femme aussi égoïste et cruelle que toi Charlotte ! Tu m'as tout l'air d'une maratre; ma fille ne grandira pas loin de moi ! Avait-il rajouté en me dévalorisant

En effet, j'attendais une petite fille de lui; et vue mon attachement à mon propre père, je ne me voyais pas lui donner raison, déjà que je m'étais éprie d'amour et de tendresse pour ce petit être innocent qui naissait en moi! D'ailleurs, elle était l'une des plus grandes raisons à laquelle, j'arrivais à m'y accrocher! Sinon mon dépérissement ne serait pas un échec.
Une énième exaltation s'échappa entre mes lèvres, arrosées d'un maquillage léger. Impatiente, je klaxonnai rigoureusement une jeep de style militaire, dont le conducteur tardait à avancer. Comme toute réponse, il me fit un doigt d'honneur, avant de démarrer en trombe.

- Pauvre type ! Marmonnai-je

Je revenais d'un séminaire, dont j'étais la coordinatrice principale. Une fondation en association avec la compagnie de mon père,  m'avait chaudement élue pour être en tête de ce symposium, qui avait duré deux jours au Royal Decameroun Resort. Rouler, pour revoir et redécouvrir une réserve naturelle de cinquante cinq hectares, avec deux kilomètres de plages de sable blanc, colorées d'une mer et d'un ski bleu indigo mêlé de grands palmiers, m'avaient permis de dégonfler la pression que subissait mes nerfs et mes hormones décapités ! Respirer un air plus frais moins alourdit de regrets, m'éloigner de la présence de Mikaël entre ses murs, dont j'étais prisonnière était bénéfique aussi bien pour ma grossesse que pour ma santé mentale !

C'était en effet vers six heures du matin, que j'avais abandonné les routes du club indigo, pour rentrer à la maison. Il était dix heures du matin, lorsque finalement, j'avais pu atterrir à Pétion-Ville. Je soupirai bruyamment et avant de rentrer directement à la maison, je garai ma voiture vers la pharmacie du Caribean, afin de me procurer un box grossesse, vue que j'avais épuisé ce qui me restait de stock! Je pris le soin de parcourir les rayons, et finalement jetai mon dévolu sur le kit allaitement, soin du corps et du visage. Après tout, bien ou mal j'étais enceinte, et me rendre coquette n'étais pas un luxe pour une jeune maman comme moi...

Mes emplettes terminées, je me dirigeai vers la caisse, et fit passer mes courses en tendant ma carte de crédit. Je rangeai gentiment une mèche de cheveux en explorant mon cortex sur d'autres articles, que j'aurais besoin. Cependant, la voix de la caissière interrompit mon exploration....