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.Ludovic.

L'état de choc défigura ses traits. Il devint tout blême. Il fit des efforts surhumains afin de tempérer l'angoisse qui montait, de mitiger ses émotions répulsives. C'était tout Sebastian ça! Toujours courageux ;même face à ses pires démons. Il me fixa pendant des secondes. Ses iris reflétaient de la confusion, ils m'observa comme si j'étais un mirage.
Puis, son regard se riva sur le corps de Moana allongé près de lui, qui revenait à elle. Elle rouvrit les yeux, il l'aida à se redresser; elle se mit à pleurer doucement sur son épaule. Il arrima sa crinière de lionne encore plus étroitement à lui, et consola ses larmes chaudes en les laissant glisser sur sa chemise bleu roi. Il lui posa un baisé sur le front, en prenant le soin de ranger ses mèches frisés, au coin de l'oreille. Ce n'est qu'à cet instant, que je remarquai leur alliance. Ils étaient mariés. Je déglutis la grosse boule qui se forma dans ma gorge et m'éloignai de quelques pas de distance...

Malgré l'électricité qui chargeait l'air, il avait réussi à garder son calme, et ne semblait même pas ébranlé. Il leva des yeux remplis de questions vers moi. J'eus la terrible sensation d'être un étranger, aux yeux de celui, qui sept ans en arrière, avait été pour moi, un frère.

- Co....comment ? Bégaya-t-il

Sa femme lui tira par le bras, pour qu'il ne s'approche.

- Sebas...Allons-nous en! C'est sûrement encore Haïs et ses démons! Suggéra Moana paniquée

Il voulut obéir à sa femme, il recula d'un pas; mais hésita. Ses liens qu'il avait tissé avec elle, je ne les connaissais pas. La chaîne de confiance qui émanait entre eux deux, se décryptait à la seconde ; comme si l'un était la force de l'autre! J'arquai les sourcils, notre complicité était donc mort à ce point, Sebas?

Je restai silencieux, j'avais mal. Nos vies étaient à des kilomètres de ce que l'on avait été. Il me regarda d'un air de méfiance, il tergiversait. Restait calme, mais atermoyait, en restant sur ses gardes! Comme si risquer de m'approcher, était une cascade dangereuse. Face à mon silence, il reformula sa phrase...

- C'est bien toi Ludovic ?

Je serrai des dents et répondis en surmontant mes émotions galvanisées. Notre amitié n'avait pas survécu, le temps nous avait jeté aux oubliettes! Crazy to think that a man cant cry! En effet, c'était fou de le penser. Parce que moi, j'en avais envie de pleurer et de faire le deuil de notre fraternité. On dit que l'Homme est rempli d'orgeuil. Alors, comme tout homme, je rassemblai ce que j'avais entre les côtes et pris ma fierté comme bouclier en refoulant les larmes. Je lui répondis, en chassant tout trace d'incitation à la pitié dans ma voix..,

- Bonsoir frérot...j'ai vaincu la mort !

- Sebas...Je t'en prie...Lui supplia Moana

Ses sourcils fléchirent vers le haut! Écouter le son de ma voix, l'avait convaincu. Il relâcha un long soupir, se débarrassa de l'emprise insistante de Moana, s'avança vers moi ; et me prit dans ses bras à ma grande surprise! Je me sentis me remettre de douze mille chutes au moins! Un frère appuyé sur un autre frère est comme une citadelle imprenable.Je l'étreignis encore plus, la tension palpable qui reignait quelques secondes plus tôt s'apaisa. Il me serra encore plus..

- Tu m'as manqué petit frère! Me dit-il.

Nous nous relâchames, nous éclâtames de rire, un rire nerveux, bête et idiot !Il se mit à me toucher de partout, pour confirmer que j'étais réel ! Il rit nerveusement, m'ébourifa les cheveux, me palpa les joues en me retenant par les épaules !

- C'est incroyable non de Dieu ! S'exclama-t-il

- Moi aussi tu m'as manqué Sebas ! Finis-je par articuler

Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant