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.Ludovic.

Je suivais à la lettre les multiples conseils d'Azura; qui étaient de prétendre d'être ce que je n'étais plus, arroser journalièrement leur arbre avec l'eau bénite qu'elle m'avait procuré depuis la paroisse catholique de St-Pierre, manger les pseudos plats de zombi que l'on mettait à ma disposition et toujours garder mon attitude d'ectoplasme.J'essayais de tenir bon, de ne pas crier au mayday grâce à sa présence, à son regard, à elle tout en entier ! C'est ce qui me permettait d'y arriver. Lorsque Maggy et Mikaël avaient prononcé le nom de famille des Rodriguez, mon moi intérieur avait été ébranlé, et j'avais dû employer un effort surhumain pour ne pas réagir en accentuant mon intérêt sur les grains de riz blanc, que je m'encourageais d'avaler. Les Rodriguez...il n'y avait pas deux...

Depuis le jardin, où j'errais au rytme des battants de mes semelles comme d'habitude, la voix des Rossans et compagnie m'avaient rapporté leur conversation. J'avais tout entendu, tout enregistré; et à vrai dire venant de Mikaël, cela ne m'étonnait pas. Miser le tout pour le tout. Ce qui était pour eux tous un raisonnement simple et réfléchi. Sans remords, peu importe les failles! Ce soir le ciel était sans lune, la brise était glaciale. Je rentrai et croisai Mikaël. Assis dans les marches, la mine renfrognée, il buvait du whisky au goulot. Nos regards se croisèrent, il ne s'y attarda même pas pendant une seconde! Avec son éternel égocentrisme, ou il était le protagoniste des faits, son existence à toujours valu que dalle à mes yeux; mais dès que je le voyais trop près d'elle, avec son venin prêt à la manipuler abusivement, mes molaires s'entrechoquaient et créaient des étincelles ! J'étais cassé et j'avais peut-être l'âme abîmé. Ma vie était encore dans le mauvais ordre, je me ressentais toujours dans un étau, normal, je trainais encore sur les lieux de mes hantises. Je pense à déguerpir, mais elle me retint. Parce-que, moi aussi, je surveillais tes arrières Azura, même si tout cela je ne te le dis pas...

.Azura.

Je fus étonnée de me réveiller et de trouver Mikaël encore présent dans la chambre. Assis sur une chaise, il avait les yeux cloîtrés sur moi. À croire, qu'il avait passé tout le debut de la matinée, dans cette position à m'observer. Un tant soit peu embarrassée, je me redressai modérément, en recouvrant mon corps des couvertures qui m'avaient malencontreusement abandonnées au cours de la nuit. Mon petit short pyjama en satin laissait découvrir, ce qui n'était pas de son boulot de cacher. C'était dingue! Je n'avais même plus envie qu'il me voit en petite tenue. Il était devenu pour moi un inconnu; je ne supportais aucune contiguïté avec lui. Nos eyes se croisèrent, il ne broncha pas, alors que je rompis rapidement le contact.
Je m'étirai légèrement, en me frontant machinalement les paupières. Je baillai un peu, et finalement ouvrit largement mes iris.

- Bonjour! Fit-il

- Bonjour. Répondis-je en portant quelque peu mes doigts sur mes lèvres.

- Bien dormi?

J'hochai positivement de la tête, sans aucune réciprocité. Je posai mes pieds délicatement sur la moquette, et pris directement le sens de la salle de bain. Je débutai ma routine buco-dentaire, me rinçai le visage et y sortis. Je n'avais pas envie de me doucher pendant qu'il y était. Je m'assis sur le lit en repliant une jambe et en laissant l'autre se poser sur la moquette. Je lui fis face.

- Alors, tu ne vas pas travailler?

Il se leva, se rapprocha de moi. Je reculai mollement..

- Non. Répondit-il

Il se pencha au-dessus de mon corps, prêt à poser ses lèvres sur mon cou. Je fis semblant d'éternuer modérément.

- À tes souhaits ! fit-il

- Merci ..excuse-moi, je ..j'ai comme une mauvaise grippe ...

- Ce n'est pas grave petit cœur...

Je me mis à faire timidement des mouvements de recul, qui finissent par me rendre jusqu'au pied du mur, vue que mon dos, avait atteint la dernière limite de la tête de lit. Il se rapprocha encore plus, mes iris le fuyaient. Il posa sa main autour de ma taille, en faisant glisser doucement le décolleté de mon petit haut. Je m'éclaircis la gorge..

- Mikaël, je ...je ne me sens pas bien...j'ai quelques douleurs articulaires...prétextai-je

Il s'arrêta et me souleva le menton

- Tu veux que je t'appelle un médecin?

- Non..je dois simplement me reposer !

- Très bien! Mais tu m'en dois une ma belle! J'ai plus d'une éternité sans te toucher. Depuis la veille du barbecue de Yohann, on devrait se mettre à travailler sur ma relève ! T'en dis quoi?

Je lui souris calmement, sans répondre. Il me tira par les jambes, de sorte qu'il s'y retrouve entre mes cuisses. J'expirai excédée..

- Mikaël ! Je t'ai dit que je ne me sentais pas bien; et je ne veux pas d'enfants maintenant.

Il fit la sourde oreille et tritura la pointe de mes seins, depuis le bout du tissu en satin..

- Des petits Rossans qui pourraient courir de partout! Un bébé, je voudrais que tu m'en donnes un Azu...

- On pourrait en reparler plus tard ?

Il aventura tout de même ses lèvres à la naissance de mon cou, avec des petits baisés, puis poussa un soupira anxieux...

- J'ai quelque chose à t'annoncer!

- Dis-moi !

- Dans les jours à venir, mes parents, Mikaëla, le père de Charlotte et moi, allons devoir partir pour régler la crise délicate que traverse notre compagnie.

- Ah C'est plutôt une bonne nouvelle ! Dis-je

- Si, mais ce qu'il y a, c'est que je..je n'avais pas envie de te laisser ici seule , tu penses tenir le coup ? Tu vas t'ennuyer et...

Une joie immédiate me prit en otage. Je m'empressai de lui répondre d'un ton rassurant.

- Oh mais ne t'en fais pas pour moi! Je t'attendrai, ça m'ennuit pas. Je ferai de la peinture, je gérerai mon magasin artisanal depuis le teletravail que j'ai acheté, et ne t'inquiète pas. Je ferai comme d'habitude...

- Je m'assurerai que les employères soient présentes et...

- Non! Ne t'en fais pas. Laisse comme ta mère l'entendra, j'espère que ça ne lui dérangera pas que je reste!

- Bien sûre que non ! Et cela ne prendra pas du temps...

- Super !

Il posa un bisou sonore sur ma joue, en me caressant le visage tendrement

- Tu es tellement belle et compréhensive ....

- Et c'est pour quand ce voyage alors?

- D'ici cet après-midi je le saurai, je te le jure, si c'était un voyage de loisir, je...je t'aurais emmener avec moi!

- Tu n'as pas à te justifier Mikaël, ne t'inquiète pas ! Je comprends . Lui rassurai-je

Il s'empoigna de mes mains ,en les baisant à tour de rôle.

- Je suis chanceux, de t'avoir dans ma vie Azura! Je t'aime.

Il scella sa dernière phrase avec un baisé, que j'eu du mal à répondre. Il s'arrêta, me sourit...

- Merde! J'ai oublié si tu ne te sentais pas bien. Repose toi mon cœur. Je vais en salle de sport.

J'acquiescai de la tête, en culpabilisant du fait que je ne ressentais aucune culpabilité d'être comme avide de sentiments...

- Je t'aime Azu! Déclara-t-il en quittant la pièce

- Moi aussi ! Répondis-je d'un ton hâtif sans le penser...

Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant