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.Ludovic.

Trois jours plus tard...

Revoir ma mère après tant d'années m'avait bouleversé. Revoir son visage, son sourire, ses cheveux m'avaient projeté des années en arrière. Des années où j'étais son rayon de soleil et sa seule raison d'exister. Ça m'avait ramené à des jours, où ses étreintes me remplissaient d'allégresse, à ces jours où je jouais au badboy, pour échapper à ses baisés maternels, à ses affections étouffantes, et elle ne s'en lassait pas, au contraire elle recommençait et me courait parfois après pour en redoubler, son affection me manquait, son rire me manquait ! Tout s'était effondré, au moment où j'avais baisé avec le mal ! Ce jour-là, j'avais compris, que je ne serais plus son rayon de soleil, plus sa raison d'exister, et ce jour-là elle avait commencé à me manquer, elle me manque. Je donnerais tout pour revenir en arrière, et effacer cette douleur imminente que je lui avais causé, et tout le mal que j'avais répandu autour de moi. Aujourd'hui je n'étais plus dans sa vie, et elle continuait de vivre, de rire, elle paraissait heureuse et épanouie...

J'avais passé trois nuits, depuis que je l'avais revue, ainsi, en aplatissant mon oreiller sous le poids de mes cogitations. Mes jours étaient moins agités, grâce à Azura. Elle avait un rire rebondissant, elle avait réussi à me distraire, on ne s'était plus embrassé, depuis ce baiser à la paroisse, et nous n'en parlions pas non plus. Durant toute la semaine, elle m'avait forcé à rester figé pendant plus de quinze minutes, accroupi près de la piscine afin qu'elle réalise une caricature, je n'oserai débattre de la crampe qui m'avait paralysé à cet instant-là, si bien, qu'après ; j'ai fait semblant de perdre l'équilibre en tombant dans la piscine et en feignant de m'y noyer. Elle avait pété une crise, et sans réfléchir avait sauté à mon secours. Je m'étais bien moqué d'elle, sous ses airs mécontents ! Mais son dessin était réussi. Ensuite, elle m'avait parlé de sa famille, de sa vie aux Cayes et aussi de sa "fairytale Story" avec Mikaël. Dans sa voix, j'avais perçu un peu de nostalgie. Son ancien Mikaël avait l'air de lui manquer apparemment; où c'était peut-être moi qui devenais jaloux sans m'en rendre compte! Puis, elle avait fini par découvrir, que je lui avais dérobé son IPod...

- Moi, qui croyais que c'était Bastiann mon petit frère qui me l'avait piqué! Avait-elle dit

- Tu as un petit frère ?

- Si, une erreur de la nature, que J'adore...

J'avais ri légèrement, ma mère me traitait parfois d'erreur de la nature, quand elle me grondait pour mes bêtises.

- Tu sais quoi, Gardes le. Ça te permettra de rattraper, toutes ces années musicales perdues!

- C'était déjà décidé...

Elle avait arqué ses sourcils vers le haut, étonnée de l'aplomb dont je faisais preuve. Ça m'amusait de la regarder me reluquer à chaque fois que mon impertinence la surprenait; puis elle laissait couler. Aura-t-elle également le courage de laisser couler, lorsqu'elle saura?
Je me relevai de mon lit, en abandonnant mes pensées sur cette question, cette vérité que je redoutais. Le grand portail des Rossan bruit sous une forte pression. Cela devait être Só Roz, qui était partie, c'était ceci qui me permettait de deviner ses allers-retour. Je me levai et pris une douche en utilisant les produits de douches, les boxeurs neufs dont je m'étais généreusement servi, depuis les réserves du père et fils Rossan. J'avais ouvert et fouillé discrètement tout leur sac de voyage, dans lequel ils laissaient traîner leurs shoppings provenant sans doute de leurs multiples voyages. Jamais, je ne toucherai les articles de zombie qu'utilisait Maggy à mon égard. Rien qu'y penser, me fit frémir. Quelques minutes plus tard, j'enfilai un bermuda neuf de Mikaël et me revêtis d'un chandail noir d'Azura, fraîchement arrivé d'Italie, elle en avait acheté trois et me les avait gentiment offerts. Je descendis dans la cuisine, mais elle n'y était pas. Je pris l'initiative, de me diriger vers sa chambre. Je m'apprêtai à toquai, mais me retint, lorsque les brides de sa conversation au téléphone me parvinrent. Elle parlait à Mikaël...

📲 Non...t'inquiète, tout va bien! Ah bon? Ils rentreront demain matin, et toi alors?

📞 ....

📲 Oui...Je comprends, ce n'est pas grave ! Moi aussi j'ai hate...

📞 ....

📲 Bien sûre ! Ne t'en fais pas...

📞 ....

📲 Je...je t'aime aussi...

Je relâchai le poignet de la porte, et dévalai les marches. J'empruntai le chemin de la cuisine et m'assis tranquillement dans le coin-repas. J'ignorai les signaux d'alerte qui remettait en question mon image, celle que probablement et pitoyablement elle avait de moi, sans oublier les comparaisons ridicules qui se dressaient dans ma tête, pour me mettre en rivale avec ses sentiments pour Mikaël. Je n'étais pas en position de rivaliser avec son histoire, et je le serai jamais. D'ailleurs il n'y avait pas de "moi" en question...

Elle apparut dans la cuisine, joviale et débordant d'énergie. Ses cheveux en bataille bougeaient au rythme de ses pas.

- Alors bien dormi le beau Ludovic ? S'exclama-t-elle

J'haussai vaguement les épaules, elle prépara du lait de fraise et des cassaves tartinées à la marmelade saveur fraise.

- Moi si!

- Super pour toi! Répondis-je

Nous nous attaquâmes en même temps, à notre petit déjeuné. Elle se mit à me fixer, j'en fis autant. Ça devint un jeu du regard, lequel tiendrait plus longtemps, et à chaque fois, elle finissait par éclater de rire. On s'était décidé à sortir, mais malheureusement, la pluie nous avait retenu prisonniers ! Du coup, toute la journée, nous l'avions passé ensemble. Je l'avais regardé cuisiner du poulet au parmesan, des frites et après, on avait matté un film depuis son MacBook, dans cette pièce macabre à zombi, qui me servait de dortoir. Nous avions ouvert deux bouteilles de vin, et nous avions parlé cette fois un peu de moi, mais uniquement de ma passion pour les bolides à deux et à quatre roues, en vidant les deux cuvées. Elle m'avait fait promettre, qu'il fallait que je lui apprenne. Je le lui avais promis, bien que je savais que c'était la dernière journée, que l'on passait ensemble.

Tard dans la soirée, vers vingt-trois heures, elle s'était profondément endormie, la tête un peu ivre. Je la regardai longuement, tendrement en m'adossant sur la porte de sa chambre. Elle était belle Azura. Elle me manquait déjà. Demain, sera un nouveau jour. Demain, je ne serai qu'un souvenir. Les Rossan seront présents ; il était hors de question, que je laisse Maggy et Paul me forcer, à l'esclavage, me retourner à l'état de Zombie. Ils s'en rendront bientôt compte de la leur, et leur paradis commencera bientôt à s'écrouler. Doucement, je me faufilai jusqu'au salon, saisis la clé de la plus belle voiture extravagante de Paul et déguerpis à jamais de ce lieu qui avait fait de mes nuits et de mes jours un cauchemar, une hantise interminable. Mes aptitudes à conduire, me manquaient un peu, je freinai à plusieurs reprises sans raison, puis l'habileté au fur et à mesure me revint. Je redevins agile, comme lors de mes dix-neuf ans ! Dans la nuit sombre et étoilée, je roulai, à vive allure, je me sentis revivre avec une poussée d'adrénaline dominante. J'accélérai encore plus vite, en ayant tout de même l'impression, qu'une partie de moi me manquait...

Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant