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.Azura.

- Il est quelle heure ? Me demanda-t-il sans aucune hésitation dans la voix.

- Vingt-et-une heure !

- Putain...C'est passé vite! Répliqua-t-il

Je l'observai un instant, j'étais surprise de sa métamorphose complète. Ses iris avaient encore les séquelles de sa séance agitée avec le prêtre. Mais, il y avait un changement, sa froideur de zombi avait été remplacé par sa chaleur humaine, il y avait de l'éclat dans son apparence. Il était devenu pour ainsi dire normal. Juste un être humain normal.

- Quoi ?

- Non...rien! Ça fait du bien de te connaître Ludovic !

- En tant que mort ? Ou en tant que mec? Me questionna-t-il

Même le timbre de sa voix, était plus agréable...

- En tant qu'humain. Répondis-je

Il fléchit vaguement les sourcils, et reporta ses yeux sur le pare-brise. Il avait toutefois conservé son air mystérieux et ténébreux. Il demeura silencieux. Après quelques brèves secondes, il reprit...

- Je peux t'indiquer un endroit ?

- Oui bien sûre!

Il posa ses doigts sur l'écran GPS, et pianota une adresse. Ses doigts n'avaient plus de tremblements. Je suivis, silencieusement le chemin que m'indiquait la voix robotisée. Nous arrivâmes prêt d'un cimetière "Le parc du souvenir". Je rompis le contact, sans mot dire, il descendit. Je n'avais jamais aimé les cimetières, ni les tombes, ni les caves, en bref tout le champ lexical du mot mort. Ma conscience décapitée par le cynisme des lieux, réprimandait à cor et à cris que je déguerpisse de ce lieu pour autant dire, infâme. J'y demeurai quelques heures à l'intérieur de ma voiture, et finalement chassai le poids de ses sentiments négatifs et le suivi. Nos pas foulaient docilement le revêtement de la pelouse. Des millions de tombes, des gerbes de fleurs, je frissonnai. J'aurais voulu rentrer. Après avoir traversé quelques contournements ; il s'arrêta devant une en particulier, et s'assit dessus silencieux, en posant un pied sur celui d'à côté. Je vins me tenir près de lui. Sur la première pierre tombale, était gravé en italique "Martin Akimi, 1978- 2006 tout passe, tout s'efface sauf le souvenir". Au pied du monument funéraire, des bouquets de jonquilles et d'œuillet étaient disposés, et la tombe était fleurie de plantes vivaces...

- C'est qui Martin Akimi...

Il posa sa main dessus, en caressant doucement la surface, puis répondit d'un ton neutre...

- Mon père...

Surprise, je n'osai dire mot. Juste à côté, son regard se posa sur une autre pierre tombale encore plus fleuri que l'autre. Des gerbes de fleurs également y étaient posées. Ma lecture, me fit grincer des dents, je tremblai d'effroi, c'était comme si c'était la première fois que je le découvrais. C'était encore plus dur d'affronter la réalité de si près. Dessus on pouvait y lire," Ludovic kereem Akimi , 1995-2015. La mort t'a emporté au jardin d'Eden, Aujourd'hui laisse ton âme planer dans les nuages."

Sur le moment, encore choqué, je ne sus quoi dire. Alors, je me contentai, de me rapprocher de lui, et de m'asseoir près de lui. Il demeura silencieux, mais sur ses joues des larmes déferlait. Je posai un baiser sur son front...

- Je fais comment maintenant ? Me demanda-t-il

- Tu dois avancer... je suppose

- Comment? Comment je suis sensé le faire?

- Il faut au moins essayer !

- Vas-y ! Imagine que tu sois morte, et que tu reviens de la mort, tout le monde t'a oublié, j'ai quoi 25,26,27? Je n'en sais rien, Je suis sans famille, sans personne, sans abri, sans argent, avec comme papier un acte de décès, je dois essayer quoi au juste ?

- Si tu es revenu, c'est sans doute parce-que Dieu te réserve quelque chose de mieux, que ce que tu avais où aurait pu avoir de ton vivant... essayais-je de lui convaincre.

- Alors pourquoi j'ai des pensées suicidaires ? Pourquoi je suis dépressif ? Pourquoi j'ai envie de creuser ma foutue tombe, et de m'y enterrer de nouveau ?

- C'est encore frais tout ça, c'est toujours plus facile de se dire je ne peux, je vais abandonner, mais ce n'est pas pour autant le bon choix, tu devrais peut-être commencer par donner une chance à ta vie... Commence au moins par le faire ! Vie ...

- Comment commencer ? Si je n'ai aucune motivation ?

- Tu en as déjà une...Tu vis ! Répondis-je

Il émit un demi-sourire nerveux

- Et qui te dit que je méritais de vivre? Qui ne te dit pas que tout ce qui m'arrive, je le méritais, tu me connais pas Azura...

- Peu importe, maintenant tu vis... et personne ne mérite de mourir...

- ....

- En plus tu m'as, moi ! M'hasardai-je

- Ah oui ? Tu le crois vraiment.

J'acquiesçai positivement de la tête

- Si ! Je fais plus que le croire.

- Et Mikaël ?

Je me mis à le fixer, je bloquai, sa question me poussa dans une longue réflexion, mon cœur s'engourdit un peu. J'en avais aucune idée de Mikaël. J'étais sûre de ne plus vouloir de lui, mais je doutais encore, avais-je réellement la force, de fermer notre histoire, juste parce que ses imperfections ne m'enchantaient pas, alors que lui, il continuait de m'aimer en dépit de mes innombrables défauts, qu'il a dû découvrir en moi. L'amour avait des hauts, des bats, des côtés obscurs et des jours lumineux. On avait surmonté la distance, les doutes, des tourments, malgré cela on était resté soudé comme Bonnie&Clide, et aujourd'hui je voulais le quitter, pour sa condescendance. Était-ce une raison suffisante de mettre un terme à nous deux, à mon premier amour... À toute notre histoire...

En même temps, il y avait lui. Ludovic kereem Akimi. Lui et ses émotions qui me traversaient à chaque fois, que nos lèvres se choquaient, que nos mains se frôlaient, où qu'on écoutait le silence de l'autre. Il y avait tout cela, toute cette confusion...
Son silence pesant, désespérait à voir une réponse déferlée de mes lèvres. Ses yeux dévastés cherchaient une bouée, une issue de secours, il voulait avoir une raison d'exister.
Comme si le timing avait arrêté, que les secondes s'étaient écoulées, il ne dit rien, et prit mon silence comme une réponse. Il traça son chemin vers la sortie du cimetière. Je ne pus en cet instant, faire autrement, qu'écouter la petite voix intérieure qui me persuadait de le suivre, de m'aventurer dans ses abysses et ses tourments. Je penserai plus tard au futur, selon Charles Caleb Colton, le présent avait un avantage sur tous les autres, il nous appartenait ! Je me lançai donc à sa poursuite et lui retint par le bras. Il se retourna. Je me hissai sur la pointe des pieds, et obéis sans hésiter, à ce que me dictait mon cœur, et mes émotions de l'instant. Je m'accaparai tendrement de ses lèvres, et lui soufflai tout bas...

- Si tu m'as moi Ludovic...

Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant