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.Azura.

Une semaine durant laquelle, la suffocante présence des parents de Mikaël avait été suspendue. Ils étaient en tournée touristique locale pour la mise en place de leur nouveau projet. Mikaëla, quant à elle passait la plupart de son temps chez Khaleb et Lauren ! Du coup, pour dîner, il n'y avait que Mikaël, Ludovic et moi. Mikaël continuait sa routine, celle de partir très tôt à la compagnie et de rentrer vers dix-neuf ou vingt-heures. Depuis nôtre soirée arrosée près de la piscine, il était beaucoup plus attentionné, dès qu'on était ensemble. Pourtant, ces efforts n'avaient pas comblé ce vide en moi, ni calmer cette angoisse qui m'habitait. L'instant d'euphorie, que j'avais ressentis dans ses bras, étaient dû à l'évocation de nos souvenirs, et de plaisirs nostalgiques. Parce-que, elle n'avait pas duré, dès le lendemain matin où je m'étais réveillée, ce goût amer plein de ressentiments y revenais, encore et encore. Je subissais des insomnies, où des moments durant lesquelles mon sommeil était agité. Mon instinct m'avertissait de quelque chose qui jusqu'à présent, était embrumé..

- Un après-midi chez Yohan Bozak, ça te dit? Il organise un barbecue, pour la fin de ce week-end! Déclara Mikaël

Lointaine, sa voix me tira de mes pensées, alors que je n'avais rien touché à mon plat de légumes et de blanc de volaille. Ce dîner encore ce soir, ne réunissait que nous trois..

- Oui bien sûr ! Répondis-je

- Tu n'as rien touché à ton plat, tu es sûre que tu vas bien? Demanda t-il

Je regardai mon plat vaguement..

- Si ! Ne t'en fais pas Mikaël ..

Mes yeux finirent par croiser, les iris de Ludovic. Il me fixait inlassablement. Cela avait été ainsi tout au long de cette semaine! Son plat de riz, ou de maïs moulu blanc restait intact, il ne mangeait rien et m'observait! Depuis le retour de Mikaël, je n'avais pas eu la chance d'avoir de l'interaction avec lui. Cette semaine s'était écroulée lentement, et perturbée comme j'étais, je n'ai pas vraiment pensé à y aller roder autour de lui. Je m'en voulais d'agir ainsi envers lui ! Il fallait que je lui parle, je ressentais le besoin de lui fournir des explications du fait qu'il m'est vu avec Mikaël dans la piscine. Pourquoi? Je n'en savais absolument rien, mais ma conscience me l'exigeais.

- Azura bon sang! Tu vas bien? Tu as entendue ce que je t'ai demandé ?

- Pardon, qu'est-ce-que tu as dis Mika?

- Je vais rencontrer un ami chez les Bouchereau ,tu veux venir ? Reformula-t-il sa question

- Chez qui?

- Les voisins d'en face, c'était le mariage de leur fils, et je n'avais pas pu m'y rendre. Alors?

- Non..je me sens fatigué, je vais me reposer un peu..

- Très bien! Ca me prendra juste quelques brèves minutes; Je ne serai pas long !

Il se leva, me fit la bise puis se retira en empruntant le chemin de la sortie. Comment faisait Mikaël, pour ignorer autant sa présence sur la table ? Ils sont pourtant cousin,non? J'implantai mes yeux, dans ceux de Ludovic, il ne cilla pas. J'imagine qu'il à dû jeûner durant sept jours, son teint était un peu blême...je me sentis coupable..

- J'imagine que tu m'en veux n'est ce pas ?

- ......

Je soupirai et lui passai mon plat. Il regarda l'assiette remplie de blanc de poulets et de légumes verts, puis arqua un sourcil sans jamais abandonné mes iris..

- Juste pour me faire, pardonner! Lui dis-je poliment

Pour la première fois depuis que je le connaissais, il sortit de table avant moi, sans y toucher. Je soupirai et remis mon dîner à sa place initiale, puis me levai à mon tour. Je rentrai dans la chambre, et m'assied sur le lit. Une envie de pleurer titilla mes iris, je me retins, j'avais envie de m'évader, de me sentir bien... J'ouvris les portes persiennes coulissantes, et m'accoudai sur le balcon. La brise me fouetta en plein visage, elle était fraîche et agréable. Un quartier de lune laissait ses rayons argentés, retombés sur les grands feuillages du mapou. Je plissai des yeux, afin d'améliorer mon acuité visuelle, ce mapou n'était plus comme avant, elle battait de l'aile ! Ses feuilles et ses branches se séchaient à vue d'oeil. Ceux du dessous restaient encore verdoyants, par contre ceux résidant à la surface étaient éteints..
Mon observation finit par embrasser également la silhouette de Ludovic ! Ses pas marquaient des bruits silencieux, il était en réflexion avec lui-même; chaque pas hésitait après l'autre, parce qu'il était là, perdu dans le vide, dans le néant. Ses lèvres murmuraient des mots dont la distance m'empêchait de déchiffrer. Je ressentis l'envie inéluctable, d'être une oreille attentive à sa quête, à ses histoires, à traverser son imagination sans arrêt. Je me surpris, moi même à scruter plus intensément sa silhouette, l'image de son visage ce dessina sous mes yeux, plus clairement, puis je me perdis dans ses iris pénétrants, ses cheveux en bataille, ses joues creuses qui donnaient naissance à des lèvres roses bien dessiné, son nez aquilin, son corps bien sculpté. Mes doigts me picotèrent, ils eurent envie de le toucher... de ressentir à nouveau le contact glacial des siens..je me mis à sourire bêtement.

Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant