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.Ludovic.

16 heures et quart

La nuit qui avait suivi mon retour des Cayes, avait été un puit insomniaque. Les yeux rivés sur un large plafond, mes pensées ont pris le malin plaisir à jalonné mes nerfs en braise. J'étais reparti fissurer de l'intérieur, et mon âme cancéreux comme un fantôme s'était senti rejeté et dévalorisé. La froideur que j'avais lu dans son regard, dans ses gestes, son air embêté par ma présence, son portable qui n'avait pas arrêté de sonner, son attitude distante avaient apposer leur signature au bas de la page proclamant la rupture brutale de nos chimères, que j'avais de façon erronée prise pour une évidence. Cette fille pour moi elle était tout, pourtant pour elle je n'étais et ne suis personne. Le pire, je n'avais même pas pu lui démontrer qu'à chaque réveil, qu'à chacun de ses sourires, j'avais ce même regard ébahi d'amour et le sentiment d'être totalement en accord avec moi-même....

Marrant Ludovic, se moqua la voix dans ma tête, Tu t'es enfoncé la gueule toute seule dans ce nid illusoire. Il n'y avait jamais rien eu ; Il n'y a donc rien à défaire, et encore moins à refaire. En gros ton retour dans le commun des mortels est un véritable échec, ça part en fade out Ludovic, à ta place je miserais sur ta vie de l'au-delà...tu sais celle de Ricardo...

Si je continuais à l'écouter, je finirai par devenir schizophrène. Que cette voix raturée se taise suppliai-je.

- Tais-toi murmurai-je.

Mon esprit résistait encore, mais mon cœur avait compris. Je soupirai, saisis mes clés, enfilai un grand pull noir, des lunettes fumés et une casquette, puis traversai le seuil du duplex de haute gamme. Je grimpai dans la jeep, et aiguillai le sens des pneus vers Portofino. Je me garai, et rentrai dans l'ensemble de la brasserie italienne que m'avait chaudement recommandé Sebastian. À l'époque que nous étions jeunes, je me souviens que lui et moi partagions le même goût ennuyeux pour ce restaurant, on l'appelait ensemble le coin des cul-cul serrés. Apparemment, les années ont muées ses sentiments ...

J'analysai l'espace attrayant, et repérai un coin reculé où je m'y dirigeai discrètement, malgré mes névroses assorties qui me tourmentaient l'esprit avec de faux signaux d'alerte. Je m'assied en ayant la tête continuellement baissée sur mes paires de vans. Un barmaid m'apporta le menu. Je fis le choix d'une bierre italienne, qu'on m'apporta après l'évanouissement de quelques secondes...

Je bus une gorgée bien fraîche, et tout le tremblement de mes cogitations dépitées et dévastées se refroidirent. Les haut-parleurs diffusèrent, un son italien Soldi qui plut à mon système auditif. J'essayai d'adopter une attitude laxiste, en m'adaptant à l'atmosphère tranquille. J'ôtai mes lunettes, et me servis une deuxième gorgée, alors que mes pensées nébuleuses se dressaient comme un rideau de fer, contre ce grain de positivité qui peinait à s'installer ! Machinalement, je jouais distraitement avec le bouchon en silicone. Mes émotions, allaient à la dérive, je ne savais plus vers ou aller, vers qui me tourner, mon cœur était lourd.

L'effort que je fis, pour ne pas sombrer dans ce cercle vicieux de la dépression était inutile. Repartir à zéro avec un présent incertain et un passé abime ? Et comment? Les propositions étaient minces, la probabilité d'échec, était bien plus élevé que n'importe quelle motivation. Je m'avinai encore une fois, en commandant une deuxième bouteille. J'expirai bruyamment puis inspirai. Je me sentais séparé du monde qui m'entoure, détaché ! À croire que les particules de mon corps se dissociait dans l'anxiété et l'affolement auquel était plongé mon cœur bouleversé et mon âme tourmenté. L'idée d'un calme soudain cognait contre ma pensée en unanimité avec cette petite voix qui me criait d'en finir...

Mes lèvres devinrent sèches, je ne causerais de mal à personne, si je disparaîtrais pour de bon. Je levai doucement mon regard éteint et brusquement, mes iris se posèrent sur ceux d'une fille qui m'analysait assidûment. J'ignorais, combien de temps qu'elle avait à me fixer et le peu m'importait. La panique noua mes tripes; rapidement, je me levai, sortis fébrilement mon portefeuille et déposai le compte sur la table en la biglant du coin de l'œil afin de me rendre plus discret. À peine quelques centimètres séparaient sa table de la mienne! Son point de vue, me parvint jusqu'à l'oreille...

Zombie en Fièvre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant