Je dormis très peu cette nuit-là. J'appréhendais ce qui allait se passer une fois que le soleil serait levé et, surtout, que le prince aurait vu que ma magie était certes puissante, mais surtout difficilement contrôlable et canalisable. Je l'avais toujours sentie couler en moi comme une rivière, parfois assez calme pour se faire oublier, parfois plus agitée. Il arrivait qu'elle heurte les barrières de mon corps comme des rochers qu'elle voulait briser. Je n'avais jamais su laquelle de nous deux cohabitait vraiment avec l'autre.
Après avoir passé un moment allongée à observer les étoiles, j'entendis frapper à ma porte, assez doucement. Je me redressai en silence et attendis quelques secondes. Il ne pouvait s'agir de Drautos : il se serait annoncé. En ouvrant la porte, je découvris, posé sur le sol, un plateau avec une pomme, un morceau de gâteau et un pot en plastique sur lequel je pus lire « cup noodles ». Une serviette en tissu reposait dessus. Je ne vis personne en jetant un œil de chaque côté du couloir. J'emportai le plateau à l'intérieur et m'installai sur le lit, en tailleur. Les cup noodles étaient chaudes, aussi les mangeais-je en premier.
Dans la nuit, alors que j'arpentais la chambre en long et en large, je décidai de descendre sur la place. Drautos serait formellement contre mais... ce qu'il ignorait ne pouvait me porter préjudice. Je traversais le couloir le plus silencieusement possible, sans lumière, laissant mes doigts glisser sur le mur. L'homme à l'accueil m'adressa un signe de tête lorsque je passais devant lui et je me mis à espérer qu'il ne dirait rien à personne de ma virée nocturne.
La place était toujours éclairée, bien que plus faiblement. L'air était plus frais sans que cela soit dérangeant. Je fis quelques pas au hasard, levant la tête, fermant les yeux, tournant sur moi-même. J'inspirais à fond l'odeur propre à cette ville. Je finis par aller m'asseoir sur le rebord de la fontaine. L'eau y clapotait doucement, son apaisant et chantant à mes oreilles.
Je ne pourrais dire combien de temps je restais là, les doigts plongés dans l'eau fraîche. Je m'arrachais tout de même à la fontaine au bout d'un moment et m'aventurai dans l'une des rues adjacentes. Il n'y avait pas âme qui vive à cette heure, ce qui m'empêchait d'avoir à me sentir bête de regarder avec tant d'insistance chaque coin de rue, chaque porte et chaque fenêtre, ou encore de faire courir mes doigts sur la pierre des murs. Ici, tout était différent de ce que j'avais connu. Et je n'arrivais pas encore à savoir si cela m'ébahissait ou me faisait peur. Je m'étais toujours sentie à l'aise et en sécurité dans ma dépendance. Presque toujours, plutôt. J'avais l'impression que je savais me débrouiller et que je pouvais me suffire à moi-même. Je n'aurais pas pu avoir plus tort. Je ne connaissais pas grand-chose de la vie extérieure. J'étais comme un poisson dans une flaque : je respirais et je gigotais, mais je n'étais pas à ma place.
Une fois rentrée je finis par m'assoupir une heure ou deux. Ce fut Iris qui me réveilla, des vêtements dans les bras.
— Je me suis permis d'entrer pour te réveiller, expliqua-t-elle. Pour que tu aies le temps de te préparer et de manger avant de partir. Les garçons n'ont pas voulu me dire où ils allaient t'emmener, et pourtant j'ai insisté.
Elle avait froncé les sourcils et avait vraiment l'air contrariée de ne pas en savoir davantage. Les vêtements qu'elle tenait furent posés sur le lit et elle croisa les bras. Gladiolus et elle se ressemblaient vraiment, comme ça.
— Enfin, Drautos avait l'air de vouloir venir et Gladio ne veut pas que je reste seule. Donc ils n'auront peut-être pas d'autre choix que de m'emmener aussi. Pour une fois que le côté frère poule de Gladio peut être utile...
Je ne compris pas le rapport entre son frère et une poule - je doutais qu'ils aient la moindre chose en commun - mais ne fit aucun commentaire.
— Je t'ai pris ça, ajouta-t-elle en montrant les habits. C'est à moi, alors le pantalon sera peut-être un peu petit mais je pense que le short sera à ta taille. Pour les hauts, il y en a plusieurs. Il faut que tu les essaies, car tu es... disons plus fournie que moi.
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À l'aube de ce monde
Fanfiction[Fanfic Final fantasy 15 avec OC] « Là-bas je n'avais pas à me demander qui j'étais. Je me contentais d'être. » Élevée seule et isolée du reste du monde, on la dit dotée d'une magie incroyable. Quand la capitale royale tombe aux mains de l'Empire et...