Le Cristal chantait. Une mélodie lente et peut-être même un peu triste.
Ce fut cela qui me réveilla.
Je me redressai d'un bond, cherchai à sortir de ce lit qui n'était pas le mien et m'emmêla dans les couvertures. Je me rattrapai de justesse avant de tomber, grimaçant en sentant une douleur irradier dans ma cuisse droite.
Il faisait nuit. La lune et des lampadaires extérieurs me permettaient d'y voir clair, mais je ne reconnaissais pas ces lieux. Un vent de panique me gagna, jusqu'au moment où je vis mon sac et mes fourreaux posés dessus, sur une chaise près de la fenêtre. Si mes affaires étaient là, en particulier mes couteaux, ce devait être bon signe.
Je passai mes doigts sur chaque pointe et je ressentis un pincement lorsque j'effleurai le vide là où aurait dû être Prime. Le Grand Chancelier s'était volatilisé avec mon couteau. Quelle idée de lancer Prime, aussi !
Le chant du Cristal s'intensifia juste un peu et se fit plus... dur. Un goût métallique emplit ma bouche et j'attrapai mon sac d'une main et mes fourreaux de l'autre, en quête d'une salle de bain.
J'en trouvai une juste à côté de la chambre et veillai à bien fermer à clé derrière moi. Je toussai un peu, crachant du sang dans le lavabo que je nettoyai.
Prendre une douche me fit un bien fou. Je me demandai combien de temps j'avais dormi. Une pendule au-dessus de la porte de la salle de bain indiquait qu'il était environ trois heures du matin, mais quel jour étions-nous ?
Ne me sentant pas particulièrement à l'aise, j'attachai un fourreau à l'une de mes cuisses. Je me doutais que si j'avais pu dormir plusieurs heures sans qu'il m'arrive quoi que ce soit c'est que les lieux étaient sûrs. Mes couteaux me rassuraient quand même un peu. Je redéposai mon sac dans la chambre avant de partir silencieusement en exploration.
**
Je ne tombais que sur des pièces vides ou fermées. Des chambres, salons, salles de bain, salles de musique. J'avais reconnu un piano dans l'une d'elles, ainsi qu'une harpe. J'avais manqué de la faire tomber en me prenant les pieds dans le tapis, mais j'avais pu la rattraper à temps.
Finalement, un étage sous celui où je m'étais réveillée, je trouvais la chambre de Lunafreya. Je passais quelques minutes dans l'encadrement de sa porte, à la regarder respirer.
La dernière chose dont je me souvenais était d'avoir ressenti un battement. Mes sensations étaient cependant tellement embrouillées que je n'étais pas sûre qu'il s'agisse bien de son cœur, ou d'un tour de mon imagination.
Visiblement, j'avais vraiment réussi. Elle était en vie.
Dans la chambre juste en face, je trouvais Noctis endormi en travers de son lit, la tête enfouie dans les couvertures. Il avait tiré les rideaux de ses fenêtres et il me fallut un petit moment pour être bien habituée à la pénombre. Je vis une myriade de petites coupures sur ses bras. Elles étaient superficielles, cela guérirait vite.
Mes doigts se posèrent tout de même sur son bras, juste au-dessus du coude. En espérant ne pas le réveiller, je guidais ma magie jusqu'à lui et la laissai parcourir son corps pour soigner tout ce qui devait l'être. Il ne remua même pas.
Au fond du couloir, alors que je pensais de plus en plus ne pas les trouver ici, j'entrai dans la chambre occupée par Prompto, Ignis et Gladiolus. Les trois lits simples étaient alignés le long d'un mur, un peu comme à Cap Caem.
Je m'occupai de Prompto en premier. Il soupira simplement dans son sommeil. Ses ecchymoses disparurent, et je perçus également une gêne au niveau de son épaule que ma magie arrangea.
Je fis aller mon regard plusieurs fois de Gladiolus à Ignis. Si je réveillai Gladiolus... je redoutais de me prendre ses foudres. Quant à Ignis, son état était de mon fait. Je me devais de le soigner. Sauf que, mystérieusement, quelque chose en moi me faisait comprendre que je n'avais pas à le toucher. C'était comme si deux « moi » se disputaient. L'une criait qu'elle pouvait soigner les plaies et chercher un moyen de lui rendre la vue, tandis que l'autre lui hurlait qu'elle avait fait assez de dégâts comme ça.
Réussissant à grande peine à faire taire ces petites voix, je me dirigeai vers Ignis. Je m'agenouillai à côté de son lit et posai délicatement ma main sur sa joue la plus intacte. La vue de ses plaies me serra la gorge.
La magie s'insinua en lui, douce et chaude. Je la sentis s'étirer sur chaque plaie, chaque entaille, chercher la moindre blessure sur son corps. Le plus long fut de guérir le pourtour de son œil gauche. Il me fallut plus d'une dizaine de minutes pour que son visage soit à nouveau indemne. Je me rendis compte que j'étais moins efficace que les autres jours et que je fatiguais déjà. Je laissai toutefois ma magie s'attarder pour évaluer l'étendue des dégâts au niveau de ses yeux.
Je n'avais pas de formation médicale, mais je compris que les nerfs étaient gravement endommagés. Certains minuscules éclats métalliques, que j'avais pu retirer grâce à la magie, s'étaient enfoncés si loin qu'ils avaient lésé les nerfs. Ma magie crépita un peu, comme si elle voulait me faire comprendre que je pouvais faire quelque chose. Ou l'inverse. Ignis remua et j'enlevai ma main juste à temps pour qu'il puisse se tourner sans le gêner.
— Bon, soufflai-je.
Je me penchai au-dessus de Gladiolus, veillant à ce que mes cheveux ne le touchent pas. Sa main blessée reposait sur son ventre et, à part sur celle-ci et au niveau de son menton, je ne voyais pas d'autres plaies, seulement des ecchymoses, comme pour Prompto, en partie masquées par son tatouage. Mes yeux s'attardèrent un bref moment sur la tête de son aigle puis sur la cicatrice de son torse que j'avais soignée à Cap Caem.
Je pressai mes doigts sur ceux de sa main blessée et ma magie coula enlui. Elle me donnait l'impression de retrouver quelqu'un qu'elle n'avait pas vudepuis longtemps et d'en être contente. Attends de voir quand il me passera un savon, pensai-je. Sous mes yeux, ses plaies se refermèrent. Je perçus une autre blessure, assez superficielle, au niveau de la jambe. Les ecchymoses se résorbèrent et je rappelai ma magie alors que je commençais à être franchement essoufflée.
Je restai encore quelques minutes, adossée contre un mur, à les observer. C'était facile de me tenir là alors qu'ils dormaient. Je serais sûrement un peu moins assurée dans quelques heures. Pourtant... le dôme avait permis d'éviter de lourds dégâts. Oui, mais... Mais ça n'a pas été suffisant, pensai-je en glissant un regard sur Ignis.
Je remontai d'un étage, fermai la porte à clé de la chambre et posai mon fourreau avec l'autre. En m'allongeant, je me rendis compte que j'avais soigné tout le monde, sauf moi.
J'eus le temps de penser que ce n'était rien qu'une petite entaille avant de sombrer dans le sommeil.
Le chant affaibli du Cristal m'accompagnait toujours.
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À l'aube de ce monde
Fanfiction[Fanfic FF15 avec OC] « Là-bas je n'avais pas à me demander qui j'étais. Je me contentais d'être. » Élevée seule et isolée du reste du monde, on la dit dotée d'une magie incroyable. Quand la capitale royale tombe aux mains de l'Empire et que le roi...