À l'aube de ce monde

Chapitre 21

Le retour au camp fut agité, en quelque sorte.

Nous nous étions arrêtés sur le chemin du retour à une station pour faire le plein et Noctis s'était engouffré dans la boutique sans demander son reste. Il en était ressorti presque en courant, un journal à la main. Il l'avait tendu devant lui en arrivant à notre hauteur. Sur toute la première page s'étalait la photo en couleur d'une jeune femme blonde, aux traits fins et doux.

— Dame Lunafreya ! s'exclama Prompto.

— Elle est à Altissia, elle doit y faire un discours dans une dizaine de jours. Et... je crois qu'elle va réveiller Léviathan. Ce n'était pas vraiment dit, mais vu qu'elle a déjà réveillé Titan et Ramuh...

— Eh bien il va falloir nous rendre à Altissia, en conclu Gladiolus.

Noctis hocha la tête.

— Mais nous ne pourrons pas rentrer comme ça, intervint Ignis. Accordo est sous l'emprise de l'Empire. Sa capitale bénéficie d'un peu plus de marge de manœuvre, mais on ne peut pas rentrer à Altissia comme dans un moulin quand même. Sans compter qu'il nous faut un bateau pour nous y rendre.

Je n'avais que brièvement étudié Accordo durant mes leçons et je n'avais aucune idée de ce qu'il s'y passait maintenant que l'Empire avait mis la main dessus.

— On peut toujours demander à Cid, proposa Gladiolus. Cindy et lui nous ont bien aidés quand on est arrivé à Hammerhead, il aura peut-être quelque chose à nous proposer.

— Bonne idée, approuva Ignis. Si Lunafreya tient son discours dans plus ou moins dix jours, il vaut mieux contacter dès maintenant Cid.

— Vendu, fit Noctis en roulant le journal. Ça veut aussi dire qu'on s'attaque cette nuit à la tour de Costlemark.

Je crus que j'allais pleurer.

Un griffon et trouver le tombeau royal au fin fond de la tour, ça allait être trop pour moi. Je me doutais bien qu'il ne suffirait pas de descendre pléthore d'escaliers pour atteindre le tombeau du Conquérant. Quelques créatures devaient bien rôder dans les souterrains.

Noctis était déjà au téléphone lorsque nous remontâmes en voiture. Lorsqu'il raccrocha, il nous expliqua que Cid nous enjoignait à le rejoindre à Cap Caem : il y avait là-bas un bateau, que le roi Regis utilisait discrètement et dont l'existence, à l'instar de la maison du cap, était tenue secrète. Le seul souci, c'est que ce bateau avait besoin d'être réparé et que Cid n'était pas sûr d'avoir toutes les pièces à disposition – sous-entendu, nous serions sûrement mis à contribution en tant que coursiers.

**

Elle se tenait devant nous, immense. Et un peu penchée. Bordée d'arbres. Sa lueur rouge semblait s'être mise à palpiter à mesure que nous approchions. Il ne faisait pas encore totalement nuit mais il n'empêchait que le lieu dégageait quelque chose de sinistre.

À son pied, en faisant le tour, nous trouvâmes une large ouverture voûtée. Il faisait trop sombre à l'intérieur alors nous allumâmes les petites lampes distribuées par Prompto avant de quitter le camp et que nous avions accrochées à nos vêtements. Une lumière d'un blanc vif inonda la pièce circulaire, nous dévoilant un escalier en piteux état sur la gauche, donnant accès à ce qu'il restait des étages. Gladiolus s'avança le premier et, au centre de l'espace, s'arrêta et se pencha en avant. En le rejoignant, nous pûmes tous constater la présence d'une trappe en pierre. Il avait attrapé l'anneau permettant en principe de l'ouvrir. Même en forçant dessus, et avec l'aide d'Ignis, la trappe ne bougea pas.