Épilogue alternatif

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Les jours et les semaines qui suivirent le bannissement des Ténèbres et d'Ardyn, ainsi que le retour de la Lumière, me donnèrent l'impression d'être un tourbillon qui entraînait tout sur son passage. J'avais essayé de me tenir à l'écart de celui-ci. Ça n'avait pas vraiment fonctionné.

D'Hammerhead, où Lunafreya avait été on ne peut plus soulagée de retrouver Noctis et où Iris avait pleuré en nous voyant tous rentrer, nous étions allés à Lestallum. La maison qu'occupait Lunafreya et Iris était certes plus grande que les mobil-homes, mais nous avions fini par être à l'étroit tout de même. Il fallait dire que ça faisait un petit paquet de personnes concentrées au même endroit : Lunafreya, Iris, Noctis, Ignis, Prompto, Gladiolus, Talcott, Clarus qui avait traîné Cor avec lui et qui trouvait encore le moyen de faire la tête malgré les circonstances, Monica et moi.

Nous ne restâmes pas longtemps en place, car la reconstruction d'Insomnia commençait déjà. Seule Monica resta à Lestallum tandis que tout le reste de la troupe regroupée dans la maison se retrouvait à la capitale.

En quelques jours seulement, les citoyens ayant vécu à Insomnia, mais pas seulement, arrivèrent en masse pour donner un coup de main à l'immense chantier qui s'amorçait. La priorité fut donnée au palais ainsi qu'au parvis. Déjà, les Luciens souhaitaient voir le roi de la Lumière couronné. Noctis avait bien essayé de retarder l'échéance – surtout parce qu'il n'était pas un grand ami de tout ce qui touchait le protocole de près ou de loin – mais Lunafreya, Ignis et moi-même avions ajouté notre grain de sel en prétextant que, plus vite ce serait fait, et plus vite il serait tranquille. Je crois qu'à ce moment-là il n'avait pas encore idée que ce n'était que le début d'une longue série de réunions et d'événements officiels.

Les membres de la garde royale qui étaient restés fidèles à la couronne depuis tout ce temps rejoignirent également Insomnia. Tout le monde mit la main à la pâte et, durant de longues semaines, la vie s'organisa en commun. Des dortoirs furent montés à la hâte dans les bâtiments qui tenaient encore debout, une immense cantine prit place sur le parvis du palais lorsqu'il fut débarrassé de ses gravats et des restes de la fontaine. Ignis y passait ses journées, prévoyant les repas, s'occupant de faire venir les vivres jusqu'ici et dirigeant une petite équipe de plusieurs cuisiniers. Je passais mes matinées, quand j'étais à Insomnia, à éplucher des légumes – et je commençai à ne plus pouvoir voir les carottes en peinture.

Les après-midis, je rejoignais Prompto et Gladiolus qui travaillaient soit au désencombrement, soit à la réhabilitation des bâtiments dont la structure ne nécessitait pas de destruction.

Deux à trois jours par semaine, je me rendais à Hammerhead pour continuer de m'occuper des chasseurs. Maintenant que j'avais retrouvé ma magie, je me remettais à leur service. Les premières fois, Gladiolus avait été réticent à me laisser y aller seule. Il ne le dit pas de vive voix, mais je savais que le nom d'Hector flottait dans son esprit. Je l'avais rassuré comme j'avais pu. J'avais aussi tenté de lui expliquer que quelque chose avait changé en moi, notamment grâce aux paroles d'Oural.

De ma vie, je n'avais souhaité faire de mal à personne, et je ne le souhaitais pas plus aujourd'hui. Je ne voulais toujours pas faire partie de ceux qui ôtaient la vie, et la mort de Renan me hantait encore parfois. Mais je savais aussi que je ne me laisserais plus faire. J'avais naïvement pensé qu'après Eronos on ne m'aurait plus aussi facilement. J'avais gardé mes cicatrices dans mon dos pour cette raison : pour me promettre que ça ne se reproduirait plus. J'avais failli à ma propre promesse. Maintenant, la longue cicatrice qui barrait ma cuisse jusqu'à ma hanche était un rappel de cela. J'avais changé. J'étais plus forte. Il n'y aurait plus d'Eronos, plus d'Hector. Ma magie avait été assez puissante pour repousser des daemons ; elle ne faiblirait pas devant des hommes. J'étais la Gardienne la plus puissante qu'Éos ait portée en deux mille ans. Et même s'il s'avérait à l'avenir que le Cristal n'avait plus besoin de moi, il y aurait toujours cette force qui couverait en moi. Ma magie et moi n'étions qu'une.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant