Chapitre 28

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— Tu vivais dans une grotte ou dans une dépendance ?

— Je te ferais visiter un jour, puisque tu te poses des questions.

Gladiolus pinça les lèvres. Il me semblait que je devenais beaucoup trop à l'aise.

— Cor Leonis, le général des armées du Lucis, expliqua Noctis. Il est un peu rude...

— Il ne nous aime pas, nuança Prompto.

— C'est vrai qu'il ne nous apprécie que moyennement. Mais c'est l'un des trois plus grands guerriers du royaume, et il est loyal. S'il pense que ce qu'on fait peut aider le Lucis, il nous prêtera main forte. Même s'il ne saute pas de joie en nous voyant.

Je comprenais pourquoi Noctis voulait faire appel à ce Cor Leonis. Il ne souhaitait d'ailleurs pas perdre de temps, car il partit s'isoler à l'étage pour essayer de l'appeler.

Iris profita d'un blanc dans la conversation pour m'entraîner dans la salle de bain. Elle sortit une trousse du meuble sous le lavabo et déposa dessus des compresses, un flacon d'alcool et un gros pansement. J'avais complètement oublié la petite entaille faite par Masamune. Le sang avait séché sur ses bords et n'avait que faiblement coulé sur mon bras. Iris nettoya le tout précautionneusement, concentrée sur ce qu'elle faisait.

Je tombais rarement malade et les visites du médecin envoyé par le roi tenaient plutôt le rôle de check-up routinier. Quand j'avais besoin de me soigner, je me débrouillais par moi-même la plupart du temps. Après mes... séances avec Eronos, je m'immergeai dans l'eau jusqu'à ce que le sang séché se soit décollé et complètement dilué. Et, à la faveur de la nuit, j'allais frotter les dernières traces de sang dans la dépendance si jamais il avait mal nettoyé. Avec du recul, je me dis que j'aurais pu laisser du sang apparent, pour que quelqu'un se pose des questions. Mais j'avais peur. Trop peur. Et honte. Alors je faisais en sorte que personne ne puisse savoir.

C'était donc un peu étrange que l'on s'occupe de moi avec douceur.

— Vraiment, aucun savoir-vivre ! soufflait Iris. Depuis quand on blesse les gens gratuitement ? C'est à se demander ce qu'il a appris pendant toutes ces années...

— C'est moi qui n'ai pas esquivé, tu sais.

— Mais, enfin ! Ce n'est pas une raison ! Il n'était pas obligé de vraiment essayer de te blesser.

— En fait, on s'est tous rendu compte que j'étais meilleure lorsqu'il y avait un réel enjeu. Si je ne risque pas de me faire trancher, je n'arrive à rien et les entraînements ne me feront pas progresser.

— Quand même... Je suis sûre qu'Ignis serait moins... Gladio.

— J'ai commencé à m'entraîner avec lui, expliquai-je. Et c'est parce qu'on tournait en rond que ton frère a pris le relai.

Iris appliqua le large pansement transparent sur l'entaille, veillant à ce qu'il adhère bien à ma peau.

— C'est mon frère et je l'adore même si des fois il m'exaspère. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Mais franchement... si tu as l'occasion de lui botter les fesses, vas-y !

Elle rit, et moi aussi. Il émanait d'elle un enthousiasme vivifiant.

— C'était bien joué, avec tes couteaux tout à l'heure, reprit-elle. Il ne s'y attendait pas !

— Oui, mais maintenant il sait que j'arrive à faire ça, il ne se fera plus avoir.

— Alors tu trouveras une autre façon de le surprendre, dit sagement Iris en haussant les épaules.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant