Chapitre 39

4 0 0
                                    



— C'est une impression où ils te regardent bizarrement ?

— Ils me regardent bizarrement.

Je n'étais pas la seule à m'être rendu compte que les garçons me jetaient des regards en biais alors que nous prenions notre petit-déjeuner. Prompto, assis face à Iris, avait l'air bourré de remords.

— Je sais que j'ai fait n'importe quoi à provoquer Gladiolus, mais quand même, marmonnai-je en terminant mon thé.

— Il t'a tendu la perche, souligna Iris.

— Et j'ai sauté dessus.

Si Prompto continuait de me regarder comme ça j'allais finir par devenir folle.

— Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je.

Il sursauta et chercha ses amis des yeux. Noctis était en train de discuter avec Ignis et les deux garçons remontaient dans leur chambre, suivis par Gladiolus qui grommelait dans sa barbe.

— Rien ! Rien du tout !

— Prompto, fis-je à voix basse, fais un effort quand tu mens.

Il se mit à geindre, la tête dans les mains. Je n'eus pas le temps de dire un mot de plus qu'il se levait et courait vers les escaliers.

— Non mais attends !

Hors de question qu'il se débarrasse de moi comme ça ! Après un coup d'œil à Iris qui me fit un signe de la main, je m'élançai à la suite de Prompto. Je gravissais les premières marches de l'escalier alors que lui ouvrait déjà la porte de la chambre. Je ne pris pas la peine de me demander s'il l'avait verrouillée, ni même celle de frapper. Je me contentai d'ouvrir en grand la porte et de rentrer, avec toute l'impolitesse dont j'étais capable.

Prompto était debout devant moi, les bras ballants, l'air plus coupable qu'un voleur prit sur le fait. Noctis était à côté de la table basse, un carnet – je reconnus l'un de ceux du roi – dans les mains, Ignis et Gladiolus près de lui.

Je n'aurais pu expliquer comment ils me fixaient, mais ce n'était pas comme d'ordinaire. Là... j'avais l'impression d'être un animal malade qu'on allait abattre, mais qui l'ignorait encore. C'était très dérangeant.

— Mais qu'est-ce qu'il y a, enfin ?! m'exclamai-je. Si c'est par rapport à hier, je ne dirais pas que je suis désolée, mais je ne voulais pas...

Noctis leva la main pour m'interrompre.

— ça n'a rien à voir.

— Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il échangea un regard avec Ignis qui hocha la tête. Prompto trépignait sur place et fit quelques pas pour les rejoindre.

— Elle va pas être contente, l'entendis-je chuchoter.

Ça allait bientôt devenir vrai si quelqu'un ne me disait pas ce qui ne tournait pas rond, là, tout de suite.

Les quatre paires d'yeux étaient dirigées sur moi. C'était un peu oppressant, mais je ne comptais pas me laisser mettre à la porte sans un semblant d'explication.

— Pourquoi est-ce que personne ne crache le morceau ? soupirai-je en croisant les bras.

Ignis posa une main sur l'épaule de Noctis et lui dit quelque chose à l'oreille. Il regarda un instant le carnet qu'il avait en main et s'approcha pour me le tendre.

— On l'a lu, expliqua-t-il. Mais tu aurais dû le lire avant.

Je secouai la tête. Les carnets de son père ne me regardaient pas.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant