Chapitre 64

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— Laissez-le ! hurla Noctis.

De la magie flottait autour de Prompto et Ardyn comme des petits filaments électriques. Elle était différente de tout ce qui nous entourait et qui avait figé tous les passagers. Nous avions quitté la zone plutôt plate où les soldats magitech avaient attaqué le train et nous longions maintenant une falaise. De l'autre côté, le terrain s'était creusé, créant une espèce de cuvette où la neige ne s'était pas aventurée.

Noctis fonça sur Ardyn, qui le regardait en penchant la tête, m'empêchant de réfléchir plus que ça. Le Grand Chancelier gardait le canon de Coyote pointé sur la tempe de Prompto et il aurait eu le temps de tirer une demi-douzaine de fois avant que Noctis soit sur lui. Pourtant, il n'en fit rien.

Sans prendre la peine d'aligner une seule pensée cohérente, je m'élançai derrière Noctis. Il leva son bras et une lance apparue dans sa main. Elle avait à peine fini de se matérialiser qu'il faisait un large mouvement vertical. La lame de la lance frappa Coyote et l'envoya valser plusieurs mètres plus loin. Prompto fut assez vif pour faire un pas de côté juste à temps et éviter de perdre une oreille – ou, pire pour lui, des cheveux. L'arme de Noctis disparue. Avant même que je ne comprenne ce qu'il avait en tête, je le vis percuter Ardyn de l'épaule. Le Grand Chancelier tangua. Il écarquilla les yeux lorsque Noctis le poussa vers le bord du toit. Encore un pas et il tomberait en arrière, dans le vide.

Et c'est ce qui se passa.

Noctis lui donna un nouveau coup d'épaule et Ardyn bascula en arrière, agitant les bras et étouffant un cri. La magie qui l'entourait toujours crépita et, sous nos yeux, la silhouette qui chutait changea. Ce n'était pas Ardyn. C'était Prompto. Noctis tendit le bras pour le rattraper. Trop tard. Prompto disparu, englouti par les arbres et la végétation en contrebas. Je restai quelques secondes à regarder l'endroit où il s'était tenu, ne réalisant qu'à moitié ce qu'il venait de se passer.

— Que pensez-vous donc de ma stase temporelle et de ce petit tour de passe-passe ? susurra une voix doucereuse derrière nous. Pas mal, non ?

Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale. D'un même geste, nous nous tournâmes vers Ardyn qui ajustait son chapeau. L'épée de Noctis, Durandal, se matérialisa dans sa main. Il se jeta sur le Grand Chancelier qui évita sans peine chacun de ses coups.

Une nouvelle secousse nous déséquilibra alors que le train roulait bien plus vite qu'avant l'attaque des impériaux. Il fallait espérer qu'Ignis et Gladiolus maîtrisaient ce qu'ils faisaient.

Je me rapprochai de Noctis. J'étais certes totalement désarmée, mais je me tenais tout de même prête à créer un bouclier. Ma magie cognait dans mon torse et mes bras, ne demandant qu'à se manifester.

— Allons, allons, fit Ardyn avec un rictus. Vous êtes inquiet pour votre ami, mon prince ? Les dommages collatéraux, ça arrive pourtant tous les jours... Comme pour cette pauvre enfant. Comment s'appelait-elle, déjà ? Ah, oui. Lunafreya. La petite sœur de ce cher Ravus.

Noctis se raidit et pointa son épée sur Ardyn. Il bouillonnait, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Et c'était parfait, car personne ne devait se douter que Lunafreya était en vie. Noctis bondit en avant, visant le thorax du Grand Chancelier. Mais Durandal ne rencontra que de l'air, Ardyn s'étant éclipsé derrière Noctis. Je levai une main, prête à faire surgir un bouclier.

— Je me vois contraint de vous laisser, j'ai maintes choses à régler. Mais nous nous reverrons, soyez-en certains, lança-t-il en reculant avant de s'évaporer.

La magie qui avait figé le train – la stase temporelle, comme l'avait appelée Ardyn – s'atténua progressivement. Il n'y eut plus rien de visible et l'air autour de nous était moins dense. Tout semblait revenu à la normale. Ou presque.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant