Chapitre 105

9 1 0
                                    





D'instinct, mon corps se tendit. Je regrettais de ne pas avoir gardé mes couteaux après mes lancers cette après-midi.

Les quatre hommes s'avancèrent aussi un peu, mais restèrent quelques pas derrière la femme. Je les détaillai rapidement, cherchant surtout à savoir s'ils portaient des armes.

Le premier, celui qui était le plus sur ma gauche, avait le visage caché dans l'ombre d'une capuche. Il avait une stature assez fine dont son survêtement ne cachait pas grand-chose. Ses épaules étaient tendues, ses doigts tapotaient sur ses cuisses. Je ne voyais rien qui n'alarmât mes sens.

Le second, celui qui était le plus en retrait, avait les bras croisés sur la poitrine. Des quatre, il paraissait être le plus âgé, et j'estimais son âge à quarante ans passés. Ses cheveux aussi noirs que ceux de la femme retombaient sur ses épaules. Il avait l'air de porter une sorte de cuirasse en cuir usée qui rendait sa carrure plus imposante qu'elle ne l'était déjà. Il avait un fourreau à la hanche, mais celui-ci était vide. Deux yeux sombres me fixaient avec ardeur et je n'aimais pas ça.

Le troisième homme avait une attitude moins rigide et austère. Son visage était moins fermé, ses yeux étonnamment clairs nous scrutaient tous à tour de rôle et il balançait doucement son buste de droite à gauche, ce qui lui conférait un air un peu enfantin. La longue et épaisse tunique gris foncé qu'il portait était élimée, la ceinture de cuir à sa taille n'avait pas meilleure allure, son pantalon était retroussé sur ses chevilles et il était également pieds nus. J'avais l'impression incompréhensible que quelque chose nous reliait, lui et moi. Quelque chose d'invisible et d'inatteignable, mais qui était pourtant bien là.

Le dernier homme, le plus à droite, se tenait assez près de son confrère que je venais d'étudier. Il avait des cheveux à mi-chemin entre le roux et le brun presque aussi longs que les miens, noués en catogan. Sa tunique à lui était cousue dans une étoffe plus fine et des broderies en ornaient le col. Ses grandes cuissardes me rappelaient un peu celles portées par certains chevaliers que j'avais pu voir dans quelques-uns des livres d'Alban. Il souriait un peu. Je n'arrivais pas à savoir si c'était une bonne chose ou non.

— Qui êtes-vous ? répétai-je plus sèchement.

— Ely, qu'est-ce que tu vois ? Les plans se superposent ? demanda Gladiolus dans un murmure.

— Non, c'est...

— Pardonne-nous, me coupa la femme en avançant d'un pas de plus.

Sans prendre le temps de réfléchir, je lâchai la main de Gladiolus pour me placer devant lui. Ma magie grondait et je fis en sorte que des étincelles crépitent sur mes bras.

— J'étais pressée de te rencontrer et il ne nous a accordé que peu de temps. Nous allons nous rendre visibles pour tes amis.

Elle leva les paumes et un filet vert s'étira entre elles. Lorsqu'elle écarta les bras, il s'étendit et produisit une onde qui les traversa tous les cinq avant de disparaître.

Rien ne changea pour moi.

Je sus que les garçons les voyaient lorsque Gladiolus me poussa derrière lui comme si j'étais un sac de pommes de terre et s'apprêta à invoquer Masamune alors que Noctis lâchait un juron. Je n'avais pas besoin de me retourner pour deviner que lui, ainsi que Prompto et Ignis allaient appeler leurs armes.

— Attendez, leur demandai-je.

Je posai la main sur le bras de Gladiolus pour le tempérer et me plantai à côté de lui.

— Ne fais rien de dingue, m'intima-t-il en laissant retomber son bras.

Je pensais comprendre.

La magie que la femme venait d'utiliser ressemblait à la mienne. Sauf qu'elle était verte et non bleue. Elle avait dit qu'ils avaient peu de temps. Et elle savait que j'étais une Gardienne, alors que c'est un secret quasiment aussi bien gardé que celui de mon existence lorsque j'étais au palais.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant