À l'aube de ce monde

Chapitre 6

Un silence s'installa. Il était donc décidé que j'allais rester, au moins un temps, avec le prince et sa garde royale. Cela m'allait, mais je ne pouvais m'empêcher de trouver le prince un peu trop optimiste malgré son air un peu revêche. Avait-il oublié le moment où j'avais raconté qu'aucun des entraînements reçus n'avait fonctionné ? Plusieurs méthodes avaient été employées, sans réel succès. Je ne voyais pas trop comment les choses pourraient changer cette fois-ci. Peut-être que ça me laisserait un peu de temps pour envisager comment vivre autrement, même si je ne pourrais jamais beaucoup m'éloigner du roi élu.

- Maintenant que vous avez réglé ce... point, fit Iris en se levant - et je lui fus reconnaissante de ne pas dire « problème » -, est-ce qu'on peut sortir ? On a des achats à faire.

Gladiolus allait dire quelque chose mais il fut précédé par Drautos.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de la laisser déambuler sans surveillance.

Comme il était agréable que quelqu'un parle de vous comme si vous n'étiez pas là !

- Avec tout le respect que je vous dois, je ne suis pas une bombe sur le point d'exploser. Et si c'est ce que vous pensez, je ne suis plus capable de faire quoi que ce soit de ressemblant à ce matin pour le moment. À la limite, je pourrais envoyer une vague de magie qui vous chatouillerait les orteils, mais ça n'irait guère plus loin.

- Et puis, on doit acheter des vêtements à Ely, elle n'a rien, renchérit Iris.

Drautos finit par hocher légèrement la tête en se penchant vers le prince.

- C'est vrai, admit-il suffisamment fort pour que tout le monde l'entende. Lorsque je suis allé la chercher, nous n'avions pas le temps de nous attarder. Elle n'a pu prendre qu'une bricole ou deux qui tenait dans ses mains.

Après les recommandations d'usage de Gladiolus qu'Iris semblait connaître par cœur - « sois prudente, ne t'éloigne pas trop, en cas de problème reviens tout de suite ici ou appelle-moi » - nous pûmes quitter l'hôtel.

Nous commencions à déambuler dans les rues marchandes de Lestallum, où le monde affluait, quand je me rappelai que je n'avais pas d'argent. Iris rit lorsque je lui en fis la remarque et me fourra dans les mains un petit étui - un porte-monnaie m'apprit-elle - vert avec un chocobo brodé dessus. Elle m'avoua qu'elle avait pu prendre de l'argent chez elle avant de partir d'Insomnia mais que, avant d'être congédiée vers sa chambre un peu plus tôt, elle en avait également demandé un peu à son frère. Pour me dépanner sans avoir à le lui dire comme ça. Je fus un peu horrifié de penser que si je pouvais m'acheter des vêtements c'était grâce à Gladiolus. J'espérais qu'il ne l'apprendrait jamais.

Iris m'entraîna à travers le marché qui sentait bon les épices et une odeur terreuse de légumes. Les habitants faisaient leurs achats en discutant, certains s'arrêtaient pour grignoter quelque chose tandis que d'autres parlaient des prochaines festivités à venir. La ville était vivante et pleine de joie. Il était difficile de croire que l'Empire rôdait pourtant, prêt à s'emparer lentement du Lucis tout en se faisant passer pour le sauveur du royaume. Bien que je fus dans un état peu reluisant lors de notre trajet jusqu'ici avec Drautos et Iris, j'avais écouté tout ce qui se disait, notamment à la radio. L'Empire avait prétendu qu'une attaque terroriste avait eu lieu, tuant le roi et nombre de personnes présentes à la signature du traité de paix. C'était aussi comme ça que le Niflheim expliquait la présence des barrages à Insomnia et un peu partout ailleurs : pour trouver les coupables et éviter qu'un autre événement similaire ne survienne. Tant de culot de la part de l'Empire m'épatait.

Je sortis de mes réflexions alors qu'Iris me tendait quelque chose.

- Un pull ? m'étonnai-je.

- On ne va pas t'acheter des vêtements que pour l'été quand même, expliqua-t-elle. En plus, les nuits peuvent être fraîches et si tu voyages avec les garçons vous irez peut-être dans des endroits où il fera plus froid.