Chapitre 65

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Comme l'avait prédit Aranea, les impériaux étaient bien moins nombreux le matin venu. Ignis réussit à embarquer la Regalia chargée de nos sacs sans aucun souci et resta à l'intérieur du train tandis que Wedge et Biggs rôdaient autour. J'avais juste attrapé mon téléphone – qu'Ignis avait rechargé tôt le matin parce que je n'avais pas pensé à le faire – et gardé mes fourreaux sous l'œil un peu désapprobateur de Noctis. Je les avais roulés et glissés dans mes poches arrière, ce qui n'était vraiment pas discret. Mais comme je ne savais pas invoquer d'armes, je préférais avoir mes couteaux. Enfin, je réussissais bien à créer quelques trucs parfois, comme un marteau ou une hache, mais il y avait une trop grande part de hasard là-dedans pour que je me repose dessus.

— Ils vont pas nous courir après quand ils vont voir le train partir ? demanda Noctis l'air dubitatif.

— Vous en faites pas pour ça, je m'en occupe, répondit Aranea.

Noctis et Gladiolus lui adressèrent un regard perplexe et elle haussa les épaules.

— L'avantage d'avoir été commandante c'est que mon nom me précède. Et j'ai peut-être démissionné, mais toute l'armée n'est pas au courant. Il n'y a aucun intérêt à le crier sur les toits quand vos généraux ou commandants se font la malle, expliqua-t-elle.

Wedge et Biggs s'avérèrent redoutablement efficaces. Ils avaient repéré les allées et venues des impériaux et s'adossèrent à un wagon, près d'une porte, en fumant une cigarette. Lorsque les soldats qui naviguaient sur le quai furent assez loin, Biggs crocheta la porte du wagon et bloqua sa fermeture. De l'extérieur, elle paraissait fermée, mais c'était notre ticket d'entrée. Les hommes d'Aranea entreront directement dans le wagon de tête. Et, quand sonnera neuf heures, le train partira. À nous d'être à bord à ce moment-là.

N'ayant aucune envie d'être en retard, Aranea, Noctis, Gladiolus et moi nous dirigeâmes vers les quais. L'ancienne commandante nous fit attendre près d'un kiosque à journaux et elle héla les trois impériaux les plus proches. Une fois qu'elle fut en grande conversation avec eux, nous filâmes sans nous précipiter vers le wagon à la porte crochetée. Nous ralentîmes le pas le temps de croiser le second groupe de soldats qui patrouillait et, une fois qu'ils furent assez loin, Gladiolus ouvrit la porte, tenant les soldats à l'œil. Noctis monta à bord sans se faire prier et je fis de même. Quelques secondes après, Gladiolus referma lentement la porte en prenant soin de retirer le mécanisme empêchant sa fermeture.

Nous nous glissâmes ensuite dans l'espace séparant deux wagons, là où il n'y avait aucune fenêtre. L'attente silencieuse commença.

Noctis lorgna plusieurs fois sur son téléphone. L'heure théorique du départ approchait et nous n'avions aucun moyen de savoir si Wedge et Biggs étaient bien montés à bord.

À neuf heures précise l'horloge de la gare sonna l'heure, un long sifflement se fit entendre et le train s'ébranla. Les mercenaires avaient donc bien réussi leur coup. Le train gagna doucement en vitesse à mesure qui nous quittions la gare et aucun cri ne parvint jusqu'à nous. Aranea avait donc convaincu les impériaux que le départ du train était normal.

Ignis nous rejoignit tout juste quelques minutes plus tard et nous nous installâmes au hasard dans un wagon, sur des banquettes face à face, Noctis et Gladiolus d'un côté et Ignis et moi de l'autre. Côté couloir bien sûr, alors que je n'avais aucune raison de vouloir ficher le camp facilement – les habitudes ont la vie dure.

Nous étions tous silencieux, un peu prostrés. Et c'était presque un peu pesant. J'avais le pressentiment que ça ne s'arrangerait pas à mesure que nous nous rapprocherions de Gralea. Mais avant nous avions un arrêt à faire près de Shiva.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant