À l'aube de ce monde

Chapitre 91

An 761, cinq ans et cinq mois après Zegnautus

Hammerhead

Le mois de décembre et l'hiver s'étaient installés confortablement, une couche de neige recouvrant Hammerhead et les environs. Il faisait froid, la terre sèche de la région avait gelé, les créatures se faisaient plus rares – mais pas les daemons, qui n'en avaient que faire des températures.

— Ely, gémit Prompto, ton anniversaire est dans quinze jours et on n'a toujours pas de cadeaux pour toi !

Je ris doucement devant les airs trop sérieux de Prompto et Ignis.

— Alors il ne fallait pas décréter que j'étais née le premier janvier, m'amusai-je.

— Mais il te fallait bien une date de naissance ! s'écria-t-il, presque outré.

— Eh bien, une autre date aurait fait l'affaire. En milieu d'année, par exemple.

— Le roi et Clarus te souhaitaient ton anniversaire au premier janvier, je trouvais que c'était mieux de ne pas changer, m'expliqua-t-il l'air un peu songeur.

Aussi étonnant que ce soit, on ne s'était penché sur ma date de naissance complète qu'assez récemment. Il y avait deux ou trois ans, Prompto et Ignis s'étaient demandé si j'avais une vague idée de mon jour de naissance, à défaut de savoir l'année puisqu'ils se rappelaient que je n'en savais rien et que même le médecin du palais qui m'avait ausculté à mon arrivée n'avait pas réussi à me donner un âge précis. Je leur avais alors dit ce que j'avais déjà confié à Gladiolus peu de temps avant : le roi, puis Clarus une fois qu'il avait mis en place ses visites mensuelles, me souhaitaient mon anniversaire à chaque premier janvier. Le roi n'avait pas toujours fait ça, mais j'avais été secrètement heureuse qu'il vienne me voir ce jour-là et qu'il m'apporte un gâteau encore chaud surmonté d'une bougie. À vrai dire, je me fichais bien qu'on me rapportât quelque chose ; le fait que l'on pense à moi et qu'on prenne la peine de venir me voir me comblait déjà.

Quant à mon année de naissance, et donc mon âge exact, c'était Prompto qui l'avait décidé. Il était le plus jeune du groupe, à peine deux mois le séparait de Noctis. Mais il n'appréciait pas plus que ça être le cadet, parce qu'il était parfois choisi pour certaines choses, comme aider Gladiolus à monter la tente, bien que ça fasse des années que ça n'était pas arrivé. Ça lui donnait aussi l'impression d'être le « petit dernier ». Moi, ça n'était pas une chose qui me dérangeait.

Ainsi avait-il été établi que j'étais née le premier janvier 737. Ce qui conférait à Prompto deux petits mois de plus que moi, et allait me faire entrer dans ma vingt-cinquième année.

— C'est très bien comme ça, lui assurai-je.

— ça ne dit pas quel cadeau te ferait plaisir ! revint-il à la charge.

— Mais je n'en sais rien !

— Réfléchis, alors ! S'il te plaît, ajouta-t-il en faisant une moue d'enfant.

Je cédais un peu trop facilement lorsqu'il faisait cette tête-là.

— C'est vrai qu'on ne serait pas contre un petit coup de main, insista l'air de rien Ignis.

— D'accord, d'accord, ris-je en réfléchissant. Je ne les porte plus très souvent, mais je n'ai jamais eu de fourreaux pour mes dagues. Ça peut-être une idée, non ?