Chapitre 86

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Je me réveilla avec la sensation d'être passé sous un camion. Plusieurs fois.

Et avec le sentiment qu'une partie de moi s'était fait la malle. Naïvement, je cherchai le lien, je cherchai le Cristal et Bahamut. Bien sûr, je ne trouvais qu'un vide abyssal qui m'enserra le cœur.

En m'asseyant, je vis grâce aux néons extérieurs que Gladiolus dormait encore. Il était dos à moi et j'avais ainsi tout le loisir d'observer le corps de l'aigle tatoué dans son dos. Il n'y avait pas eu que du mauvais, cette nuit.

J'effleurai du bout des doigts quelques plumes, casant dans un coin de ma mémoire leur forme, leur taille et leur emplacement. Gladiolus frémit à mon contact.

— ça chatouille, dit-il d'une voix encore ensommeillée.

— Désolée, chuchotai-je.

Il se redressa à son tour, passa une main dans ses cheveux bruns.

— J'aime bien te voir porter mes affaires, lança-t-il à mi-voix en tirant sur la manche de mon tee-shirt.

— C'est Monica qui... Attends, quoi ? m'exclamai-je en écarquillant les yeux.

Son rire retentit alors qu'il s'étirait.

— Tu croyais que c'était Monica qui te les avait apportés ?

— Oui !

— Je sais que je ne suis pas toujours facile, fit-il lentement en se penchant vers moi. Mais j'essaie de veiller sur toi, d'une certaine façon.

Il posa son front contre le mien et, instinctivement, je couvris sa joue de ma main. Dire que je portais ses vêtements toutes les nuits sans le savoir... Est-ce que ça me gênait ? Bien sûr que non.

— à ton avis, ajouta Gladiolus, qui a déposé les plateaux-repas devant ta porte à Lestallum ?

— Iris, répondis-je du tac au tac. Mais comment est-ce que tu...

Ma question mourut dans ma gorge.

— Toi, soufflai-je.

Il hocha la tête et s'écarta de moi pour frôler mon front de ses lèvres.

— Mais tu me donnais l'impression d'à peine tolérer ma présence, confiai-je. Pourquoi, alors ?

— Personne ne te connaissait. Drautos t'a sortie de nulle part en disant que tu possédais une magie jamais vue. Je suis le bouclier du roi, mon boulot c'est d'être méfiant et de protéger Noct. Mais il y avait aussi une part de moi qui...

Il ne termina pas sa phrase. Il en avait soit trop dit, soit pas assez. Mais il ne pouvait pas s'arrêter ainsi.

— Une part de toi qui ? répétai-je en levant les yeux vers lui.

— Rien, marmonna-t-il en fronçant les sourcils.

— Tu as commencé cette phrase, tu dois la finir.

Il haussa un peu les sourcils. Moi aussi je me trouvais culottée.

Devant mon air insistant, il finit par céder, ce qui m'étonna. Il m'attira à lui pour poser son menton sur ma tête.

— Il y avait une part de moi qui était intriguée par toi. Qui voulait te connaître. Mais je devais penser à Noct avant de penser à ce que moi je voulais.

Je dessinai du bout des doigts les plumes encrées sur l'un de ses bras, un peu émue par son aveu.

Je bougeai pour pouvoir le regarder. Il avait son habituel air un peu revêche, mais je voyais autre chose dans ses yeux. Ce que je pouvais y lire réchauffa jusqu'au plus profond de mon âme.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant