À l'aube de ce monde

Chapitre 51

Il n'y eut aucun changement durant la journée suivante.

Noctis, Prompto et Gladiolus avaient passé une partie de la journée penchés sur des cartes, à noter les emplacements des tombeaux royaux et à prévoir différents itinéraires. Lunafreya s'inquiétait pour Noctis, mais elle ne pouvait le montrer trop ouvertement. Son devoir l'Oracle était de l'épauler et de l'aider, le guider quand elle pouvait. Elle avait peur pour lui, certes. Elle sentait son cœur se serrer rien qu'à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose. Mais il était le roi élu. Le Lucis avait besoin de lui. Tout Éos avait besoin de lui pour lutter contre les Ténèbres envahissantes.

Lunafreya passa un petit moment au chevet d'Elyvana, à lui parler alors qu'elle lui passait un linge humide sur la peau. Elle avait tiré la couette et remarqué la blessure sur la cuisse de la Gardienne. Elle avait été nettoyée à la hâte et un peu de sang avait continué à couler.

L'Oracle avait encore du mal à croire qu'elle avait été réellement morte durant plusieurs minutes et que c'était cette jeune fille, si pâle et à l'air si fragile, qui lui avait rendu la vie. Elle lui serait à jamais reconnaissante du don qu'elle lui avait fait et elle tâcherait de trouver comment la remercier. Mais fallait-il qu'Elyvana se réveille pour cela.

Ignis semblait confiant lorsqu'il disait que le Cristal ne laisserait pas sa Gardienne dans cet état. Lunafreya croyait ses paroles, mais... et s'il ne pouvait rien faire ? Il avait été emmené à Gralea, et peut-être que l'Empereur avait trouvé un moyen pour contenir son pouvoir à défaut de le maîtriser. Ou peut-être mettrait-il des années à réveiller sa Gardienne.

Déçue de ne pouvoir faire plus, la jeune femme décida de quitter la chambre.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec un homme plus grand que Noctis, aux cheveux aussi gris que Lunafreya les avait blond, et drapé dans un long manteau blanc bardé de broderies grises.

— Ravus..., souffla-t-elle en reculant.

Il s'avança et referma lentement la porte derrière lui. Il jeta un bref regard au corps endormi d'Elyvana avant de reporter son attention sur Lunafreya. Il avait des traits similaires aux siens, fins et beaux, mais avait un menton plus droit et un regard plus strict. Ses cheveux masquaient une partie de son visage.

— Petite sœur, dit-il à voix basse.

Le regard de celle-ci fut attiré par un éclat lumineux se reflétant sur son bras.

— Alors c'est vrai, dit-elle avec tristesse, tu as vraiment perdu ton bras dans l'attaque d'Insomnia.

Ravus grimaça. Cette nouvelle avait rapidement fait le tour d'Éos. Le Grand Commandant du Niflheim avait perdu son bras ! Quelle ironie pour un combattant. Mais l'Empereur lui avait fait cadeau d'un nouveau membre, joyau de la technologie magitech. Un bras mécanique, plus puissant et résistant, mais dont il percevait tout de même chaque sensation.

— J'en ai un autre, comme tu peux le voir.

L'opération lui avait fait un mal de chien. Ça avait duré des heures, durant lesquelles il avait oscillé entre une demi-conscience insupportable et des évanouissements bienvenus. Mais pour que les raccords nerveux puissent être optimaux, aucune anesthésie ne pouvait être utilisée.

— Comment as-tu pu arriver jusqu'ici ? interrogea Lunafreya en continuant de reculer pas après pas jusqu'à buter contre une petite table.

Ravus était son frère. Elle lui avait porté un amour fraternel, incommensurable. Elle aurait tout donné pour lui, ce grand frère protecteur qui avait veillé sur elle tant d'années. Mais, alors que Lunafreya devenait Oracle, Ravus avait changé. Il devenait distant, s'absentait beaucoup. Puis il était entré dans l'armée de l'Empire. C'était à ce moment-là qu'elle avait vraiment perdu son frère.