Chapitre 48

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Je visai juste à chaque fois. Un couteau entre les yeux ou dans le cœur. L'épée d'un soldat magitech ne passa pas loin de moi mais je pus l'éviter d'un écart. J'entendis juste après un son métallique m'indiquant que quelqu'un croisait le fer avec lui.

Ignis ne paraissait pas en difficulté, il esquivait aisément les coups. Les deux soldats d'Accordo se défendaient bien, néanmoins l'un d'eux semblait vite s'essouffler.

J'avais attrapé les Volessences que j'avais coincées dans les passants de la ceinture de mon short et me battais au corps-à-corps. Les impériaux me posaient un peu plus de soucis à bout portant qu'à distance ; ils s'avéraient plus forts que ce que je pensais.

Un rugissement à faire trembler les murs fit vaciller mon attention et je n'évitais qu'à moitié la lame de mon adversaire. Elle mordit ma cuisse, mais moins profondément que les crocs du sahuagin la veille. Décidément, cette ville en veut à mes jambes.

— L'Hydréenne ! cria un soldat d'Accordo en mettant son adversaire au tapis.

Elle était en train de s'élever au-dessus de toutes les bâtisses d'Altissia. Immense, démesurée. Léviathan ressemblait à un serpent titanesque à la tête affinée et allongée, de puissantes nageoires parsemant son corps.

Par la ruelle, je vis une vague haute de plusieurs mètres se dresser derrière la déesse et, dans un claquement de queue, elle la projeta vers la ville. Les premiers bâtiments près de l'autel stoppèrent le gros de la vague qui leur causa sûrement quelques dommages. Le niveau des canaux remonta très vite et nous finîmes par avoir les pieds dans quelques centimètres d'eau.

Ignis cria aux derniers bateliers encore là de se dépêcher et de faire attention. Le troisième soldat d'Accordo répondit quelque chose et monta dans la dernière gondole. Sa voix fut rapidement couverte par les grondements de Léviathan qui faisait claquer son impressionnante mâchoire, comme si elle ponctuait des phrases.

Un soldat magitech se rappela à mon bon souvenir et je l'évitai de justesse, roulant dans l'eau. Je me relevai en vitesse et m'élançai vers les dépouilles des robots que j'avais abattus. Je récupérai ainsi trois de mes couteaux et en lançai aussitôt un sur le soldat qui avait tenté de m'attaquer. La lame se planta dans sa nuque. Son corps sursauta, il fit quelques pas saccadés et s'écroula.

Nous étions à présent à égalité. Quatre contre quatre. Sauf que je n'avais plus d'adversaire et que l'un des soldats d'Accordo semblait en mauvaise posture, pris en sandwich entre deux impériaux. Je me précipitai vers lui, passant à côté du robot inerte que je venais de gratifier d'un couteau dans la nuque. Je récupérai ma lame au passage et la glissai dans un fourreau, serrant un peu plus fermement les Volessences dans mes mains.

Je plantai avec force les deux dagues en haut du dos d'un impérial. Il leva son épée pour faire volte-face – c'était un peu déstabilisant que les soldats magitech ne témoignent d'aucune douleur – mais je pesai de tout mon poids sur les poignées de mes armes. Dans un crissement métallique, elles traversèrent son dos, créant des gerbes d'étincelles et dévoilant l'intérieur mécanique du robot humanoïde. Le soldat d'Accordo se débarrassa de l'autre impérial et m'adressa un signe de tête.

— Mais ça n'arrêtera jamais ! m'écriai-je.

Je pensais qu'on aurait un moment de répit, mais c'était sans compter sur le troisième vaisseau qui se tenait maintenant entre les deux autres au-dessus de la place. Il était également en train d'ouvrir ses portes mécaniques.

Je comptais dix soldats alignés, attendant de pouvoir sauter.

— Tenez-moi ça, marmonnai-je au soldat que je venais d'aider tandis que son confrère mettait KO le dernier impérial sur la place.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant