Chapitre 11

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Je retournai pour la troisième fois tous les tiroirs de ma chambre, en vain. Je me mis à vider l'armoire de son contenu - les vêtements achetés avec Iris ainsi que mes couteaux, leurs fourreaux et la pierre à aiguiser - et poussai enfin une exclamation triomphale. J'étais certaine d'être partie d'Insomnia avec, il ne pouvait pas être caché bien loin ! Je serrai le petit carnet contre moi. Bon, maintenant...

Je n'étais pas passée loin de m'étouffer quand Prompto avait annoncé que Clarus était le père d'Iris et Gladiolus. À bien y penser, c'est vrai qu'ils avaient tous deux une carrure similaire et, peut-être, la même mâchoire. Clarus était juste plus avenant que son fils.

J'avais expliqué à Prompto que le garde royal était venu me voir la veille de l'attaque de l'Empire à Insomnia. C'était surprenant, car Clarus avait pris l'habitude de passer une fois par mois, en fin de journée. Il apportait toujours avec un peu de gâteau et un livre qu'il déposait sur la table de ma dépendance. Il me parlait un peu, posait des questions, voulait savoir comment se passaient les leçons et les entraînements. Parfois, il me donnait même des conseils pour le combat.

J'avais vu Clarus une semaine avant sa visite inattendue et il ne s'était rien passé de notoire. Il n'y avait donc pas de raison qu'il revienne aussi rapidement. Ce soir-là, il était un peu plus tard qu'à l'accoutumée et j'étais dehors. Il m'a fait signe de le suivre à l'intérieur et a refermé la porte derrière moi. Il a déposé un petit carnet en cuir, un peu râpé et maintenu fermé par une cordelette. Un sceau en cire avait été apposé dessus, attestant que le carnet n'avait pas été ouvert depuis qu'il avait été scellé.

- Je voudrais que tu gardes cela avec toi, a-t-il dit à voix basse. Aussi longtemps que nécessaire.

Je ne voyais pas trop où il voulait en venir, mais c'était dans mes cordes de ranger ce carnet quelque part et de l'y laisser.

- Si un jour tu en as l'occasion, et je pense que ça arrivera... remet-le à mon fils, je te prie.

Il n'avait rien ajouté de plus. Il s'était levé et était reparti comme il était venu, laissant simplement le carnet sur la table. Je l'avais déposé près de mon lit, avec le livre qu'il m'avait amené la semaine précédente et que j'avais commencé à lire.

Le lendemain, l'attaque eut lieu. Je sentis le sol vibrer, entendis des cris et sentis le Mur autour d'Insomnia s'effondrer. J'étais prostrée dans un coin de ma dépendance lorsque Drautos était arrivé en trombe, me tirant par le bras et me sommant de le suivre. J'avais pu attraper le carnet et une ou deux autres choses dans mes mains, dont mes couteaux enroulés dans des pochettes en tissu, rien de plus.

Avant de remonter en vitesse dans ma chambre j'avais expliqué tout ça à Prompto. Le hasard faisant bien les choses, il avait reçu dans la foulée un message du prince annonçant qu'ils avaient fini leurs achats et rentraient. C'était vraiment quelque chose de fascinant, les téléphones.


**


Gladiolus attrapa le carnet. Il observa un instant le sceau, hésitant peut-être à le briser. J'avais redit exactement la même chose qu'à Prompto, mais devant tout le monde cette fois. Et je n'arrivais pas à déterminer si le garde avait l'air curieux ou contrarié. Ça n'avait pourtant rien à voir.

- Donc comme ça, tu connaissais mon père ?

C'était étrange comment cela sonnait plus comme un reproche que comme une question.

- Alors que lui ne nous a jamais parlé de toi.

C'était définitivement un reproche. Ou quelque chose du genre.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant