Le temps ne m'avait jamais paru aussi long. Les minutes étaient au moins des heures. Ne sachant pas si ma lampe tiendrait le coup toute la nuit, je l'avais éteinte dans un premier temps pour l'économiser. L'absence de lumière combinée au fait d'être provisoirement coincée dans un boyau sous terre avec pour seule compagnie un hobgobelin eut raison de mon calme ; je la rallumai bien vite.
Je m'occupais comme je pouvais. Un temps assise, un moment debout à faire les cent pas, je trottinais même pour me maintenir éveillée quand je sentais que j'étais proche de sombrer. Je me racontais des histoires, essayant de me rappeler ce que j'avais pu lire au fil du temps. J'entrepris même de graver des mots sur le sol avec un coupe-papier. C'était long et fastidieux, et mes paupières menacèrent de se fermer plus d'une fois. Je m'avouais vaincue après avoir seulement réussi à inscrire le nom de Prime ainsi que les initiales des garçons : N, I, P et G. Si quiconque passait par ici, et il y avait peu de chance que ça arrive, ça ne lui parlerait pas, ou en tout cas pas spontanément. Et heureusement, car je me rendis compte un peu tard que c'était puéril.
Le hobgobelin restait dans les environs, gargouillant et grattant les murs. Il s'éloigna une ou deux fois, mais finit par revenir. Il s'approcha également de la brume scintillante à plusieurs reprises et, à chaque fois, fronça son affreux nez quand il était trop près. Je le surveillais et il en faisait de même.
Enfin, alors que je somnolais sans en avoir conscience, le hobgobelin me fit sursauter. Ses gargouillis furent remplacés par des cris stridents et il s'acharnait tellement sur les murs qu'il allait finir par creuser sa propre galerie. Ma lampe me permit de voir une espèce de bouillon noir glougloutant grandir à ses pieds et commencer à remonter le long de ses jambes. Puis, se débattant toujours, il fut aspiré vers le sol. Quand le bouillon l'eut complètement englouti, il disparut comme il était venu.
C'était donc ainsi que les daemons... s'évaporaient ? Je ne m'étais attendue à rien, mais c'était tout de même surprenant. Quand j'avais pensé qu'une fois le hobgobelin disparut, je pourrais reprendre ma route, je pensais surtout qu'il irait se chercher un coin où se terrer, voire dormir.
J'attendis, par précaution. Je n'avais aucun moyen de savoir quelle heure il était et la sortie du souterrain était trop loin pour que la lumière du jour s'infiltre jusqu'ici.
— Allons-y, m'intimai-je après un long moment.
Je plaçai les sangles de mon sac sur mes épaules après en avoir sorti une lanière en cuir. Ces petites choses me suivaient presque partout et se révélaient fort utiles. J'utilisai la lanière pour attacher l'un des coupe-papiers à ma hanche. L'autre, je le tenais fermement.
— Aller, il n'y a qu'un kilomètre à faire pour sortir, m'encourageai-je.
Et il y en avait trente autres qui m'attendaient après ça.
**
J'avais faim et soif. Je n'avais pas bu ni mangé, depuis plus de vingt-quatre heures. Mais le besoin pressant de me désaltérer devint insupportable lorsque je me retrouvai dehors, sous le soleil, après avoir marché un ou deux kilomètres.
Ma bouche était pâteuse, ma gorge me faisait mal et je ne pensais plus être capable de prononcer le moindre mot. Chaque ombre projetée par un rocher ou même par un buisson à moitié desséché semblait m'attirer. J'ai eu toute la nuit pour me reposer au frais, me morigénai-je.
Alors j'avançai, un pas après l'autre, le soleil tapant sur ma tête. Pourquoi est-ce qu'il faisait deux fois plus chaud ici qu'à Cap Caem ?
— Un pied devant l'autre, marmonnai-je d'une voix râpeuse.
![](https://img.wattpad.com/cover/354091677-288-k811264.jpg)
VOUS LISEZ
À l'aube de ce monde
Fanfiction[Fanfic Final fantasy 15 avec OC] « Là-bas je n'avais pas à me demander qui j'étais. Je me contentais d'être. » Élevée seule et isolée du reste du monde, on la dit dotée d'une magie incroyable. Quand la capitale royale tombe aux mains de l'Empire et...