Chapitre 7

20 2 7
                                    




Effectivement je ne faisais pas partie du « on » qui se rendait au disque de Cauthess.

Il y eut une autre secousse tôt le matin, qui me tira du lit. Elle fut aussi brève que celle de la veille et moins puissante. Entendant du mouvement dans le couloir, je passai la tête dans l'entrebâillement de ma porte. Je vis Iris faire la même chose et, quelques instants plus tard, Ignis apparaissait dans le couloir. Il était impeccablement coiffé et habillé, sa chemise ne présentant pas un seul faux pli. Par réflexe je passai une main dans mes cheveux désordonnés. Ignis nous salua brièvement tout en frappant à la porte entre la mienne et celle d'Iris. Il fut rejoint en quelques enjambées par Gladiolus, que je n'avais même pas vu sortir d'une chambre.

Le prince ouvrit sa porte et je ne pus voir que son profil à moitié dissimulé par sa main massant sa tempe. Il disparut quelques secondes avant de sortir dans le couloir en enfilant sa veste. Ignis hocha la tête à une parole inaudible et alla frapper à une porte en face. Prompto ouvrit presque aussitôt et je n'entendis pas ce qu'il dit, la voix de Gladiolus couvrant la sienne.

— Toi, dit-il en pointant un doigt vers moi. Tu restes ici. Pas de vague.

— Gladio ! s'exclama alors Iris.

Je n'étais pas vraiment sûre de m'habituer un jour à ce qu'on parle de moi comme si je n'étais qu'un vase.

— Sauf que moi je veux sortir ! Drautos n'est pas très marrant et je suis plus en sécurité avec Ely que seule. Alors, allez faire votre truc et laissez-nous aller nous balader, compléta-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

Son frère soupira et se pinça l'arête du nez. J'étais épatée qu'un si petit bout de femme puisse tenir tête à un mastodonte comme lui - et avoir gain de cause, qui plus est.

Ce ne fut qu'à ce moment-là que je remarquai que Gladiolus ne portait qu'un débardeur à larges bretelles, dévoilant l'entièreté de ses bras jusqu'à ses épaules. Les tatouages que j'avais vus deux jours plus tôt remontaient en fait le long de ses bras, les couvrant presque intégralement de traits noirs. Je ne comprenais toujours pas ce qu'ils représentaient, mais je pus voir qu'il y avait des plumes.


**


Iris l'ayant emporté, une fois le prince et sa garde partis - Drautos prévenu de notre « autorisation de sortie » -, nous pûmes aller nous balader. Notre premier arrêt fut le belvédère que nous avions juste eu le temps d'apercevoir lors de notre arrivée à Lestallum.

La secousse venant du disque de Cauthess ayant réveillé toute la ville aux aurores, nous étions loin d'être les seules à avoir eu l'idée de profiter du lever du soleil. Ça ne nous empêcha pas de nous asseoir sur le muret du belvédère, les jambes dans le vide, et d'observer le soleil qui commençait sa course. C'était beau, un peu magique, même. Un moment suspendu dans le temps. Je n'avais jamais rien vu de tel. Et je compris que le monde, celui qui s'était toujours étendu derrière le mur d'enceinte du palais, recélait de nombreuses merveilles.

Iris semblait vouloir parcourir toutes les rues de Lestallum. Ce n'était pas pour me déplaire, alors nous passâmes une partie de la journée dehors, nous arrêtant à l'heure du déjeuner sur la place pour manger un peu. Elle parlait beaucoup, ce qui s'avérait parfois salutaire pour moi qui ne savais pas quoi dire.

Nous avions traversé le marché et de petites ruelles qui menaient vers la centrale électrique. Nous nous étions assises sur une palette en bois abandonnée et Iris m'avait expliqué que c'était les femmes qui faisaient en majeure partie fonctionner la ville et qu'il n'y avait d'ailleurs pas un seul homme qui travaillait à la centrale. Elle semblait énormément apprécier cette notion d'indépendance féminine et débordait d'enthousiasme.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant