Chapitre 14

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Et voilà comment je me retrouvais avec une dague dans chaque main, Ignis à moins d'un mètre tentant de me faire prendre une position correcte, et Gladiolus assis plus loin sur l'un des fauteuils du campement.

— Décrispe les épaules, détends-toi.

Je soufflai, pas pour râler mais effectivement pour essayer de me détendre. J'avais du mal à tenir correctement les dagues qu'Ignis était allé chercher dans le coffre de la Regalia. Il m'avait expliqué que je pouvais parer des coups avec les lames, en veillant à leur inclinaison pour ne pas les abîmer, et diriger les pointes vers mes coudes pour attaquer. Ça me paraissait étrange cette façon d'attaquer avec les avant-bras. Et j'avais la sensation que j'allais me taillader à tout bout de champ.

— C'est mieux.

— Je ne peux vraiment pas les tenir comme une épée, la lame devant moi ? demandai-je avec espoir.

— Ta prise serait moins ferme et les dagues auraient moins de force. Tes coups feraient moins de dégâts, expliqua Gladiolus.

Est-ce que « moins de dégâts » ça ne restait pas mieux que « pas de dégâts du tout » ? Je ne m'aventurai pas à poser la question.

— Tu ne peux pas toujours te battre pour t'enfuir. La plupart du temps, tu devras te battre pour neutraliser tes adversaires, ajouta Ignis.

— Ce qui serait vachement plus facile avec l'aide de ta magie si seulement tu savais t'en servir.

Il suintait vraiment l'animosité.

— Je sais m'en servir, au moins un peu, ne puis-je m'empêcher de marmonner. Pas tout le temps, c'est vrai, ajoutai-je en croisant le regard d'Ignis.

Il dut avoir pitié de moi, car il me permit de tenir mes dagues autrement, pointes en avant. Je fus un peu plus à l'aise et il en profita pour me montrer quelques mouvements simples. Il n'était pas difficile de les retenir, un peu plus de les exécuter convenablement.

Nous nous arrêtâmes pour déjeuner en silence, Gladiolus n'ayant pas bougé de son point d'observation. Hormis son intervention pendant mon entraînement avec Ignis, si l'on pouvait appeler ça un entraînement, il m'avait simplement adressé la parole pour me demander de déposer mes couteaux. Et éviter de les porter pour le moment. « Pour le moment » voulant sûrement signifier « tant que je ne serais pas sûr que tu ne risques pas de nous prendre pour des cibles ambulantes lorsque l'un de nous aura le dos tourné ». Ou quelque chose du même acabit.

Ignis me remit les dagues dans les mains et je me sentis aussitôt dépitée. Ce sentiment fut vite remplacé par la curiosité : à l'instar de l'autre garde avec son épée, il fit apparaître deux dagues, dont le métal des lames était à mi-chemin entre le noir et le bleu nuit. Seul le tranchant était d'un gris assez commun. Elles étaient magnifiques.

— Comment vous faites ça ? m'enquis-je.

— Comment on fait quoi ? fit Ignis en s'approchant.

— Faire apparaître vos armes comme ça, comme si elles sortaient de nulle part.

— Tu ne sais pas faire ça ? lança Gladiolus.

Je soupirai en fermant les yeux. C'était possible de si peu écouter les gens quand ils parlaient ?

— Non, dis-je entre mes dents. Pour la énième fois, tout ce que je sais faire c'est lancer des couteaux. Pour ma magie, vous l'avez vue de vos propres yeux. Quant au le reste : je ne sais rien faire. Rien. Voilà.

C'était un peu pénible de devoir sans cesse rappeler à quel point on était mauvais en tout.

Ignis allait dire quelque chose mais Gladiolus fut plus rapide.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant