À l'aube de ce monde

Chapitre 82

La prison de métal du Cristal était parfaitement identique à ce que j'avais pu en voir en vision ou lors de la superposition des plans. Bien qu'il ait été déplacé du palais impérial à Zegnautus avant que nous n'arrivions à Gralea, je me rappelais n'avoir perçu aucun changement de décor. Soit les deux salles étaient parfaitement identiques, soit celle du palais était en réalité une illusion basée sur Zegnautus. Mais comment savoir avec Ardyn, qui m'avait montré le Cristal au palais alors qu'il était déjà à la forteresse volante ? Il était vicieux et maîtrisait très bien ses illusions. On ne pouvait y déceler la vérité que s'il le voulait.

Nous étions entrés tous les cinq et nous nous tenions en arc de cercle sur la passerelle circulaire entourant le Cristal.

Bien plus grand que n'importe lequel d'entre nous, il présentait toujours cet aspect iridescent. Sa lumière était plus douce que dans les premières visions que j'avais eues de lui. Si je m'approchais un peu plus, il émettait une légère vibration que je ressentais jusque dans ma tête. C'était à la fois déroutant et apaisant.

— Ce doit être le lien vous unissant qui devient tangible, en quelque sorte, suggéra Ignis après que j'eus expliqué ce que je ressentais.

J'étais un peu sceptique. Il était fort probable que ce soit cela, néanmoins, s'il s'agissait vraiment du lien entre le Cristal et moi, je ne saisissais pas pourquoi il ne s'était jamais manifesté avant. Pas même de façon brève. Était-ce dû au fait que je n'avais accepté ce que j'étais réellement qu'il y avait peu, à Altissia ? Que Bahamut reste silencieux tout ce temps, passe encore. Mais pourquoi est-ce que je ne pouvais pas ressentir le lien ?

Je secouai la tête et chassai ces questions de mon esprit. À part Bahamut, personne ne pourrait me répondre avec certitude. Et lui ne me répondrait sûrement pas tout court.

— On fait quoi, maintenant ? soufflai-je en effleurant le bouclier transparent du Cristal.

— Je l'envoie à Insomnia, rétorqua Noctis.

— Sois prudent, l'enjoignit Ignis.

— On surveille tes arrières, lança Gladiolus en se tournant vers le seul accès.

Je me reculai et m'écartai pour rejoindre Prompto. Saisissant l'un de mes couteaux, je me mis à le faire tourner entre mes doigts. Quant à lui, il invoqua Coyote, se tenant prêt à toute éventualité. Gladiolus se plaça devant Noctis, de façon à faire barrière entre lui et la porte si quelqu'un venait à entrer. Ignis était de l'autre côté, les Assassines en main.

Noctis inspira à fond et tendit une main vers le Cristal chatoyant.

Le chant du Dragonéen m'emplit le crâne durant une brève seconde et s'arrêta aussi brusquement, comme si quelqu'un avait coupé le son. Il ne subsista que la vibration à laquelle je m'habituais déjà. Je ne comprenais pas pourquoi il réagissait ainsi à la présence de Noctis. C'était ridicule, il était le roi élu choisi par le Cristal...

Sa réaction n'était pas due à Noctis.

Je levai la main tenant mon couteau.

— Ardyn ! pus-je seulement crier.

La porte s'ouvrit à la volée et je lançai ma lame en même temps.

Je ne sais comment, Ardyn réussit à la stopper à quelques millimètres de son front sans même bouger. Il écarta le couteau avec deux doigts, son insupportable rictus collé aux lèvres et s'avança vers nous. Son épais manteau virevoltait autour de ses jambes, ses yeux étaient à moitié cachés par le rebord de son chapeau, ses foulards entremêlés cachaient presque entièrement son cou.