Chapitre 96

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[Retour POV Ely]


An 764, huit ans après Zegnautus

Hammerhead


Cela faisait jour pour jour huit ans que Noctis avait été englouti par le Cristal.

Et j'avais vaguement l'impression que la vie perdait de son sens à chaque jour qui passait.

Ma magie continuait de décliner. Et je savais que je ne tarderais pas à décliner à mon tour. Mes boucliers n'étaient plus que l'ombre d'eux-mêmes : je n'arrivais plus qu'à en créer de petits et pour quelques secondes seulement. Je soignais toujours, mais plus laborieusement. C'était plus long, plus épuisant et parfois moins probant. Je parais à l'urgence. Pour le reste, les chasseurs devaient compter sur eux-mêmes. Personne à Hammerhead ne me le reprochait. Il y avait bien quelques regards un peu contrits, surtout de la part de ceux qui étaient là depuis longtemps. Cid, Takka et Cindy, bien sûr, Dave quand il passait, toujours avec Evan et Luciana, Alaric, Harvey, Dominik. Même Logan, bien qu'il fasse partie des ombres, ici. Il ne se mêlait toujours pas aux autres, ou en de très rares occasions. Lorsque ce fut lui qui commença à me regarder d'un drôle d'air, je compris que tout le monde se rendait compte que ma magie me quittait.

Gladiolus était de moins en moins présent. Il s'absentait longtemps, rentrait tard et partait tôt. Souvent, je ne le voyais que le temps d'un instant.

Il ne me parlait qu'à peine. Ne me touchait plus. Ne m'approchait même pas.

J'étais redevenue une étrangère dans sa vie.


**


Tôt ce matin-là, il fourrageait dans son sac, s'apprêtant à repartir.

— Tu as envie de t'installer à Lestallum pour retrouver Iris ?

Son mouvement se suspendit un instant, mais il ne me répondit pas tout de suite.

— Tu veux que je m'en aille ?

— Je n'ai jamais dit ça !

— Il faut que je parte.

Son ton était sec, un peu tranchant. Il se releva en évitant mon regard. Je posai la main sur son coude et il me regarda enfin.

— ça ne va pas, n'est-ce pas ?

— Peu importe, répondit-il en fronçant les sourcils.

— Moi, ça m'importe.

Il se libéra sans peine et sorti du mobil-home sans un regard. Sans un mot. Son silence me hurlait au visage que rien n'allait.

Je retins la porte avant qu'elle ne se ferme et descendis sur la première marche.

— Gladio... Qu'est-ce qu'on est devenu ? lançai-je d'une voix tremblante.

Il s'arrêta, bien droit, les muscles de ses épaules saillants.

S'il répondit quelque chose, je ne l'entendis pas.

Par contre, j'entendis la voix parasite d'Hector qui avançait vers les mobil-homes en compagnie de Renan – de vrais siamois, ces deux-là.

— C'est bientôt fini pour moi, l'entendis-je dire. Elle m'a dit oui, qu'elle était sûre. C'est le moment.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant