Chapitre 98

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An 764, huit ans et trois mois après Zegnautus

Hammerhead


L'hiver n'allait pas tarder à s'installer.

Moi, je voyais à peine le temps défiler. J'errais, je faisais ce que j'avais à faire dans la mesure du possible. J'étais là sans l'être. Je ne me mêlais plus que rarement aux autres. Je ne côtoyais vraiment plus qu'Ignis et Prompto. J'étais aussi morose que la météo de ce mois d'octobre.

J'avais toujours aimé la joie communicative de Prompto mais je n'y étais plus réceptive. J'essayais de rire et de sourire, bien sûr, de donner le change. Tout le monde devait se rendre compte que ça sonnait faux.

Je n'avais plus goût à grand-chose. Je faisais des efforts quand même, pour ne pas être le boulet que l'on se traînait par obligation. Alors je tentais de faire bonne figure en public, mais derrière les portes closes des mobil-homes, du mien ou de celui de Prompto où séjournait aussi Ignis lorsqu'il était là, j'ôtai mon masque.

Quand j'étais seule, le soir, je notais quelques mots dans le carnet que Gladiolus m'avait offert pour mes vingt-cinq ans. Ou alors je relisais des passages que j'avais écrits au cours des trois dernières années. J'avais essayé d'être assez concise et relater les grandes lignes de mon voyage auprès des garçons. J'étais heureuse de pouvoir m'y replonger un instant.

Même si c'était fugace.

Ces moments où nous étions tous ensemble.

Je voyais encore le crépuscule civil observé avec Gladiolus à Cap Caem.

Je chérissais ces instants plus que tout.



**


An 765, huit ans et sept mois après Zegnautus

Hammerhead


Ma magie filait entre mes doigts.

Depuis plusieurs mois – depuis le départ de Gladiolus, pour être honnête – elle avait faibli plus rapidement que depuis que Bahamut avait brisé notre lien. Je la sentais qui m'échappait, qui pulsait de moins en moins fort contre mon cœur. Elle ne me réchauffait plus. Même ses picotements étaient moins mordants.

Je ne soignais plus que quelques chasseurs.

C'était pour cela que j'avais toujours voulu rester à Hammerhead : pour guérir les autres. Parce que c'était ainsi que je me sentais utile et à ma place. Parce que j'avais un rôle à jouer. Mais même cela, je n'en étais presque plus capable.

J'avais des nouvelles d'Iris de temps en temps, et elle en profitait en général pour me glisser une petite phrase à propos de son frère. Je ne savais pas ce qu'il lui avait dit lorsqu'il était arrivé à Lestallum, mais, souvent, elle insistait pour savoir comment j'allais vraiment. Peut-être que je lui mentais un peu, pour ne pas l'inquiéter.

Prompto et Ignis n'avait pas besoin de mes mots pour se rendre compte des choses. Peut-être qu'Ignis en touchait deux mots à Iris et Lunafreya pendant ses séjours réguliers à Lestallum. Bien que je ne susse pas ce que cela pouvait changer. Lestallum me paraissait si loin. Comme dans une autre vie.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant