Chapitre 101

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Finalement, Takka avait été plus rapide que moi et, grâce aux informations de Prompto et d'autres chasseurs, il avait pu trouver un oncle de Renan ainsi que deux cousins vivants près du bassin de Risorath. Il y avait une longue route à faire pour relier les deux lieux et nous n'avions plus de véhicules pouvant transporter un corps réfrigéré. Celui d'Hammerhead avait fait une malheureuse et explosive rencontre avec des bombos qui ne lui avait laissé aucune chance. Les chasseurs à son bord s'en étaient sortis presque indemnes, fort heureusement.

Avant que son oncle ne vienne le récupérer avec l'un de ses cousins, j'allais voir une dernière fois Renan. Même si je n'avais guère apprécié qui il était, j'avais été là lors de ses derniers instants. J'en étais même responsable. Je devais lui dire adieu. Et je le fis, le cœur toujours lourd de ce que j'avais fait. Un jour, ce sentiment s'atténuerait. Du moins, je l'espérais.

La vie continua son cours à Hammerhead presque comme si de rien n'était. Les jours qui suivaient la perte d'un chasseur étaient toujours un peu tendus, d'autant plus que cette fois elle avait été causée par la femelle bandersnatch qui s'était installée non loin. Certains trouvaient aberrant qu'on la laisse vivre tranquillement sans essayer de la chasser ou de l'abattre.

— Deux chasseurs ont essayé de la déloger, avait sèchement rétorqué Cid, et l'un d'eux en est mort. Alors, allez-y au nombre que vous voulez si ça vous chante. La seule différence que ça fera, c'est qu'il y aura plus de victimes. Mais ayez la lucidité de fuir à l'opposé d'Hammerhead pour ne pas la ramener ici.

Une dispute assez virulente avait ensuite éclaté entre plusieurs chasseurs et je m'étais empressée d'embarquer mon chili pour le finir ailleurs.

Déjà une semaine s'était écoulée. C'était étrange cette impression qui nous étreignait parfois, celle que le temps défilait plus vite que nous.

Ignis était à Lestallum et Prompto s'occupait avec une chasse par-ci, par-là. Quand il ne passait pas me voir au mobil-home ou à l'infirmerie pour discuter de tout et de rien. Je savais qu'il me surveillait, d'une certaine façon. Tout comme Clarus, qui m'avait appelé trois fois depuis son passage à Hammerhead. Je n'avais pas envie de leur causer du souci. Sauf qu'au fond de moi, j'appréciais tout de même qu'ils prennent soin de moi à leurs manières.

Gladiolus s'était d'ailleurs réinstallé dans notre chambre et je ne m'en sentais que mieux. Nous passions beaucoup de temps à parler, allongés l'un contre l'autre, ses jambes emmêlées aux miennes, alors que je redessinais de mes doigts les plumes de son aigle. Je lui racontais ce qu'il s'était passé à Hammerhead durant une année et lui me parlait de Lestallum. Il avait partagé son temps entre les chasses et sa sœur qu'il avait entraînée lorsqu'elle ne suivait pas Lunafreya en déplacement. La cadette des Amicitia maniait maintenant les dagues et l'épée à une main. Elle était devenue une combattante agile et rapide, faisant la fierté de son père et de son frère.

Un soir, alors que le torse de Gladiolus était plaqué contre mon dos et qu'il avait posé son menton sur ma tête, il me reparla de mon carnet. Il voulut tirer certains points au clair. Je n'avais pas une grande envie d'aborder certains sujets, mais je lui avais promis de lui parler, alors je le fis. Sans filtre et sans détour.

Comme j'avais noté dans le carnet que l'altercation entre Hector et moi, ayant eu lieu le jour où j'avais fait venir tout le monde de Lestallum, était la seconde qui se produisait, Gladiolus voulait savoir ce qu'il s'était passé la première fois. Je l'avais rassuré quant à ce qu'il s'était passé – Hector ayant juste été un peu vif ce jour-là et m'ayant maintenue contre mon gré. Il me fit parler du chasseur blond. De mon point de vue. Si lui l'avait perçu comme un homme prêt à prendre soin de moi – ce qui me donnait passablement envie de vomir – pour moi il avait toujours été un électron libre que j'avais du mal à cerner et en qui je n'avais pas confiance. Il était colérique, ça n'était plus à prouver, mais, aussi, il semblait croire dur comme fer que certaines choses lui étaient dues et qu'il pouvait agir selon son bon vouloir. Il avait dit qu'il obtenait toujours ce qu'il voulait, même si ça prenait du temps. Que quoi que je fasse, l'issue serait la même.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant