À l'aube de ce monde

Chapitre 107

Ignis, Prompto et Gladiolus avaient chacun revêtu leur uniforme des Lames Royales. Il était constitué d'un manteau long noir avec quelques broderies argentées, dont l'insigne de la garde royale dans le dos, et un col droit couvrant le cou, sous lequel se trouvait un haut de la même teinte. Un épais pantalon noir et des bottes montant à hauteur de genoux, avec des boucles argentées, complétaient l'attribut. Ils avaient fière allure ainsi, même si Prompto avait un peu tendance à se tortiller. Pour détendre l'atmosphère – ou se détendre lui – il avait demandé à Gladiolus s'il arrivait encore à respirer dans son uniforme. Ç'avait marqué le début des hostilités entre les deux. À un moment, Prompto avait lancé à Gladiolus qu'il était aussi difficile qu'un vieux cœurl ronchon et affamé. J'avais dû ravaler mon rire en le faisant passer pour une quinte de toux et, comme ça m'arrivait un peu trop souvent, j'avais répondu sans réfléchir.

— Il me fait plutôt penser à un gros nounours qui essaie de se donner des airs d'ours mal léché.

Du coup, ç'avait aussi lancé les hostilités avec moi, mais Noctis nous interrompit peu de temps après en sortant de notre mobil-home, Lunafreya à sa suite. Iris m'avait appelé très tôt ce matin-là, en s'excusant de ne pas être là. Elle allait prendre la route dans l'heure, mais nous serions déjà partis lorsqu'elle arriverait. Elle m'avait enjoint de faire attention, de rester en vie, de garder un œil sur son frère qui fonçait dans le tas comme un bicorne, ainsi que sur Noctis qui venait de revenir et... sur tout le monde, en fait. Elle avait dit qu'elle patienterait avec Lunafreya. Qu'elle nous attendrait. Tous.

Noctis avait également enfilé un uniforme noir qu'Ignis lui avait remis, mais celui-ci était un peu différent : c'était l'une de ses tenues de roi, car je ne savais pas comment dire ça autrement, à la fois élégante mais permettant des mouvements amples et fluides.

Je dénotai un peu avec mes bottes, mon short noir et mon débardeur, noir aussi, sur lequel j'avais passé un ample tee-shirt bordeaux. Mes onze couteaux étaient à mes cuisses et les Volessences à mes hanches, dans les fourreaux offerts par Ignis. Je me mis à tresser mes cheveux pour qu'ils ne me gênent pas tandis que Noctis donnait ses dernières recommandations à Lunafreya. Ayant fini avant lui, j'en profitai pour aussi attacher les cheveux de Gladiolus en une demi-queue de cheval. Ça me détendait. Même si ça ne durait que dix secondes.

Comme avant, longtemps avant, nous nous retrouvâmes à cinq en voiture. À la différence que ce n'était pas la Regalia, qui avait rendu l'âme à Gralea. Ignis au volant, Prompto à l'avant, moi calée entre Noctis et Gladiolus. Ç'avait une saveur étrange, à la fois exaltante et oppressante.

Ce n'était pas une simple chasse à laquelle nous nous rendions, cette fois. Il y avait bien plus en jeu, et nous n'avions pas le droit à l'erreur. Il fallait rejeter les Ténèbres d'Éos. Ramener la vie telle qu'elle était auparavant.

Je fixai Noctis du coin de l'œil, le coude posé sur la portière, son regard perdu dans la nuit. Il lui manquait encore la grâce d'Ifrit pour obtenir la faveur des Six. Ça paraissait indispensable pour combattre Ardyn et atteindre notre but. L'Infernéen se manifesterait-il à Insomnia ? Il le fallait. Il n'y avait pas le choix.

J'effleurai le lien que Bahamut avait recréé. Je le sentis, loin et distant, un peu fermé, mais le Dragonéen était bien là. Tout comme le Cristal. Je les percevais chacun différemment, maintenant.

Si vous nous laissez y aller, c'est que toutes les cartes sont entre nos mains... où vont y être, pensai-je.

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Les portes d'Insomnia se dressaient devant nous. Monumentales et un peu lugubres.