À l'aube de ce monde

Chapitre 18

Je crois que je pâlis. Bien sûr, je n'avais pas mes couteaux.

— Reste en arrière, m'indiqua Noctis. On va les prendre en tenaille.

— Elle n'est pas armée, intervint Ignis. S'il y a des soldats cachés quelque part...

Noctis leva la main, semblant hésiter. Puis il la tendit vers moi et serra le poing. Une dague apparue dans un scintillement. Je la pris délicatement et il en fit apparaître une autre. Je reconnus les Volessences. Ce n'était certes pas mes couteaux, mais c'était mieux que rien. Et j'étais soulagée que Noctis ne me laisse pas désarmée.

Accroupis derrière un buisson, une dague dans chaque main, je les regardais s'avancer vers les impériaux tout en surveillant mes arrières. Ils se séparèrent, et ce fut Prompto qui porta le premier coup, tirant sur le soldat le plus près de lui. Ensuite, tout s'enchaîna. Je ne savais pas quel genre d'armes utilisaient les impériaux, mais ça avait l'air de faire du dégât. Je vis Ignis combattre un soldat avec une épée, je perdis Noctis de vue, et Gladiolus semblait être en pleine promenade de santé. Un impérial esquiva d'ailleurs le coup du garde et, profitant du fait que Gladiolus regardait ailleurs, se jeta dans un fourré. Je ne compris pas tout de suite que personne ne l'avait vu faire. Ne craignant absolument pas pour Gladiolus, je cherchai les autres des yeux et fus soulagée de voir qu'ils étaient tous sains et saufs. Ils furent rejoints par Gladiolus qui avait posé, comme cela lui était semblait-il coutumier, le plat de son épée sur son épaule. Ignis avait fait disparaître ses dagues et je ne voyais rien non plus dans les mains de Noctis.

Un éclat attira mon attention. Je ne criais pas, pourtant j'aurais pu. Et j'aurais peut-être dû.

Le soldat qui s'était caché dans un fourré n'avait pas été abattu par Gladiolus. Il avait patiemment attendu que le calme revienne et que les garçons relâchent leur attention. Il s'était levé et braquait un fusil sur eux. J'étais déjà debout, un bras levé, quand il activa le laser et visa Noctis. Ignis cria quelque chose. Du coin de l'œil, je vis Gladiolus bouger, sûrement pour se mettre devant Noctis et invoquer son bouclier.

Tout se passa très vite, bien que ce ne soit pas la sensation que j'eusse. Alors que je raffermissais ma prise sur la lame de la dague, je fis affluer ma magie jusque dans ma main. C'était comme ouvrir les vannes d'une évacuation d'eau, en quelque sorte. Ma main me démangea et je forçai la magie à s'enrouler autour de la dague. Le soldat était loin de moi, trop pour que je l'atteigne avec précision sans un petit coup de pouce.

Je lançai la dague avec toute ma force. Ma magie ondulait autour d'elle. La lame se planta dans la tête du soldat avec une gerbe d'étincelle. Il s'écroula, le fusil toujours en main, avant d'avoir pu tirer.

Je soufflai doucement. La bulette, c'était une chose, mais là, un soldat... Bien que ce soit pour l'empêcher de tuer quelqu'un, ça me faisait quelque chose. J'étais déstabilisée. J'avais abattu quelqu'un.

Gladiolus s'approcha de la dépouille et en retira la dague tandis que les autres revenaient vers moi. Je ne pouvais quitter des yeux le soldat à terre.

— Merci, dit Noctis en approchant. Joli coup.

Je hochai juste la tête, incapable de dire quoi que ce soit.

Lorsqu'il fut là, Gladiolus me tendit la dague que je pris mécaniquement. Je fus étonnée de voir que la lame était propre.

— C'était une machine, fit Ignis.

Je le fixai. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire.

— La plupart des soldats magitech sont des machines, expliqua-t-il. Seuls les soldats plus puissants et plus haut placés sont des hommes... ou du moins ont été des hommes à un moment donné. Mais ceux-là... ce ne sont que des machines. Tu as juste détruit une espèce de robot, rien de plus. Ils font plutôt bien illusion parce qu'ils se comportent globalement comme des humains. Ils suivent les ordres mais peuvent raisonner d'eux-mêmes tant que ça ne va pas à l'encontre de ce qu'on leur dit de faire.