Chapitre 29

9 1 0
                                    



Je réussis à aspirer une grande goulée d'air, ce qui me fit réagir. J'essayai de me dégager, me débattis. Une voix masculine dit quelque chose, d'un ton pressant, mais mon cerveau l'écarta : il avait autre chose à gérer dans l'immédiat. Je réussis à remonter les genoux vers moi et à repousser l'homme avec mes pieds. Il ne lâcha qu'un seul de mes bras, m'entraînant à moitié avec lui, mais je pus me défaire du reste de sa prise. Je me relevai, chancelai et tombai sans réussir à me rattraper.

L'homme posa à nouveau une main trop ferme sur moi.

— Non ! cria quelqu'un.

Mais c'était trop tard. Ma magie éclata toute seule, balayant la pièce, secouant les meubles. L'homme fut envoyé deux ou trois mètres en arrière. L'onde de force n'avait pas été très puissante. Je compris que son but n'avait pas été de faire mal, mais de me défendre et de me donner de l'espace. Ma magie resta là, en surface, s'enroulant autour de mon cœur qu'elle apaisa.

— Ely. Tout va bien. Regarde autour de toi. Tout va bien, répétait une voix.

Je levai une tête incrédule et reconnus Ignis qui se relevait, les cheveux ébouriffés et ses lunettes un peu de travers.

Je pâlis.

Ils étaient cinq. En plus d'Ignis, il y avait Prompto près de lui qui était assis par terre. Gladiolus contre le chambranle de la porte, en train de se masser l'épaule. Il se retourna d'ailleurs et dit quelque chose. Sûrement à Dustin ou Monica. Il insista et je l'entendis dire que tout allait bien et qu'il fallait aller se coucher. Ça, ce devait être pour Iris. Noctis était debout devant mon lit, il regardait autour de lui d'un air perplexe. Et... l'inconnu, celui qui m'avait attrapé les bras, venait de se remettre debout. Il semblait plus que mécontent.

Je débarbouillai mes joues de mes larmes et repliai les jambes vers moi.

— Pardon, dis-je d'une voix rauque.

— Putain, c'était quoi ça ?! s'écria l'inconnu.

— Ely, répondit Noctis. C'est Ely. On va en parler.

— Oh, ça, c'est sûr !

— Ely, voici Cor Leonis.

Je déglutis à grande peine. Super, les présentations. Vraiment, parfait. Je n'avais jamais fait aussi catastrophique.

Ignis s'approcha doucement, les mains levées, comme s'il voulait montrer patte blanche.

— Tu peux te lever ?

Je confirmai. J'hésitai un peu, mais acceptai la main qu'il me présentait pour m'aider. Debout, je tirai sur mon tee-shirt et jetai un œil à mon sac, posé sur le lit d'à côté.

Noctis fit sortir tout le monde, m'invitant à les rejoindre en bas. Je répondis que j'allais juste me changer et je le fis, une fois que la porte fut bien fermée et que je n'entendis plus de bruit de pas dans l'escalier. Je passai rapidement en revue mon allure à l'aide du miroir posé sur la commode. Des cheveux s'échappaient de ma tresse, j'étais pâle avec des cernes énormes. Et du sang avait coulé de l'une de mes oreilles. Je l'essuyai à la hâte.

Arrivée en bas, je me glissai sur une chaise comme un fantôme, avec l'envie de pouvoir me rendre aussi invisible. Cor m'étudia un instant, les sourcils froncés. Il épluchait une pomme avec un couteau. La lame semblait un peu plus foncée que pour un couteau ordinaire. Pas assez pour que ce soit flagrant, mais suffisamment pour que, moi, je le remarque.

— Pour la magie, vu ce qu'elle a fait de façon instinctive, je veux bien croire ce que vous dites. Mais quinze ans dans un coin du palais, vraiment ?

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant