Chapitre 109

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— Le palais... Enfin, on entre par la grande porte, murmura Ignis.

— Et je vais bientôt reprendre le trône.

Noctis gravit les marches en premier, nous autres à sa suite. Ardyn avait fait en sorte que toutes les lampes soient allumées, cette fois. Lorsque nous étions passés, avant d'affronter Ifrit, seules quelques appliques éclairaient les lieux. Ils étaient maintenant baignés de lumière. C'était comme si la vie avait suivi son cours.

Comme s'il n'y avait jamais eu d'attaque lors de la signature du traité de paix, ni la mise à la porte de la population par les impériaux.

Si l'on ne tenait pas compte de la poussière, des chaises renversées, des quelques ampoules qui clignotaient, ni de l'odeur de renfermé.

— Les ascenseurs marchent toujours, indiqua Gladiolus.

— Ardyn m'attend depuis longtemps. Il a eu tout le loisir de faire en sorte que tout soit prêt pour le moment venu.

Nous traversâmes le hall qui me parut bien plus grand que tout à l'heure. Il y avait une sorte de réception sur la droite, avec un comptoir et des documents étalés et déchirés un peu partout. Les chaises en face avaient été renversées ou cassées. Les tableaux n'étaient plus accrochés aux murs mais traînaient par terre.

Je ne fus pas spécialement ravie de me retrouver dans un ascenseur aussi petit. La dernière fois que j'en avais pris un, c'était à Zegnautus, pour rejoindre le Cristal. Au moins, celui-ci n'avait pas besoin de mon sang pour fonctionner.

Les garçons n'hésitèrent pas longtemps devant la multitude de boutons indiquant les différents étages du palais. J'étais étonnée que ce soit aussi grand. Je n'avais jamais eu conscience d'à quel point les lieux étaient imposants.

— Il doit attendre dans la salle du trône, lâcha Prompto en appuyant sur l'un des boutons.

— On va lui apprendre à squatter, siffla Gladiolus alors que les portes se refermaient.

L'ascenseur se mit en branle et je me collai un peu plus contre lui. Sa main qui se posa brièvement sur le bas de mon dos m'apaisa. J'avais du mal à réfréner ma nervosité, pourtant je savais bien que personne n'en avait besoin et que je devais garder les idées claires. Mais nous étions si proches du but que chaque pas m'angoissait plus que le précédent. Tout dans ma vie m'avait conduite ici. Si Bahamut m'avait redonné ma magie – la sienne, en réalité – c'était pour que je puisse être ici. Car j'avais encore quelque chose à faire pour le roi élu.

Je m'appuyai un peu contre Gladiolus, cherchant à tâtons ses doigts pour y lier les miens.

— Ce soir, on va tout reprendre, dit Ignis.

— Ouais, on va régler nos comptes. Une bonne fois pour toutes.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et je grimaçai en étouffant un grognement. Les doigts de Gladiolus se resserrèrent sur les miens.

— Je sens sa magie d'ici, indiquai-je.

Et elle laissait un goût de métal sur ma langue.

Couloir sur couloir, nous avançâmes sans rien dire, guettant le moindre son et le moindre mouvement. Comme toujours, je fermai la marche. À chaque mètre parcouru, je ressentais avec plus de force la magie d'Ardyn. Elle se resserrait comme un étau. Je devais être la seule à en avoir conscience.

Noctis marchait en premier, nous guidant jusqu'à la salle du trône – bien que je dusse être la seule à ne pas en connaître le chemin. Le palais ressemblait pour moi à un labyrinthe géant, peut-être pire encore que Zegnautus. Réflexion faite, c'était bien pire que la forteresse volante. Parce que, là, il allait falloir sceller le destin du monde.

À l'aube de ce mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant