III ✔️

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J'ai à peine le temps de pousser un hurlement d'horreur, qu'une personne surgit de nulle part, m'attrape contre elle, me protégeant de tout son corps. Les gravats tombent en masse sans qu'aucun ne puisse m'atteindre. Mon oreille collée contre la poitrine de cet inconnu, je peux entendre les battements effrénés de son cœur malgré ce raffut tonitruant. Le mien bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il va imploser d'une seconde à l'autre. J'agrippe un peu plus le vêtement de mon sauveur anonyme, le serrant de toutes mes forces en espérant que ce tumulte prenne bientôt fin. Une effluve de sel marin vient chatouiller mes narines. Cette délicate odeur m'apaise le temps que l'éboulement cesse.


Le vacarme prenant fin, mon cœur reste tout autant affolé. Je lève la tête tremblante vers l'inconnu qui m'a sauvé la vie. En découvrant son visage je sursaute. Ce n'est pas un inconnu. Que fait-il là ? Comment se fait-il qu'il soit toujours en vie ? Ces énormes blocs de béton auraient dû le tuer, nous tuer !


L'esprit toujours embrumé, toutes mes interrogations s'évanouissent lorsque Klein Owens passe sa main sur mon front.


— Tu es blessée.


Du bout des doigts je tâte à mon tour la plaie, et ramène ma main sous mes yeux visualisant le sang recouvrir ma peau blanche. Le choc a dû être si rapide que je ne me suis pas aperçu de la douleur sur le moment. Mes yeux se reposent inévitablement sur lui. Je cherche sur sa peau une quelconque entaille, la moindre égratignure, mais en vain. Il n'y a rien. Aucune blessure n'est visible sur son corps, alors qu'à l'heure qu'il est, il devrait être mort.


— Ce n'est pas possible, soufflé-je pour moi-même. Qui es-tu ?


Ses yeux bleus intenses et perçants me fixent l'espace d'une seconde. Mais subitement il tourne la tête vers le bout du couloir tâchant de percer l'épais nuage de poussière qui nous entoure. Je suis son regard alors que j'entends encore des débris dégringoler. Je plisse les yeux pour tenter de discerner d'où provient ce bruit, quand j'aperçois une silhouette se dessiner dans le nuage de poussière. Il doit s'agir des secours qui sont déjà sur place, ils ont été plutôt rapides. Toutefois mon hypothèse est vite révoquée lorsque je vois s'étirer deux ailes de chaque côté de cette personne. Je crois rêver... J'écarquille les yeux face à ce qui se trouve dans le brouillard, quand une main m'empoigne le poignet, me forçant à aller dans la direction opposée.


— Il ne faut pas rester là, déclare Klein se précipitant dans le dédale de couloirs.


Je le suis au pas de course mais n'arrive pas à chasser cette image imprégnée dans mon esprit. Quelle était cette chose ? Était-elle le fruit de mon imagination, dû au choc après avoir frôlé la mort ? Je ne sais plus vraiment ce qui est réel ou ce qui ne l'est pas. Mes jambes flageolent et menacent de s'écrouler sous mon poids, à chaque nouveau pas que je fais.


Arrivé à l'angle d'un couloir Klein nous fait entrer dans une sorte de cagibi, après quoi il referme la porte. Nous nous retrouvons dans le noir le plus complet, et surtout très proche l'un de l'autre en raison de la petite taille du placard.


— Tu peux me dire ce qui se passe ? dis-je paniquée à la simple idée que je suis passée à côté d'une mort certaine.


Je sens son souffle chaud s'échouer sur mon visage alors que je l'entends farfouiller sur l'étagère derrière moi.


— Enlève tes vêtements.


— Quoi, mais tu es malade ?! 


Il a clairement perdu la tête. L'alarme retentit à l'extérieur du petit espace et je perçois l'affolement général des élèves qui sont en train d'évacuer l'établissement. Je devrais être avec eux en ce moment.


🦋C É L E S T E 🦋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant