Sun Valley. Une ville attisant l'étrangeté et la curiosité.
Blake s'en rend compte le jour où elle devient la proie d'un dangereux ailé. Une espèce vivant dans l'ombre des humains, aux pouvoirs extraordinaires.
Trois jeunes de sa classe se révèlen...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La nuit a pris possession du ciel arborant sa gracieuse lune ronde, qui illumine la ville dans cette atmosphère lugubre. Je contourne le clocher cherchant dans le vaste paysage obscure une trace de vie. Mes mains sont moites. Mon coeur, lui, a une allure effrénée. La peur qui tenaille chaque parcelle de mon corps, gagne du terrain sur mon courage bientôt évanoui. Elle m'apporte néanmoins la certitude que je suis bien vivante.
Chaque décision que l'on prend, même infime soit-elle, impact sur notre avenir. Et j'ai la sensation que celle-ci en aura une grande. Les révélations de ces derniers jours m'ont fait prendre un nouveau regard sur l'univers qui m'entoure. Tout ce que je croyais fondé - comme le monde et ses habitants - ne l'était pas.
La vérité à son lot de secrets. Si on veut les percer, il faut savoir prendre des risques.
Si je veux connaître les véritables intentions du Darkthink, je dois chercher par tous les moyens à découvrir cette vérité. Vivre dans l'ignorance me serait insupportable de peur qu'il revienne hanter mon esprit.
Une brise me fait dresser les cheveux sur la tête.
Je me retourne avec appréhension. Une silhouette ailée battant faiblement des ailes, obscurcit la lune immaculée. Mon cœur fait un bon dans ma poitrine au même rythme que mes jambes réprimant un mouvement de recul.
Il atterrit sur la tour éclairée par le pâle clair de lune, sans un mot, le visage placide. Le voyant avancer dans ma direction, une peur morbide s'immisce dans ma poitrine.
Je recule pour rétablir la distance de sécurité, qui prend finalement fin lorsque le bas de mon dos touche le muret de la tour. Mon regard passe furtivement au-dessus de mon épaule pour contempler les vingt mètres de haut qui me séparent d'une chute mortelle. J'écarquille les yeux sur cette image qui se grave dans ma tête.
Je reporte lentement mon attention sur Ezra qui s'est arrêté à quelques pas. Ses ailes assombries par la nuit, forment un rempart pour me dissuader de fuir.
— Comment as-tu eu son téléphone ? m'empressé-je de demander.
— Je trouve que ton amie fait plutôt peur quand elle s'énerve lorsque sa tenue ne va pas avec ses chaussures. Son goût prononcé pour la mode est très... divertissant.
Une profonde rage qui tenaille mon estomac, remonte jusqu'à mes joues.
— Si tu lui as fait quoi que ce soit...
— Elle va bien. Ce n'est pas elle qui m'intéresse.
Il avance d'un pas.
Ma respiration est saccadée.
— Dis-moi qui je suis, ordonné-je d'une soudaine prise d'assurance pour le dissuader d'avancer.
— Tu tiens tant à connaître la vérité ?
— Oui, lâché-je la gorge nouée.
— J'admire ton courage et ta persévérance, très peu en aurait été capable dans de telles circonstances. Néanmoins... votre espèce reste et restera toujours naïve.
Ses yeux argentés se mettent à scintiller d'une lueur plus intense, marquant une fureur sans précédent. Mon sang se glace dans mes veines. La perception effrayante de mon destin s'imprime inéluctablement dans mon esprit.
À mesure qu'il se rapproche, mon cœur s'affole autant qu'un oiseau apeuré en cage. Sortie de ma léthargie, je m'exécute aussitôt :
La colère devient inerte...
Sa main glacée empoigne brusquement mon cou d'une force colossale. Mes deux mains s'agrippent à son poignet. J'essaie de retirer ses doigts de sa prise, le pousser pour me libérer, en vain. Mes efforts sont autant efficaces qu'un coup de pied sur un tracteur. Il resserre son empreinte sur ma trachée fragile. Je ne reçois plus d'air. Mes poumons affolés réclament de l'oxygène.
— Tu croyais que j'allais m'aventurer ici sans prendre des mesures de sécurités ? Tes poèmes ne peuvent rien contre celui qui bloque mon cerveau. C'est incroyable tout ce qu'un humain est prêt à faire lorsque sa vie est menacée. En l'occurrence, réciter un poème peut être quelque peu surprenant.
Mes muscles s'endolorissent au fil des secondes, sentant toute énergie me quitter.
À cet instant précis, je réalise que plus rien ne peut me protéger. Je ne peux contrer le poème que cet humain lui a récité, dans le but de se protéger des miens. Un cri s'acharne à vouloir sortir de ma bouche, mais aucun son ne s'échappe. Le silence pesant qui s'installe sera bientôt définitif.
La douleur redouble d'intensité par la pression qui s'y est accumulé. Je sombre lentement dans un abysse ténébreux au retour irréversible.
— Bientôt, plus aucun son ne pourra sortir de ta bouche, ajoute-t-il d'une voix impitoyable.
Mon anxiété s'accroît et mon estomac se tord d'angoisse.
La vision trouble, je le vois qui hume l'air semblant comme dérangé par une odeur néfaste.
— Ils ont suivi ta trace. Il faut qu'on parte.
Sa main se détache de ma gorge.
Une quinte de toux me secoue, m'irritant la gorge dont je sens toujours la pression qui a été exercé. J'avale avidement chaque bouffée d'air, invitant le précieux oxygène à irriguer mes poumons et soulager mon cœur fragile.
Je n'ai pas le temps de me remettre de mes émotions, qu'Ezra passe un bras autour de ma taille avant que je ne me sens décoller du sol. Nous montons haut dans le ciel, juste avant qu'un puissant battement d'ailes nous projette à une vitesse hallucinante vers l'horizon. Le froid s'insinue dans chacun de mes membres congelant bientôt mes os. Je ne parviens plus à différencier le tremblement de mon corps par le froid glacial de la nuit, à la peur vibrant dans chacune de mes cellules.
L'arrêt brutal me projette violemment en avant. J'atterris en tonneaux sur la terre jonchée de feuilles mortes, pour finir ma course de plein fouet contre le tronc d'un arbre. Le souffle coupé, je détecte péniblement un goût métallique se répandre dans ma bouche. Je serre les dents sous la douleur lancinante qui pulse dans tout mon corps.
