🦋C É L E S T E 🦋

III ✔️

Je pousse une branche sur mon passage et la lâche sèchement dans le visage de Klein. Il la repousse avec véhémence, continuant de me suivre comme il le fait depuis dix bonnes minutes.

— Blake arrête-toi !

— Tu n'as pas d'ordre à me donner ! répliqué-je avec fureur.

Mes pas se font plus fermes et plus rapides, attendant avec autant de détermination d'arriver à destination.

— Est-ce qu'au moins tu vas m'écouter ?

— T'écouter ? reprends-je. J'ai fait que ça depuis le début et regarde où on en est ! Tu n'es vraiment qu'un crétin.

— Ne me traite pas de crétin !

— Ou sinon quoi ? Tu vas m'expédier dans les airs ? Encore. Tu n'es qu'un crétin avec des plumes, si tu préfères.

— J'aurais dû me douter que tu étais comme toutes les autres. Stupide et primitive ! Tu n'as vraiment rien compris, dit-il repoussant une à une les branches que je lui envoie.

— La seule chose que j'ai comprise c'est que tu es un poison ! En même temps ce n'est pas tellement étonnant vu l'élixir vénéneux qui coule dans tes veines. Il a dû au passage te griller plusieurs neurones.

— Avant de me traiter de poison tu devrais plutôt te regarder. Je te signale que c'est de ta faute si tout ça est arrivé.

Je lui fais volte-face, le menton relevé.

— Bon écoute « face de Chouette », tu es le gars le plus odieux de toute la planète. Tu as beau avoir de grandes aptitudes mais ton apparence de pigeon est incontestablement relié à ta cervelle de moineau. Alors je te déconseille de persister à me suivre.

Je me retourne, quand il saisit fermement mon bras et me fait pivoter brusquement face à lui.

— Je te déteste, dit-il droit dans mes yeux.

— Au moins on est d'accord sur ce point, finis-je en décrochant vivement mon bras de sa prise.

Je poursuis mon chemin vers cette grande maison en bois, le regard plongé sur mes pieds, le cœur lourd. J'assène trois grands coups à la porte priant pour qu'elle s'ouvre le plus vite possible. En réponse à mes prières, Nathan m'accueille d'un doux regard qui efface aussitôt la tristesse dans le mien. Je pénètre à l'intérieur soulagé d'avoir réussi.

À la lisière de la forêt, Klein m'observe un instant. Tout ça est grâce à lui. Je n'y serais jamais arrivé toute seule. Les atrocités qui ont franchi ma bouche sont aussi effrayantes que l'ampleur de la situation. Je n'avais pas le choix. Il ne peut pas me reprocher de vouloir sauver ma vie, autant que moi je ne peux lui reprocher la dernière fois que je le vois.

La porte se referme, coupant ainsi le contact visuel qui nous lie. Je me retourne vers Nathan, et à en voir son expression mon désarroi est retranscrit sur mon visage. Je dois me faire prudence sur les mots que j'emploie, car Ezra peut m'écouter à tout moment. Il comprendrait alors que cette histoire d'amour avec Nathan n'est qu'un leurre, et que la dispute avec Klein n'était qu'une mise en scène.