🦋C É L E S T E 🦋

II

Ma respiration se suspend, puis je me tourne les yeux écarquillés vers Roxane qui semble perdue dans ses pensées.

— Comment ça ?

Elle se tortille grimaçant comme si une chose la dérangeait.

— Chaque télépathe possède une signature télépathique. Lorsqu'il est entré en contact avec toi il a dû y laisser la sienne. En la retraçant je pourrais savoir d'où provient la source.

— Pourquoi tu en as pas parlé plus tôt ? C'est parfait on n'a qu'à le faire tout de suite !

— Ce n'est pas ce que tu crois (elle prend un air grave). Pour le tracer je devrais entrer dans ton esprit et remonter jusqu'à la source du signal. Or, les contacts télépathiques demandent énormément d'énergie, dans les deux sens. Encore plus pour les humains.

— J'y ai pourtant survécue.

— Oui, et d'ailleurs c'est un miracle que tu sois toujours en vie, je n'explique toujours pas comment il a fait.

— S'il a réussi alors tu peux aussi le faire, insisté-je. J'ai besoin de savoir qui il est.

Elle secoue la tête.

— Blake, (son regard intense s'ancre dans le mien) d'où je viens on ne m'a pas appris à utiliser mon pouvoir à faible quantité. Ma télépathie est très puissante et si je m'en sers sur toi pour retrouver sa trace, alors je devrais te tuer.

Ces paroles me font l'effet d'un uppercut. À chaque issue qui se présente, toutes sont marqués au fer rouge d'une mort imminente. Cette roue infernale ne finira donc jamais...

Vivre.

Survivre.

Mourir.

Entre traqueur et être traqué la course ne devient que plus éprouvante. Mais la perception de retrouver une vie normale me garde dans l'expectative qu'un jour je puisse à nouveau être libre.

Roxane se replonge dans son magazine tandis que je songe à ce qu'elle vient de m'expliquer concernant son pouvoir. Une personne l'a donc entrainé à devenir l'ailée puissante qu'elle est aujourd'hui.

J'ouvre la bouche, hésite puis la referme. Toutefois mes pensées sont plus vives que ma langue.

— Tu te poses beaucoup trop de questions, marmonne Roxane tout en lisant.

Loger dans la même chambre n'était peut-être pas la meilleure idée.

— Tu as envie de connaitre mon passé.

— Ce doit être normal vu que tu connais le mien sans jamais que je t'en touche deux mots.

— Humm.

Une dizaine de secondes s'écoulent avant qu'elle ne ferme son catalogue et se redresse adossée à la tête de lit.

— Je t'en prie, pose moi toutes les questions qui affligent ta curiosité.

J'hésite une seconde surprise par sa réaction, puis décide de me lancer.

— Comment es-tu devenue une ailée, et par quel moyen es-tu arrivé chez les Owens ?

Son regard se perd dans le vide et son sourire mélancolique qui traverse ses lèvres rosées, devient le point d'attraction de son visage. Elle soupire, puis, commence à me conter son passé.