En franchissant la porte de ma chambre, je retrouve mes affaires telles que je les avais laissés en partant. Ma fenêtre, elle, en revanche a été fermé. Je me revois passer à travers pour m'envoler, ignorant totalement ce dans quoi je m'embarquais.
Je ne pensais pas pouvoir retrouver mon cadre de vie après tout ça...
Mon quotidien va reprendre son court, comme si rien ne s'était passé. Personne ne saura ce qui m'est arrivé durant ces derniers jours. J'aurais beau poursuivre ma vie telle que je l'ai laissé, mais je ne verrais plus jamais le monde du même regard.
Ils ignoreront tout.
Or, moi, je saurais. Je saurais ce qui se cache dans l'ombre.
Mon attention se reporte sur mon lit. Un top jaune volanté à épaules dénudées et un jean noir, sont emballés dans une housse déposée soigneusement sur la couverture. Un post-it y est collé où est écrit :
« Ça sort tout juste du pressing, tu as intérêt à mettre cette tenue et me raconter ta mystérieuse disparition. Laisse tomber l'excuse de la varicelle, et au cas où tu penserais à crever tes pneus, j'en ai fait déposer quatre dans ton garage. Oups, tu n'as plus d'excuse maintenant. Fais-toi belle et ne sois pas en retard !
Bisouuuus !
Meg »
La toute et première pensée qui me traverse l'esprit est : Brûler accidentellement sa tenue en passant trop près de la cheminée, puis changer d'identité et m'enfuir dans un autre pays.
Mais je me ressaisis. Je n'ai d'autres choix que de m'incliner.
Je me baisse pour attraper sous mon lit mes baskets de sport, lorsque je vois un second post-it déposé sur les lacets :
« N'y pense même pas. »
Je lève les yeux au ciel en soupirant.
Cette fille me connaît vraiment par cœur. Trop. C'est à la fois impressionnant et flippant.
Un troisième post-it pendouille sur mon bureau :
« Mets celle-ci et ne t'avise pas de penser à les jeter au fond du lac, sinon je t'obligerais à aller les récupérer.
À demain soir, bisous, bisous. »
Zut ! À cet instant même, mon plan machiavélique tombe à l'eau.
Des chaussures noires élégamment luit d'un reflet argenté, sont méticuleusement emballés dans une boîte blanche.
À priori Meg tient beaucoup à cette fête. Je ne peux la décevoir surtout après mon absence « mystérieuse ».
Je décide donc de lui faire plaisir le temps d'une soirée pour me faire en quelque sorte pardonner de mon absence. De toute façon m'amuser un peu après ce que j'ai vécu ne me fera pas de mal.
***
Le samedi après-midi a défilé en un éclair. Mes parents m'avaient questionné sur mon fameux week-end interrompu, pour lequel j'avais simulé ma légendaire allergie aux oiseaux. N'étant pas en état de tenir deux jours, nous avions donc opté de rentrer. Nathan et Roxane s'étaient occupés d'expliquer la cause à ma tante très conciliante, qui a vidé tout son placard à biscuits pour qu'ils me le transmettent. Gavan en avait mangé la moitié avant que le sachet n'arrive entre mes mains.
La journée du dimanche n'a pas été bien différente du samedi. Je suis restée enfermé dans ma chambre attendant que le soleil se couche.
Arborant les derniers rayons de la soirée, je profite d'affiner ma tenue.
Face à mon miroir, je me considère une dernière fois. Une grande partie de moi, réprimande le besoin d'enfiler le plus vite une de mes tenues habituelles. Je suis obligée de me faire violence à chaque fois que mes yeux croisent mon reflet.
Hormis que cet assortiment ne soit pas dans mon style habituel, je me dois d'admettre que je ne suis pas trop mal. Le haut jaune me tombe parfaitement bien laissant découvertes mes épaules, et le jean noir près du corps souligne ma silhouette fine. Mes cheveux cuivrés sont bouclés et en parti relevés pour me dégager le visage. Deux mèches retombent à des endroits tactiques sur mes tempes, jusque sur mes épaules nues. Le maquillage appliqué autour de mes yeux, fait ressortir mes iris ambre d'une teinte plus chaleureuse. En guise de collier, le pendentif sur lequel est suspendue une aile ébène orne délicatement mon cou. Pour achever cette métamorphose, une couche de rouge recouvre mes lèvres leur donnant un aspect séduisant.
— Je ne sais pas si je dois t'adorer ou te détester, Meg. Sûrement le saurais-je à la fin de la soirée. À ce qu'on dit le lac est plutôt froid à cette période de l'année.
Mon téléphone se met à vibrer sur mon bureau.
Un message affiche le nom de « Beau gosse ». Beau gosse ? Depuis quand ai-je enregistré un numéro sous ce nom... Un déclic soudain m'arrache à mes pensées.
KLEIN !
Il a dû le glisser dans mon téléphone lorsque j'ai pris la fuite pour retrouver Ezra.
Je grogne m'empressant d'ouvrir le message.
« Blake, il faut que tu te ramènes. TOUT DE SUITE ».
Des sueurs froides me parcourent l'échine. De quel genre de malheur s'agit-il encore ?
Je tente de l'appeler, mais je tombe incontestablement sur son répondeur.
C'est trop compliqué de décrocher !
J'attrape mon sac, dégringole les escaliers et prends les clefs de la voiture suspendue à l'entrée. En moins de temps qu'il n'en faut, je me retrouve dans la voiture, balance mon sac sur le siège passager et démarre.
Un flot de questions surplombé par un assaut de crainte m'assaillent. Je ne comprends pas ce qui nécessite une telle urgence, après que l'on ait mis Ezra hors d'état de nuire.
Lorsque je me gare devant leur maison, j'aperçois un regroupement à l'orée de la forêt. Le soleil décroît et mon optimisme avec.
Je sors de la voiture avec appréhension, prenant soin de refermer la portière sans bruit.
— Blake.
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🦋C É L E S T E 🦋
ParanormalSun Valley. Une ville attisant l'étrangeté et la curiosité. Blake s'en rend compte le jour où elle devient la proie d'un dangereux ailé. Une espèce vivant dans l'ombre des humains, aux pouvoirs extraordinaires. Trois jeunes de sa classe se révèlen...