🦋C É L E S T E 🦋

III ✔️

Il n'a aucune réaction. Mon estomac se noue d'angoisse. Paniquée, je me mets à le secouer énergiquement pour l'obliger à se réveiller.

— Réveille-toi ! Pour une fois dans ta vie, écoute-moi !

Ma main est subitement freinée par la sienne s'emparant de mon poignet. Ses yeux s'entre ouvrent légèrement, battant faiblement des paupières.

— Ne me prends pas pour une boisson énergétique. Tu as envie que ça t'explose en pleine figure ?

Mes yeux s'agrandissent aussitôt de joie. Dans cet élan de bonheur, je me penche pour le serrer très fort contre moi. Une certaine surprise se ressent par ses membres crispés.

L'épuisement qui s'est accumulé, les émotions de ces derniers jours et la tension relâchée, je finis par me laisser aller aux larmes. Elles déversent abondamment sur mes joues jusqu'à tomber sur le cou de Klein.

Curieusement, je sens sa main venir m'étreindre délicatement, caressant mon dos.

— Tout va bien. Enfin, si tu ne me noies pas dans tes larmes.

J'esquisse un sourire et me détache légèrement de lui pour observer son expression. Ses traits sont fatigués, mais il y a toujours cette lueur de malice qui brille dans son regard. Sa main glisse dans la mienne, la serrant tendrement.

— Je dois avouer que tu as presque réussi à me faire peur, quand tu as envoûté Ezra.

— Tu es complètement malade.

— C'est un peu normal, vu que mon sang est infecté d'un poison mortel.

— Imbécile. Subir l'effet d'un poème puissant en plus d'être infecté, ça, c'était malade.

— Tu sais ce qu'on dit : Les fous sont les plus intelligents.

— Personne ne dit ça. Il y a que toi qui le dis.

— Un grain de démence suscite l'effet de surprise. C'est de cette façon que l'on gagne un combat. Et aujourd'hui Blake, tu viens de gagner ton premier combat.

Ça me fait mal d'admettre qu'il n'a pas entièrement tort. Et encore plus d'envisager que son impulsivité n'est pas seulement due à une stratégie de combat.

— Le poison ! réalisé-je vivement.

— Il n'a pas encore atteint le cœur. Travis a un remède, je ne vais pas mourir aujourd'hui. Désolé de te décevoir.

Au vu de son humour, je ne me fais pas trop de soucis pour son état de santé.

— Tu n'avais pas moins fort comme poème. Je suis sûr que tu y as pris du plaisir.

— Espèce de Chouette. Tu veux que je te frappe pour voir si j'y prends du plaisir.

Il affiche une mine indifférente.

— Malgré tes menaces plus ridicules les unes que les autres, tu restes une fille dangereuse, Blake Fleming.

Pour la première fois depuis notre rencontre, il se passe une chose surprenante. Il me fait rire. Eh oui ! Je me mets à rire, relâchant toutes les tensions accumulées de mon corps. Je pensais que la chose la plus improbable qui puisse m'arriver était de rencontrer une famille d'ailés, mais j'avais tort. C'est plutôt de me rendre compte que Klein Owens a de l'humour. Pas de l'humour noir comme à son habitude, mais un humour apaisant et chaleureux.