II

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— Parce qu'avant d'être un ami je suis un confident. Donc tu peux tout me dire. Et puis ça te fera le plus grand bien de discuter avec quelqu'un.


J'affiche une moue dubitative.


Bien que j'apprécie beaucoup Gavan, ce genre de discussion pourrait se retourner contre moi.


— Pour qu'après Klein utilise l'emprise qu'il a sur toi afin que tu lui racontes tout ce que je t'ai dit, non merci.


— Pour le moment il est beaucoup trop occupé pour que sa super ouïe nous écoute. Et puis il ne pourra pas me demander de ce que nous avons parlé s'il ne sait pas que l'on a discuté (il hausse les sourcils en deux coups distincts d'un air sournois). Alors, tenté ?


J'hésite une petite seconde, puis me résigner et lâche tout ce que j'ai sur le coeur.


— Le truc c'est qu'avec Klein c'est hyper compliqué il est têtu comme une mule, limite je me demande s'il n'a pas une cervelle de moineau parce que pour réagir comme parfois il le fait faut avoir un poichiche entre les deux oreilles. Avec Nathan c'est différent le courant est tout de suite passé, il est très sympa et attentionné pas comme monsieur à l'ego démesuré. Le problème c'est qu'avec Nathan on ne se connaît pas beaucoup, cela dit avec Klein non plus mais lui était pendant deux ans dans mon lycée donc je le connais tout de même un peu mieux. Même s'il s'est avéré en fin de compte qu'il n'était pas le garçon que j'avais imaginé, ayant deux ailes à la place d'un coeur. Et puis il y a entre eux cette manie de toujours vouloir frapper l'autre, c'est hyper agaçant. Sans oublier cette histoire de lien qui me lie par je ne sais quel moyen à Klein qui est méga suspect. Et moi je me retrouve au milieu de tout ça comme si j'étais une poupée tirée des deux côtés.


Je respire enfin libérant en moi un lourd poids, puis me tourne vers Gavan.


Il me scrute bouche bée, complètement ahurie.


— Wow.


Tout compte fait je suis peut-être allée un peu fort.


— Eh bah il était temps que tu vide ton sac.


— Je le crois aussi. Ça fait du bien en réalité, on devrait faire ça plus souvent, déclaré-je en rigolant.


— Tout à fait d'accord et puis la prochaine fois on prendra des chamallows où on piquera le nom de notre problème avant de les faire griller par le maitre des grillades - à savoir « moi », sans vouloir me vanter bien sûr - et on les dévorerait.


— C'est une excellente idée ! Je suis pour à cent pourcents, même si je risque de prendre dix kilos tellement il y aura une montagne de nom sur lequel je devrais me venger.


— Mégrichonne comme tu es tu ne prendras pas plus d'un gramme. Nous les ailés quoi que l'on mange on ne grossit pas de toute façon.


Mes oreilles se dressent.


— T'es sérieux ? Vous avez drôlement de la chance. Pas besoin de régime pour la taille parfaite en été.


— C'est vrai que c'est un des avantages qui ne me gêne pas, avoue-t-il fière de lui.


Mes membres endoloris reprennent lentement du service grâce à la présence chaleureuse de Gavan. Et mon moral aussi.


— Je peux te poser une question ?


— Ça dépend, combien tu payes ?


Il ricane et je lui donne un coup d'épaule.


— Bien sûr, tu peux me poser une question. Quelle question !


— On ne sait jamais, si tu es du même genre que Klein bavard comme une tombe on ne va pas aller bien loin.


— Sur ce point-là t'as raison, la chose qui me sert de frère adoptif est parfois lourd à vivre. Mais quand on apprend à mieux le connaitre... enfin je veux dire à vraiment mieux le connaitre, tu t'aperçois que c'est quelqu'un de bien.


— Et il devient moins bête ?


— Non pour ça il le reste toujours, malheureusement. C'est un cas désespéré.


Nous nous regardons avant d'éclater de rire à l'unisson. Son rire rauque et grave me réchauffe le coeur au même rythme que mes membres.


— Bon et ta fameuse question.


— C'est assez particulier, avouée-je.


— Mais je t'en prie dis-moi tout (Il m'accorde un air suffisant).


— Quand tu t'es transformé quelle sensation tu as ressentie ?


Il hausse les épaules.


— C'est une question très profonde. En réalité c'est assez complexe, je me souviens d'avoir senti mon corps se métamorphoser comme si quelque chose en moi s'était éveillé. C'est assez flou quand j'y repense, néanmoins ce qui a été gravé dans mon esprit est l'intense douleur que la transformation inflige, comme si toutes tes cellules bouillonnaient à presque en exploser. Mais dans l'état dont je me trouvais, l'injection était une promenade de santé.


— Ah bon ? Qu'est-ce qui s'était passé ?


— Une prochaine fois peut-être, je ne voudrais pas que tu fasses d'autres cauchemars, ironise-t-il.


— Ouais si tu veux, réponds-je souriante. Et pour Klein est-ce que tu sais ce qu'il a vécu ?


Il se fige le regard perdu dans le vide révélant dans ses yeux une part d'obscurité.

🦋C É L E S T E 🦋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant