🦋C É L E S T E 🦋

III✔️

Arrivé dans notre petite boutique favorite, « Live your dream », Meg ne peut s'empêcher de s'émerveiller sur les nouveautés. Dix secondes à peine, et elle a déjà disparu.

J'arpente les rayons, farfouille sur tous les portants en quête d'une tenue susceptible de me plaire. Une tenue à la fois sobre et élégante sans pour autant devenir un phare au beau milieu de la nuit.

J'aperçois à certains moments Meg, à l'autre bout du magasin brandir de ses deux mains des vêtements pour me demander s'ils me plaisent. Tous mes refus l'agacent, mais ce n'est pas cela qui l'empêche de continuer.

Reprenant ma quête de la perle rare, je m'arrête subitement.

Tout à coup, une sensation désagréable devenue beaucoup trop familière m'envahit. Je lève le menton pour observer autour de moi. Meg est plongée dans un duel perpétuel entre deux robes, qu'elle positionne chacune à leur tour devant elle face au miroir. La vendeuse est derrière la caisse, sur de la comptabilité. Personne d'autre ne se trouve dans la boutique.

Une sensation chaude me brûle la nuque. Je frissonne en me retournant vers la vitrine. De l'autre côté de la rue se tient un jeune homme à peine un peu plus âgé. Il regarde à l'intérieur. Ses cheveux bruns sont coiffés de manière hirsute assombrissant son visage. La plupart de ses traits sont dissimulés derrière une épaisse mèche de cheveux. Il porte un jean noir et une veste en cuir.

Sa présence ne me rassure pas.

Je me dirige vers des portants plus hauts où il ne peut pas me voir.

Un courant d'air me fait frissonner. Mon sang ne fait qu'un tour. Or, il se glace totalement dans mes veines lorsqu'une lame menace de s'enfoncer dans mes côtes. Je reste figée, immobile, la gorge nouée.

— Viens avec moi sans faire de bruit sinon ta copine va y passer.

Une voix masculine résonne très proche de mon oreille.

Une peur morbide s'empare de mon être. Meg est bien trop occupée à choisir une robe pour me voir. La vendeuse, elle, est absorbée par son travail. Si elles s'aperçoivent que je suis en danger, cet inconnu les tuera. Il n'y a que moi. Personne ne peut me venir en aide.

J'inspire un peu plus fort, mais la lame s'enfonce davantage.

— Un seul mot et tu es morte.

Je déglutis difficilement, avec l'impression que mon cœur se décroche de ma poitrine.

Sans me laisser le choix, il m'entraîne vers la porte arrière de la boutique cachée sous des portants, que je pensais verrouillé. Une fois passé le seuil, il me pousse à travers la ruelle étroite et humide. Le couloir mène à la grande rue illuminée. Son couteau est toujours logé entre deux côtes.

— Qui êtes-vous ?

— Tais-toi et avance.

— Que me voulez-vous ?

Soudain une ombre tombe du ciel juste devant moi. L'homme qui était derrière la vitrine, se redresse sobrement. Des ailes d'un noir intense apparaissent derrière lui. Le sourire carnassier qu'il arbore me fait froid dans le dos.

— Tu devrais pourtant le savoir (son visage se rapproche du mien, avant de poursuivre à voix basse où pèse une montagne de tension). Hybride.

Mon cœur frôle l'arrêt complet. Une bouffée de chaleur commence à croître insidieusement au creux de mon torse, tandis que mes joues se réchauffent elles aussi. Comment est-il au courant ?