II✔️

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— Ce n'est pas vraiment le moment de discuter de ça, annonce-t-il d'un ton sec.


— Je crois que si, au contraire.


— Contente-toi d'appeler tes parents pour leur dire que tu dors chez des amis. Gavan fait la monter, ordonne-t-il.


Je le contemple droit dans les yeux, me rendant à l'évidence qu'il ne me révélera pas ce que j'en déduis être un lourd secret. Un éclat vif traverse ses yeux d'une fraction de seconde, si vite que je crois avoir rêvé. Je suis déstabilisée par toutes ces choses irrationnelles qui m'entourent et sans la moindre explication que l'on daigne me donner. En plus du fait que l'on me retienne captive dans cette somptueuse maison pour une affaire dont j'ignore également l'objet.



Gavan m'invite à le suivre, me détachant ainsi du regard de Klein beaucoup trop énigmatique. Le mystère qui plane sur leur famille et leur forte volonté à me maintenir à l'écart, décuple ma détermination à percer ces secrets.



Je monte l'escalier de verre puis traverse le long couloir avant d'arriver à ce dont je suppose être la chambre d'amis, et jusqu'à nouveau terme « ma chambre ». 


— Si tu as besoin de quoi que ce soit, fait moi signe, me dit-il d'un grand sourire amical.


Son teint mat fait parfaitement bien ressortir ses dents blanches. Il est le seul à faire en sorte à ce que je me sente à l'aise, comme s'il ignorait volontairement toute cette histoire pour ne pas m'inquiéter. Bien que, je le connais à peine, j'avais pu m'apercevoir qu'il est le plus chaleureux de ses frères et sœurs. Et ma rencontre avec Roxane, me donne incontestablement raison.


— Merci, réponds-je en lui envoyant un léger sourire.


Il s'apprête à partir, mais je le retiens.


— Tu ne pourrais pas me dire ce qu'ils me cachent tous ? Pourquoi je dois rester ici à cause de ce... Ezra ?


— Je suis désolée Blake, mais, ce n'est pas à moi de te répondre.


— Alors à qui dois-je m'adresser ?


Il affiche une moue embêtée comme s'il savait que la réponse allait me déplaire.


— À Klein.


Géniale ! La seule personne qui ne veut pas que je découvre la vérité est la seule à pouvoir me la fournir. 


— Il y a des chances qu'il me la dise ? dis-je en m'asseyant lourdement sur le lit baldaquin.


— Probablement aucune dans l'état où il est. Laisse monsieur « boule de nerf » se calmer un peu avant de lui redemander, ironise-t-il.


— C'est son humeur habituelle ?


Il s'assied à côté de moi sur le lit en souriant.


— Non bien sûr que non... d'habitude il est deux fois plus pire. Là encore il est dans ses beaux jours.


Je me surprends à rire.


— Il a du mal à gérer sa colère, ajoute Gavan.


— Pourtant au lycée en le voyant on ne le penserait pas.


— Disons qu'il se contrôle, à sa manière pour ne pas attirer l'attention. En se faisant discret on a moins de chance de se faire démasquer, m'explique-t-il alors que je commence à lever le voile sur mes innombrables questions.


Une autre intrigue effleure mon esprit avide de vérité.


— Pourquoi Roxane a dit que vous allez disparaître par ma faute ?


— Des personnes ne veulent pas que nous côtoyions les humains. Mais ne t'inquiète pas, ils n'en sauront rien, balaie-t-il d'un geste de main.


Sa sœur pensait sérieusement le contraire tout à l'heure. Or, Gavan n'a pas l'air de plus s'en soucier. Ou bien serait-il un voile ?


— Qui est Ezra ? tenté-je dans un espoir désespéré.



Gavan se tortille mal à l'aise.


— J'aimerais te répondre mais je ne peux pas.


Le contraire m'aurait étonné. Dès que mes questions effleurent cet individu volant plus personne n'existe pour répondre, comme s'il s'agissait d'un sujet tabou.


Consciente que toutes mes interrogations ne seront pas éclaircies dans l'immédiat, je soupire, laissant divaguer mon attention. Elle se laisse facilement captiver par un médaillon que Gavan a autour du cou.


— Il est joli, où tu l'as eu ?


Il attrape son pendentif symbolique d'une spirale longue en cuivre.


— Ce... ce sont des amis qui me l'ont offert. Ça fait longtemps que je ne les ai plus vu, se justifie-t-il.


Je pense avoir touché une corde sensible. Visiblement il n'y a pas que Klein qui a des secrets.


— Comment connais-tu mon prénom ? demandé-je perplexe.


Il me regarde avec attention arborant un sourire railleur.


— On a fait l'appel ce matin.


Je deviens paranoïaque ! Toute cette histoire m'a retourné le cerveau en un rien de temps. J'ai l'impression de voir le mal partout après être passée si près de la mort, dans la matinée. Néanmoins cela explique comment Klein a su mon prénom.


— Hé, tu n'as pas de la fièvre ?


Gavan porte sa main à mon front, ironique.


— Oula ! Ça surchauffe à l'intérieur ! (il pose son doigt sur ma tempe) Tu devrais dormir un peu sinon tu vas nous faire un stress post-traumatique.


Je n'aurais jamais cru qu'il avait un aussi grand sens de l'humour en le croisant dans les couloirs du lycée.


— Bon il est temps que je te laisse te reposer. Visiblement, tu en as grandement besoin !


Il se lève et se dirige vers la porte. Avant de la franchir il se retourne une dernière fois vers moi.


— Repose-toi bien, Blaky ! lance-t-il en un bref clin d'œil.


Il referme la porte et j'entends ses pas s'éloigner au fil des secondes.

🦋C É L E S T E 🦋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant