Sun Valley. Une ville attisant l'étrangeté et la curiosité.
Blake s'en rend compte le jour où elle devient la proie d'un dangereux ailé. Une espèce vivant dans l'ombre des humains, aux pouvoirs extraordinaires.
Trois jeunes de sa classe se révèlen...
Je lève les yeux au ciel sans prêter vraiment attention à sa remarque beaucoup trop affligée par ce qu'il vient de m'apprendre. J'ai l'impression que le monde autour de moi est en train de s'écrouler. Comme si l'espoir s'était enlisé un peu plus dans les ténèbres.
— Je n'y comprends plus rien...
Il se rapproche de moi.
— Ça ne va sûrement pas te réconforter mais... te jeter dans le vide n'était pas seulement pour m'assurer que tu ne dirais rien. C'était aussi pour voir si j'arrivais à briser ce lien entre nous.
Formidable ! Rajoutons à la liste tentative de meurtre. Je suis sûre qu'il se ferait un plaisir d'expliquer le motif aux policiers.
Je soupire d'un ton las me mettant de profil à Klein.
— Tu es en colère ?
— Je n'en sais rien (je m'interromps passant une main sur mon front). Je ne sais plus où j'en suis.
J'aurais voulu que ma voix soit plus forte pour ne pas qu'il se rende compte à quel point cela m'affecte. Mais elle défaille sur les derniers mots.
Tendrement, il me prend par les épaules et me retourne face à lui. Sa main rabat une mèche de cheveux derrière mon oreille, laissant s'attarder ses doigts sur ma joue, avant de les laisser retomber.
Mes prunelles balayent son visage avant de se concentrer sur ses yeux bleus miroitants. Il est si beau et si chaleureux en cet instant, que je viens à me demander comment parfois il parvient à se transformer en un véritable abruti. Il a l'air tellement sincère que je songe à ce que cette facette de lui puisse être sa véritable personnalité.
— Est-ce que tu voudrais que je meure ? finis-je par demander contre toute attente.
Il plisse les yeux, perplexe.
— Quoi ?
— Si tu essaies de te débarrasser du lien qui te lie à moi, il serait plus facile pour toi de me laisser mourir.
Il tique.
— Tu dis n'importe quoi (il retire sa main de mon épaule). De un, même si je le voulais je ne pourrais pas laisser faire une chose pareille à cause de ce lien, comme tu dis. Et de deux, je ne suis pas un monstre tel que tu as l'air de le penser, poursuit-il d'une voix rauque.
Tout est si confus dans mon esprit que j'en viens même à perdre le sens de la réalité. J'aimerais tellement effacer d'un claquement de doigts ce cauchemar dans lequel je suis prisonnière, pour me réveiller et aller embrasser mes parents. Comment réagiraient-ils s'ils apprenaient que leur fille est la proie d'un dangereux psychopathe volant ?
Je recule, fuyant son regard. Toute cette histoire m'a complètement changé. Je ne suis plus la même personne qu'il y a deux jours. Et je crains que cette personne-là, ne revienne jamais.
— Je... je suis désolée.
J'entends ses pas derrière moi me rejoindre, pour s'arrêter à mon niveau.
— Tu n'es pas seule. Il y a tout un groupe d'ailés aux pouvoirs puissants prêts à te protéger. Il ne t'arrivera rien.
Le silence revint s'installer entre nous, jusqu'à ce qu'il pousse un soupir de déchirement.
— Toutefois, dès qu'on aura réussi à mettre Ezra hors-jeu et que j'aurais trouvé le moyen de me libérer de toi, ne compte plus sur moi pour te protéger.
Sa voix relativement neutre et ferme à la fois, me retourne le cœur. Je ne pouvais pas non plus imaginer qu'il soit à mes services 24/24. C'est même normal qu'il me prépare à reprendre ma vie. Je suppose qu'après cette aventure nous ferions comme si rien ne s'était passé. Il ne peut pas constamment risquer sa vie pour sauver la mienne. Pourtant je ressens une grande tristesse m'envahir à l'efficacité d'un poison mortel. Peut-être avais-je espéré que nous puissions devenir amis. Cette pensée rapidement formulée est aussi vite rejetée. Comment pourrais-je être ami avec lui, alors que tout semble nous séparer, il n'y a absolument rien qui nous rassemble, si ce n'est ce mystérieux lien.
Je ravale mon chagrin plaquant sur mon visage une expression déterminée pour dernier rempart à ma déception.
— Je ne t'aurais pas demandé mieux.
Il se tourne vers moi et me dévisage d'une expression inattendue. J'y vois une lueur de surprise fuser dans ses yeux.
— Quand tout sera fini, je tiens à reprendre mon ancienne vie (son regard est empreint d'une certitude égale à la mienne). Ce n'est pas mon monde.
Ses iris intenses soutiennent les miennes durant plusieurs secondes. Il ne dit plus un mot.
Cette histoire est allée beaucoup trop loin, j'espère pouvoir bientôt me désentraver des liens qui me maintiennent prisonnière. Car entre une mort imminente et rester enfermé dans cette cage à oiseaux, aucune autre issue ne s'offre à moi.
Klein acquiesce tandis qu'il rebrousse chemin.
— Une fois que je serais libre, que feriez-vous ? demandé-je alors qu'il ouvre la porte.
— Toute dépend de comment tout ça finira, répond-il d'une voix sèche où pèse une montagne de tourments.
Les différentes perspectives qui me viennent à l'esprit ne sont, en aucun cas, réjouissantes.
La porte qui se ferme derrière lui, rompt le silence qui s'est installé. Ses pas s'éloignent de la pièce et je me retrouve de nouveau dans un mutisme qui fait écho à ma solitude et mon désespoir.
Les chances de m'en sortir indemne sont très minces. Je ne pourrais peut-être plus jamais retrouver mon ancienne vie...
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