🦋C É L E S T E 🦋

III✔️

Jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule, je réalise que deux boules de feu crépitantes me suivent à la trace. Une frayeur morbide s'empare de mon être, compressant ma poitrine tel un étau. Les projectiles gagnent du terrain à une vitesse alarmante. Un sifflement derrière mon dos, m'indique qu'elles sont toutes proches. Je me prépare à l'impact, quand soudain un corps puissant me renverse. J'atterris lourdement dans l'herbe, juste avant que les deux sifflements me passent au-dessus de la tête. L'esprit embrumé par le choc, je détecte quelque chose de lourd et de chaud sur moi, m'empêchant de faire le moindre mouvement. Battant des paupières, ma vision se rétablit pour croiser le regard de Klein.

— Tu peux essayer de ne pas te faire tuer pour une fois.

Son corps contre le mien me protège, tandis que ses ailes sont venues recouvrirent ma tête formant comme un bouclier. Son visage est tellement proche du mien, que je peux sentir son souffle caresser ma peau.

— Ferme ton bec ! C'est ce que j'essaie de faire figure-toi. Mais contrairement à d'autres, il y en a qui n'ont pas de pouvoirs ici.

— Détrompe-toi, tu en as bien un : celui de m'agacer.

Il empiète un peu plus dans mon espace vital.

— Tu comptes jouer longtemps avec mes nerfs ? Non parce qu'ils sont déjà à rude épreuve, là.

— Tu peux pas la mettre en veilleuse, juste deux secondes ?

— La mettre en veilleuse ? Un loup géant au tempérament de feu veut faire de moi son quatre-heures et tu veux que je la mette en veilleuse !

Il plaque soudainement sa main contre ma bouche. Je me fige. Mes yeux s'ancrent dans les siens, flamboyants de colère, tandis qu'il prend une grande inspiration.

— Je serais en train de t'étrangler s'il n'y avait pas ce foutu lien (il maîtrise sa colère d'une voix relativement stable). Alors tu vas me faire le plaisir de rester calme et de ne pas paniquer, sinon lien ou pas, je m'occupe de toi.

Je continue de le fixer, hébétée. La fermeté de ses paroles fait étrangement mourir les miennes dans ma gorge. Malgré la dureté de son ton, je perçois une once de protection vibrer dans sa voix.

J'esquisse un hochement de tête, puis il retire sa main d'un air satisfait.

— J'aurais commencé par là si j'avais su (un sourire mesquin se met à flotter sur ses lèvres).

— Ne t'emballe pas trop.

Lorsque mes yeux croisent de nouveau les siens, je constate qu'il me fixe ne me laissant aucune échappatoire. L'intensité de ses prunelles dévoile des émotions confuses, pour lesquelles je ne parviens pas à en décrypter le sens.

Le sol se met à trembler sur plusieurs secousses distinctes et régulières. Le silence s'installe entre nous, bientôt noyé par ses vibrations qui se ponctuent un peu plus à chaque seconde. Lorsque nous percutons, notre frayeur se retranscrit simultanément sur nos visages.

D'un battement d'ailes, Klein se relève avec l'habileté et la vitesse de celles d'un guerrier vengeur, paume tendue vers l'Alpha qui charge droit sur nous. Une déflagration sonique émane de sa main et propulse l'animal à l'opposé, percutant un arbre.

Me redressant pantelante, je fixe l'animal inconscient. Son pelage se soulève sous une faible respiration.

— Il ne lui faudra pas longtemps avant de se remettre sur pattes, alors vas-t'en.